Fyctia
Prologue
J+53 après l'enlèvement,
Une porte claqua, mais je ne réagis pas. Ou plus. Il est loin le temps où le moindre bruit me faisait sursauter. Je n’espérais plus être sauvée. L'espoir m'avait quittée.
Le pire était arrivé et j'étais lasse.
Lasse de me battre...
Lasse de croire pouvoir m'en tirer...
Lasse d'imaginer qu'on me recherchait ... et qu'on me retrouverait ...
Les premières semaines de mon arrivée ici, j'étais à l'affût de tout.
Parce que j'avais les yeux bandés, chaque son me semblait amplifié et résonnait dans ma tête de longues secondes. Privée de la vue, je restais de longues heures aux aguets, sur le qui-vive, essayant de distinguer et reconnaître les bruits qui m'entouraient.
Le son horripilant de gouttes clapotant sur le sol non loin de moi avait bien failli me rendre folle. Mais après le départ de mes premiers "visiteurs", il était devenu bizarrement apaisant. J'avais appris à calquer ma respiration et les battements effrénés de mon cœur au rythme du goutte à goutte. Et je m'étais convaincu que tant que je pouvais entendre ce son, cela signifiait que j'étais seule aux alentours, et donc en relative sécurité.
Au fur et à mesure des jours passants, j'avais compris à mes dépens que ce n'était pas bon pour moi d'entendre l'activité bourdonner à travers les murs de pierre de ma prison...
Puis j'avais appris à compartimenter ma peur, pour mieux appréhender ma douleur. Pour survivre le temps qu'il faudrait jusqu'à ce que l'on vienne me libérer.
J'avais attendu, longtemps.
Mais ma volonté s'était effritée au rythme des intrusions bestiales qui bouleversaient mes nuits.
J'avais cessé de me battre, cessé de me débattre.
Ils avaient gagné. Ils m'avaient brisée.
Des pas approchaient de moi. Une personne. Seule.
Il y a encore quelques temps, j'aurai été soulagé à l'instant même où j'aurai compris que c'était LUI, et qu'il était seul pour descendre les marches qui menaient à ma sordide prison.
Je préférais ses coups de pieds aux mains baladeuses des autres.
Je préférais les insultes qui sortaient de sa bouche aux crachats dont m'inondaient les salopards auprès de qui il me vendait...
Mais aujourd'hui, tout cela m’indifférait.
Allongée sur un matelas putride, la cheville droite menottée à une sorte de canalisation, j'avais cessé de compter les jours depuis qu'il m'avait enlevée.
Plus de cinquante, c'est certain.
Plus de cinquante longs jours à me faire battre et violenter durant plusieurs heures par ce monstre.
Plus de cinquante longues nuits à me faire violer par des dizaines de type à la fois, disposés debout en ronde autour de moi, me ceinturant et m'installant à leur bon vouloir, me pliant et me cassant sous leur rires salaces et vicieux.
Ce n'étaient jamais les mêmes qui venaient à chaque fois. J'avais constamment les yeux bandés depuis mon arrivée dans cette cave miteuse mais de cela, j'en étais certaine.
La seule présence constante, c'était celle de cette pourriture qui était en train de s'approcher de moi présentement, celle du monstre qui récoltait du pognon au début de chaque nouvelle tournante et qui ahanait comme un gros porc excité quand il venait me tabasser.
Je ne sais pas combien de temps s'était écoulé depuis la dernier session nocturne ...
Pour la première fois en quasiment deux mois, je me suis évanouie sous les assauts brutaux de mes violeurs. Lorsque je me suis réveillée il y a quelques heures, mon bandeau s'était envolé, j'étais couverte de sperme séché, une bande entourait mon crane, mon bras droit était immobilisé en écharpe, et une perfusion était piquée sur ma main gauche. Et surtout, le plus étonnant, je n'étais plus enchainée.
J'aimerai pouvoir dire que cela faisait une différence pour moi, et que je me sentis plus confiante à l'idée d'avoir cette nouvelle petite marche de manœuvre qui allait pouvoir m'aider à échapper à cet enfer. Mais j'étais bien trop faible pour tenter quoi que ce soit, attachée ou non.
Et il le savait bien.
J’entrouvris les yeux quand ses pieds buttèrent contre mon matelas. J'aurai pu faire semblant d'être endormie, mais encore une fois, pour quoi faire ? S'il était venu pour me brutaliser, je préférais voir le premier coup venir, et de toute façon, mon inconscience ne l'aurait pas empêché de se défouler sur moi.
Son apparence, que je découvris pour la première fois, ne me surprit pas. Mon bourreau était aussi immonde que son odeur le laissait supposer... Et il était en train de me fixer avec un sourire goguenard et vicelard peint sur son visage jaunâtre.
- On dirait que notre belle aux seins pigeonnants est réveillée... Tu m'as flanquée une sacrée frousse, tu sais, dit-il en me toisant du haut de son mètre quatre-vingt, le regard vitreux balayant mon corps dénudé. J'ai bien cru avoir perdu ma poule à la chatte d'or, ricana t'il en appuyant méchamment son pied sur mon entrejambe.
Devant mon absence de réaction, il s'enhardit en se pourléchant les lèvres.
- Je t'aime bien ainsi... immobile, sans chaîne et sans haine.
Avec un soupir d'envie, il se pencha en avant et soupesa mes seins dans chacune de ses mains, avant de pincer l'un de mes tétons d'une main et d'enserrer ma gorge de l'autre.
- J'ai bien envie de me payer une petite part du gâteau, pour une fois... , murmura t'il dans mon oreille avant de me lécher la joue.
- Et avant qu'il ne soit trop tard surtout !
Brusquement, il se redressa. Mais il ne lâcha pas sa prise autour de mon cou. Étourdie et étouffant à moitié sous sa poigne, je fus plaquée contre le mur, suspendue sur la pointe de mes orteils.
-Hélas, les affaires passent avant tout ! Et je viens de réaliser le coup du siècle grâce à ton petit cul savoureux...
Les yeux étincelant, il desserra très légèrement ses doigts et colla son front luisant de crasse au mien... Son pouce caressa mes lèvres gercées.
- Savoure tes dernières heures ici, chérie ! Demain à la même heure, je serai devenu millionnaire... Et toi, tu seras devenue tristement célèbre ! Mais d'ici là, les deux derniers mois qui viennent de s'écouler ne te paraîtront plus si terribles, crois-moi...
L'esprit embrumé et le souffle court, je ne compris pas de suite les mots qui suivirent...
Ce n'est que plusieurs minutes après son départ qu'ils prirent un sens. Et me saisirent d'effroi...
Quand une larme roula silencieusement sur ma joue, je compris que je m'étais trompée.
Non, je n'étais pas encore brisée. Je pouvais encore ressentir des émotions...
Mais cela n'avait pas d'importance...
Parce que dans 24h, je serai morte.
53 commentaires
mesdouceslectures
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Il y a 4 ans
Stéphanie. G
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Il y a 4 ans
Alexenrose
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Scarlett Owens
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Alexenrose
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Mélane Lor
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Scarlett Owens
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Mélane Lor
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Hilena
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Marie M DESSYLES
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Il y a 4 ans