Fyctia
4 : Sales pestes
Avec un départ aussi instantané que son arrivée, Rhina laisse Maeva seule avec son étonnement. Consciente de l’intrusion psychique de l’enchanteresse dans son esprit tout juste avant son départ, l’adolescente tente d’en comprendre la raison pendant qu’elle enfile à la hâte sa tenue d’apprentie.
En soi, elle n’est pas surprise par ce contact spirituel, connaissant les incroyables aptitudes de sa mère pour cette forme de magie ne nécessitant pas de faire appel à l’Ether. Toutefois, en tant qu’enseignante, celle-ci sait très bien qu’il est interdit de l’utiliser au sein de l’établissement, tout particulièrement pour les étudiantes qui ne peuvent l’étudier avant d’avoir maîtriser les quatre éléments de base.
Or, l’enchanteresse ayant rapidement constaté l’incapacité de sa protégée à contrôler l’Ether, elle a voulu lui prouver qu’il existait d’autres domaines dans lequel elle pouvait exceller et le spiritisme s’est avéré être une révélation de taille dans ce sens. En seulement quelques mois, à peine âgée de dix ans à cette époque, Maeva a compris les bases de cette magie très complexe et a su répondre sans difficulté aux intrusions psychiques de sa mentor, parvenant même à la surprendre à maintes occasions.
Évidemment, toutes ces expériences ont été faites dans le plus grand secret, sachant très bien que les Anciennes n’hésiteraient pas à punir non seulement l’étudiante, clairement à leur plus grand plaisir, mais aussi son enseignante.
Pour leur sécurité à toutes les deux, Rhina avait donc instauré il y a plusieurs années déjà que Maeva ne devait en aucun cas utiliser cette magie, même en privé.
« Pourquoi a-t-elle contrevenu à sa propre règle ? » pense l’adolescente, confuse alors qu’elle sort de son appartement.
Ses réflexions sont brusquement interrompues lorsque qu’on la bouscule alors qu’elle verrouille sa porte avec la clef tout juste sortie de sa poche.
Le cliquetis métallique de la clef tombant sur le sol est enterré par une voix nasillarde remplie de mépris.
— Comme c’est désolant de voir que l’empotée ne parvient même pas à lancer un vulgaire sort de verrouillage !
Faisant demi-tour pour affronter l’étudiante l’ayant bousculée, Maeva se retrouve face au quatuor qu’elle appelle secrètement les « sales pestes ». Dès son entrée dans le programme académique, ce groupe s’est donné pour mission de hanter chaque jour de son parcours, profitant de la moindre occasion pour la diminuer, la ridiculiser et l’accabler de violences morales et physiques.
Malheureusement pour elle, leur figure de proue, Sacha, s’avère être la fille chérie d’Esmea, l’une des enchanteresses les plus puissantes de l’académie et, d’après les rumeurs, une candidate au prestigieux poste d’Ancienne. Avec un tel appui, il va sans dire que Sacha est intouchable, même pour Rhina qui est consciente des misères que cette peste impose à sa fille adoptive.
Préférant adopter l’ignorance que de devoir subir de quelconques représailles, Maeva ignore la bousculade et se penche pour ramasser sa clef. Alors qu’elle approche sa main, une flamme vient soudainement lécher sa peau et une bourrasque ciblée envoie la clef à l’autre bout du corridor. Profitant de bons réflexes, l’adolescente retrouve rapidement sa posture et bondit rapidement avant d’être touchée par une projection dégoûtante de poussière et d’eau qui s’écrase mollement contre sa porte.
Prête pour la vague suivante d’attaques mesquines, Maeva se dresse devant les sales pestes, son regard mordoré ancré dans les leurs. Habituée depuis un moment déjà à leurs méfaits, elle étudie avec attention leurs expressions faciales, leurs postures et leurs gestes, cherchant les signes indiquant le moment précis où elles puiseront dans l’Ether pour lancer leurs sorts. Lorsqu’elle aperçoit ce bref sourcillement dans leur regard, la brève pause dans leur inspiration ou le mouvement subtil final de leurs doigts, elle réagit sans même devoir réfléchir, prononçant les quelques mots ou faisant les gestes précis permettant d’annuler chacun des sorts dirigés contre elle. En situation de combat, elle pourrait choisir de les retourner contre elles, mais cela ne ferait que lui attirer encore plus d’ennuis.
Certaine de faire face à une autre tentative, Maeva reste immobile et concentrée, mais une conversation au détour du corridor vient rapidement disperser le quatuor qui reprend son chemin.
— Ce n’est que partie remise, lance discrètement Sacha à l’oreille de Maeva.
Cette dernière reste silencieuse, se contentant de maudire intérieurement la compagne de classe qu’elle retrouvera malheureusement d’ici quelques minutes. Chassant les derniers picotements laissés par les flammes ayant léché sa main, elle part récupérer sa clef. En temps normal, le feu magique aurait pu causer de graves brûlures, mais heureusement, toutes les robes fournies par l’académie sont infusées d’une puissante protection capable d’absorber la plupart des sorts et dommages physiques, minimisant leurs effets sur leur propriétaire.
Malheureusement, le vêtement ne minimise en rien la douleur morale.
Un instant, Maeva songe à rompre sa promesse à Rhina d’assister au cours, désirant plus que tout éviter de devoir supporter la présence d’Esmea et Sacha pendant plusieurs heures. Ce n’est que lorsqu’elle se rappelle le sujet de la séance d’aujourd’hui qu’elle se convainc de persévérer.
En cette fin de parcours académique et l’approche des épreuves de passage, une nouvelle discipline a été introduite aux étudiantes pour les préparer à choisir une spécialité. Cette discipline, couvertes depuis seulement quelques semaines, consiste à lier leur esprit avec celui d’animaux variés afin de plier leurs actes à la volonté de l’enchanteresse. Théoriquement, cela doit les préparer à utiliser leur magie au combat et à coopérer de manière optimale avec les soldats. Or, habituées à travailler seules et à compétitionner entre elles, la plupart des étudiantes peinent encore à maîtriser la complexité de cette nouvelle forme de magie, donnant à Maeva un avantage net pour une fois.
Avec un peu de chance, peut-être que Sacha, voulant impressionner la galerie comme toujours, se fera griffer ou mieux mordre par la bête qu’elle tentera de contrôler. Cette simple idée fait sourire l’adolescente qui est soudainement plus motivée que jamais à aller en cours.
Dès son entrée dans la salle de classe, l’apprentie reste bouche bée. À l’avant de la grande pièce se trouve plusieurs bêtes : minuscules rongeurs, félins, canidés et oiseaux de proie. Toutefois, toutes les étudiantes ont le regard rivé sur une majestueuse créature aux plumes flamboyantes qui dégagent une lumière presque aveuglante.
Un phœnix.
Créature reconnue pour son incroyable résistance à toutes les formes de magie, rares sont les enchanteresses pouvant se vanter d’avoir apprivoiser l’une d’elles. Pourtant, l’animal se dresse fièrement devant le groupe, lissant calmement ses plumes de son formidable bec capable de traverser les plus puissantes protections.
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Oswine
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Cassiehope
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