Jane--Ice Et que tout se consume Silver 1/3

Silver 1/3

"- Tu dors ?

- Officiellement oui.

- Les rumeurs disent que tu fais semblant.

- Oui j’ai vu ça dans Paris Match. Juste des ragots.

- Je vais dormir un peu.

Jeux d'enfants - 2003"



Avril 2002


- Ok, donc si je comprends bien, il est beau, drôle, bon au lit, attentionné, gentil et le fantasme sur pattes de pas mal de filles. C’est ça que tu es en train de me dire ? énumère Andy, tout en descendant un autre verre de vin.

Je hoche la tête pour réponse et prends, moi aussi une gorgée, espérant faire disparaitre le nœud dans ma gorge.

-Je pige encore moins Sil, s’il était si parfait, pourquoi ça a capoté ?

-Tu m’as demandé de te raconter comment tout a commencé, pas quand ça a merdé, dis-je en haussant les épaules.

-Je veux savoir, raconte-moi la suite, supplie Andy.

-Tu m’as prise pour Shéhérazade ?


Mon ami s’esclaffe, puis me demande à nouveau de lui donner des détails.

- Andy, il est deux heures du matin, on vient de s’enfiler deux bouteilles de vin, je te rappelle que demain, on bosse. Je te raconterai plus tard. Là, j’aimerais juste dormir.


Il consulte sa montre puis tire sur un plaid posé à côté du canapé, er se drape dedans.

-Tu nous trouves un épisode des experts qu’on s’endorme devant ?

Je prends à mon tour une couverture, et appuie sur la zapette afin d’accéder à sa demande.

Au bout de quelques recherches, nous tombons sur ce que nous cherchons.


La fatigue, liée à l’alcool me rendent cotonneuse, je ne bois jamais plus d’un verre, les soirées arrosées sont loin derrière moi. Dans mon milieu j’ai appris à jouer à merveille l’ébriété, les gens ne sont pas à l’aise face à quelqu’un de sobre. Je suis une experte dans le faux sirotage. Mais ce soir est une exception. Comme se replonger dans ma vie d’avant.

Andy garde le silence depuis plusieurs minutes et je crois qu’il s’est enfin assoupi.

Dans la pénombre de l’appartement, seulement éclairé par la lueur de la télévision, la voix de mon ami bien qu’un peu ensommeillée s’éleve doucement.

-Tu l’aimes toujours.

Une boule se reforme instantanément dans ma gorge.

Mon cœur a été piétiné, réduit à néant, je doute de ressentir quoi que ce soit pour quiconque désormais. Pourtant, il a suffi de son retour dans ma vie pour que mon organe que je croyais mort depuis deux ans se relance. Et le moins, que l’on puisse dire, c’est foutrement douloureux.

Mais de là à dire que je l’aime toujours… Quoi qu’il arrive, ça ne pourra pas changer le passé.


-Non, murmuré-je tardivement.

-Ce n’était pas une question Silver, lâche Andy avant d’émettre un bâillement sonore.

Je préfère me taire, quoi lui rétorquer de toute manière.

Au bout d’un long moment, sa respiration se modifie et je sais qu’il dort.

Quant à moi, la nuit blanche me tend les bras.

Me remémorer nos premiers instants, nos premières fois avec Jackson, m’a retournée plus que je ne voudrais l’admettre, et les dernières phrases de mon ami endormi semblent avoir créé des brèches en moi. Venant allonger la longue liste que j’ai déjà. Nuit d’anniversaire pourrie. Et Bon anniversaire ma vieille.




Comme il fallait s’y attendre, Morphée ne m’a pas étreint cette nuit, lorsqu’il est l’heure de se lever, je secoue Andy puis pars en direction de la cafetière.

Si les autres jours la caféine est une nécessité, là aujourd’hui, il est vital que j’en absorbe.

Enfin, si les gens que je croise, comptent rester en vie.

J’espère ne pas devoir parler trop souvent à Hilary pendant cette journée, sinon je jure qu’elle va manger son chignon.

-Sil ça va ? demande Andy me sortant de mon plan de vendetta.

-Oui pourquoi ?

- On a l’impression que tu comptes tuer quelqu’un, je dois me planquer ?

-Ma première victime sera Hilary ne t’en fais pas, tu as une immunité… Enfin pour l’instant, ajouté-je sur un ton énigmatique.

-T’es vraiment flippante ma vieille.




La journée est une torture, en temps normal, la proximité des autres, me semble déjà compliquée mais là mon absence de sommeil rend ma patience proche du néant. Peut-être suis je même en négatif allons savoir.

Tous les gens présents semblent stressés, Larry, commence à mettre la pression plus qu’à l’accoutumée, je dirais.

Boggs, en plus de remanier tout le scénario, a apparemment raccourci les délais.

Toujours la même rengaine sur ses films.


La choucroute blonde d’Hilary se retrouve par malheur dans mon champ de vision.

Je m’imagine une cible à son effigie où j’y plante des objets tranchants et ma tension se calme quelque peu.

Mais le timbre de sa voix nasillarde me hérisse le poil à l’instant où elle ouvre la bouche.

-Ah monsieur le pompier, ça va ? demande-t-elle en minaudant auprès de Jackson, que je n’avais même pas remarqué à quelques pas de moi.

-Bien Hilary et vous ?

- Oh, mais tu peux me tutoyer, voyons, le cinéma c’est une grande et belle famille.

Je réprime mon envie de lui vomir mes tripes sur ses talons hauts, et tente de me concentrer sur autre chose que son horripilante personne.

Pourquoi doit-elle pavaner devant Jackson alors que je me trouve à proximité ? Foutu Karma de mer…

Mon insulte mentale tourne court quand la blondasse s’adresse à moi.


-Oula Silver, tu as fait des folies de ton corps cette nuit ? Tu as vraiment une petite mine, achève-t-elle avec un sourire hypocrite.

Je vais définitivement lui faire bouffer sa tignasse.

Je me contente de l’observer avec mon faciès digne d’une tueuse en série, en attendant que soit elle sorte de mon espace personnel, soit qu’elle me tienne informée de ce qu’elle veut vraiment.


Elle perd de sa superbe, nous observe alternativement avec Jack avant de nous annoncer d’une voix mal assurée.

-Larry souhaiterait que vous vous rendiez au studio 11 afin d’écouter les audios et les bruitages de certaines scènes.

Je fronce les sourcils, de plus en plus perdue.

-On est loin d’en être à cette étape du film, contré-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

-Je ne suis que la messagère, Larry veut être sûr que c’est crédible, il veut que ce soit fait avant New York. Une voiturette vous attend dehors.


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