Fyctia
Silver 1/3
"Aussi mort que la cassette VHS.
The Spirit - 2008"
Janvier 1997
Le reste de cette semaine se déroule ainsi, Jackson proposant diverses activités, multipliant les invitations afin de nous voir.
Tous ces moments passés en sa compagnie, me font oublier mon angoisse quant à ma prochaine affectation tout en reléguant au second plan mes craintes liées à mes parents.
Se défaire de l’envie de leur plaire reste plus compliquée que je ne l’aurai cru.
Je me répète que lorsque j’aurai commencé ma mission, j’oublierai ces moments de doute, et que tout prendrait son sens.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir l’endroit où Jackson vit, la plupart du temps nous nous retrouvons chez moi lorsque nous ne sommes pas en balade.
Le temps en sa compagnie semble filer à toute allure, et pourtant, j’ai la sensation de le connaître depuis bien plus longtemps que ces quelques petits jours.
Nous sommes samedi et seulement deux jours me séparent de ma prise de poste et mon stress grimpe en flèche.
Mon téléphone sonne, je me dirige vers le mur de l’entrée où il se trouve accroché et réponds. Jackson !
Un sourire de godiche gagne mes traits, cependant au ton de ma voix, il remarque que quelque chose cloche, et me propose de passer, je donne mon accord puis raccroche.
Il sonne, une poignée d’heures plus tard, avec en main des sacs provenant d’un traiteur asiatique, une bouteille de vin et une autre poche contenant des k7 du loueur de vidéo.
Je tente de camoufler mon sourire, touchée par les efforts déployés pour me remonter le moral.
Je l’invite à rentrer tout en le débarrassant des plats de nourriture.
-Tu as vu que bientôt, les films seront sur des espèces de disques ? me demande-t-il vraiment ébahi par cette nouvelle.
- Oui, enfin, ils commencent à peine à recevoir dans les magasins d’hi-fi les lecteurs pour, donc, avant qu’on soit tous équipés.
Il continue de s’extasier un moment sur cette prouesse technique, je ne le côtoie que depuis peu et j’ai bien senti que la technologie et lui ne font apparemment pas bon ménage.
Hier encore, lorsque je lui ai demandé s’il possédait un mobile, il m’a observé avec des yeux comme des soucoupes.
Pour ma part je possède le Startac de Motorola, quand j’ai mentionné cette spécificité, son expression s’est figée et j’ai eu l’impression qu’il faisait une mini attaque. Par conséquent je le laisse tranquille avec la téléphonie et autres appareils électronique.
Je farfouille dans les vhs portées par Jackson, ‘speed ‘, ‘ forest gump’ et ‘entretient avec un vampire’. Très bon choix.
Le deuxième, qui au demeurant est un magnifique film, qui me fera verser à coup sûr des larmes, et vu mon état actuel, je ne préfère pas exacerber ma sensibilité.
Le dernier compte de grands acteurs, malheureusement un peu long à mon goût.
Ne reste que le premier avec Keanu Reeves et Sandra Bullock, j’exhibe la k7 devant Jack qui hausse les épaules, et me fait une moue qui signifie clairement que cela lui est égal.
-C’est toi qui choisis, j’en ai vu aucun, c’est le type de la location, qui m’a conseillé ces trois-là.
Qu’est ce que je disais, je souris et me dirige vers la télévision afin de lancer la vidéo.
Ensuite, je dispose les différents plats du traiteur dans des assiettes et porte le tout sur la table basse, nous nous installons sur le sofa.
Nos yeux restent rivés sur l’écran, regardant l’évolution du héros du Swat qui porte lui aussi le prénom ‘Jack’.
Mais l’homme assit à mes côtés, semble se crisper au fil des minutes, et mon intuition me dit que cela n’a rien à voir avec la course folle du bus et des difficultés rencontrés par les acteurs à l’écran.
Lorsque la scène finale avec le baiser arrive, Jackson gigote sur le sofa.
-Tu n’as pas aimé ? demandé-je en appuyant sur le bouton afin de rembobiner la cassette.
Il n’y a rien de plus désagréable que de louer un film et que le précédent client ne l’a pas rembobiné.
-C’était…Euh… Invraisemblable, lâche-t-il finalement après quelques hésitations.
Je pars d’un rire franc.
Puis j’embarque les assiettes jusqu’à l’évier de la cuisine afin de tout nettoyer.
L’eau n’a même pas le temps de chauffer que Jackson se positionne derrière moi et m’enserre la taille, me faisant sursauter.
Le contact autant que la soudaineté de celui-ci m’ont prise de cours.
Je lâche l’assiette que j’ai à peine nettoyée dans le bac, qui ne se brise pas, par un heureux miracle.
Je bascule contre lui allant chercher davantage son contact. Si j’avais pu me fondre en lui, je l’aurais fait.
Cette semaine bien que magnifique et agréable ou nous avons appris à nous connaître me laisse sur ma faim sans mauvais jeux de mots. Je le désire et je sais qu’il en est de même pour lui. Cependant, depuis l’épisode de notre première fois arrosée de vomi, il limite nos contacts.
Il m’étreint de temps à autre, caresse mes doigts lorsque nous mangeons. Il lui arrive aussi de jouer distraitement avec mes cheveux quand en extérieur ces derniers volent au gré des bourrasques.
Nous avons échangé des baisers plus ou moins langoureux. Pourtant, rien n’est allé au-delà. Je me rassure en me disant que je lui plais réellement. Qu’il ne m’a pas abordé que pour mon physique.
Mais merde, j’ai vraiment envie de redécouvrir son corps, et même si cette première fois restera un moment que nous n’oublierons pas pour le côté comique de la chose. Je souhaite un moment entre lui et moi ou nous serons en pleine possession de nos moyens.
Il serait dommage de gâcher un tel corps que le sien, en se cantonnant à une relation platonique.
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