Fyctia
Silver 2/3
"Cette insupportable colère qui étouffe le chagrin au point que le souvenir de l’être aimé n’est plus qu’un poison dans tes veines, et un jour tu te surprend à souhaiter que la personne aimée n’aie jamais existé pour être libéré de ta peine.
Batman begins - 2005"
Puis elle nous plante là, la mention de la ville me hérisse le poil, et sans vraiment regarder Jackson dans les yeux, je l’invite à m’emboîter le pas.
J’hère complètement perdue dans mes pensées, mes souvenant de mes derniers instants dans cette ville. Je marche mécaniquement, totalement ailleurs.
J’agis telle une automate obnubilée par les réminiscences qui se matérialisent dans mon esprit. Je m’assois dans la voiturette, toujours déconnectée.
Je pousse un hurlement lorsque Jackson pose sa main sur ma cuisse et que son visage se dessine devant mes yeux.
-Sil ça va ? Tu m’entends ? me questionne-t-il une légère inquiétude perçant dans sa voix.
Je fronce les sourcils, secoue la tête afin de chasser l’île de Manhattan de mon esprit et tente de me composer un masque d’assurance quand je me concentre enfin sur Jackson.
-Oui, ça va.
- Ça fait cinq minutes que je te parle et que tu ne me décroches pas un mot.
-Tu préfères que je t’envoie bouler ? demandé-je sarcastique, cherchant à faire dévier la conversation.
-Oui ! Au moins, tu me parles, retorque-t-il du tac au tac avant de se mordre la lèvre.
Je souffle plus pour moi-même, que d'agacement envers sa personne.
-Désolée, tu me disais quelque chose ?
-Je te demandais comment tu allais vraiment, Silver.
Je reporte mon attention sur la nuque de l'homme qui conduit la golf car, et tente de faire abstraction de la main de Jackson toujours posée sur ma cuisse. J’essaie de faire taire mon idiot de cœur qui s'emballe en entendant le ton inquiet de mon ex.
-Je…Oui, c'est juste que j'ai peu dormi, la fatigue, voilà tout.
Il me fixe de ses billes noisette, je sais qu'il cherche à savoir si je mens ou non.
-Je sais que nous ne sommes plus proches, mais je le vois bien que quelque chose te ronge. Si c'est ma présence qui te pèse, sache que j'essaie de me faire le plus petit possible.
Le fait qu'il pense être seul responsable de moi mal être m'agace.
J'essaie tant bien que mal depuis deux ans de l'oublier et monsieur, croit, que je ne pense qu'à lui. D'un côté, c’est l'exacte vérité.
D'un autre point de vue, sa remarque reste touchante. Il tente de se faire petit. J'en ai conscience, et même si ça me coute, j’apprécie les efforts.
Je vide l'air de mes poumons, puis je tente l'honnêteté, du moins un semblant de vérité.
-Je n'ai pas envie de retourner à New York, chuchoté-je en fixant les hangars des différents studios qui défilent.
- À cause de tes parents ? hasarde-t-il en lorgnant sur mon profil.
Comment verbaliser, et d'autant plus avec lui, mon aversion pour cette ville qui par le passé était mon chez moi, mon refuge, l'endroit où je me sentais en sécurité. La ville qui avant comptait pour moi, où était rattaché mes plus beaux souvenirs.
Jackson m'a rayé de sa vie, et il ne sait pas tout ce que cela a impliqué. Il y a deux ans, il n'a pas daigné me rappeler, ni voulu savoir quoi que ce soit.
Je serre les dents.
-Oui entre autres. Mais peu importe. Laisse tomber Jackson !
- Ça semble au contraire important.
Je le regarde dans les yeux, hésitante sur l'attitude à avoir. Je brûle de lui dire d'aller se faire cuire le cul, et d'un autre m'épancher, comme par le passé.
-On est arrivé, lâche l'homme derrière son volant.
Nous le remercions, puis en quittant le véhicule je remarque que Jackson attend toujours que je me confie.
-N'insiste pas. Jack… S'il te plaît, demandé je, d’un ton suppliant qui me donne envie de me coller une baigne.
Puis, sans son assentiment, je tourne les talons pour rejoindre l'équipe en charge des sons.
Notre consultant me suit sans émettre le moindre bruit. Je déambule dans les couloirs à la recherche des ingénieurs.
J'avise enfin du panneau sur la porte ‘Boggs production'. Je donne deux coups sur la porte, puis attends que l'on nous invite à entrer. Dans la pièce, se trouve quatre hommes qui nous saluent distraitement.
Ils ne prennent pas le temps de se présenter, parfois les ingénieurs sont trop dans leur monde, on dirait qu’ils ne sont plus connectés à la réalité. Je ne m’en formalise pas, je sais que ce n’est pas contre nous.
On nous désigne deux fauteuils et des casques audio puis l'homme derrière la platine aux multiples boutons enclenche une scène du film.
0 commentaire