Fyctia
Silver 2/2
"Wawww ! Ça fait comme des pizzas quatre-chaussures !
La tour Montparnasse Infernale - 2001"
Il tourne sur lui-même se frottant les yeux, et marmonnant des jurons.
Puis il cesse de gesticuler et son regard se porte derrière moi, ses yeux se concentrent sur un point et il blêmi davantage.
-C’est l’heure, là ? me demande-t-il plus pour la forme en pointant son doigt vers le micro onde.
Je vérifie l’heure entre l’appareil et ma montre et confirme d’un hochement de tête.
-Bordel, jure-t-il une fois de plus. Bandit va m’attendre, se désole-t-il.
Je garde le silence.
-Je suis désolé pour hier, et de devoir partir, ça fait vraiment le mec qui n'assume pas.
Effectivement, son comportement tend plus vers cette déduction.
-Je suppose que tu n’as pas envie de me revoir après ça, commence-t-il en bougeant les bras évasivement.
-Jusqu’à ce que tu ouvres la bouche il y a vingt minutes, j’étais heureuse de ma soirée de la veille !.
Jackson m’observe les yeux ronds.
-Euh, et bien… C’est inattendu… Je… Tu es libre ce soir ? balbutie-t-il.
-Tu me proposes un rendez-vous ?
-Je te propose un rencard, au programme des excuses, pas de tequila et pas de vomi, assure-t-il en levant une main et en apposant l’autre sur le cœur.
Je lui offre un demi-sourire, consciente qu’il fait un pas dans ma direction.
-Je suis libre ce soir, et ce, jusqu’à la fin de la semaine, je commence à bosser lundi.
-Je passe te prendre à 20 h 00 ?
Je hoche la tête pour donner mon assentiment.
Puis après un habillage rapide, ce qui d’ailleurs me fascine, même encore en état second, il parvient à se vêtir en moins d’une minute, il me fait un signe mal à l’aise puis s’éclipse retrouver son chien.
Jack me plait, c’est l’évidence même, sa réaction au réveil, certes m’a refroidi, mais je verrai bien ce que cette soirée va me réserver.
C’est assez étrange de se dire que nous avons un rendez-vous comme si nous étions des inconnus, alors que la veille au soir… Je râle intérieurement, je ne peux pas vraiment qualifier notre prestation d’hier de première fois, si j’avais vu qu’il se trouvait dans cet état avancé d’ébriété, je n’aurais pas suggéré de nous retrouver dans ma chambre.
Il semblait certes un peu en retrait, mais j’avais mis ça sur le compte du stress, j’ai l’impression d’avoir profité de lui, et le malaise me gagne d’heure en heure.
Je me prépare tout de même, cherchant la tenue qui pourrait lui plaire… Ridicule. Je dois me sentir bien en priorité, et puis je lui ai plu dans ce parc, tout échevelée et transpirante donc après tout.
Je patiente sur mon canapé, prête, et pas certaine que Jackson viendra vraiment. J’avise de l’heure, il a cinq minutes de retard, pas grand-chose me direz-vous, mais la perspective qu’il pourrai se débiner à l’instar de ce matin, me terrifie.
Le bruit caractéristique de l’interphone résonne dans l’appartement, et mon cœur fait une embardée.
J’appuie sur le bouton d’ouverture sur le boîtier mural, et déverrouille ma porte d’entrée.
Je vois Jackson grimper la cage d’escalier de mon petit immeuble.
Il arrive sur le palier en soufflant et en m’offrant un regard contrit.
-Salut, j’ai apparemment surestimé mon sens de l’orientation, désolé pour le retard.
Puis il sort de derrière son dos un bouquet de fleurs.
-Je ne savais pas si tu aimais ça, ce sont des camélias.
Son tempo de mitraillette m’indique qu’il est angoissé, je souris de son attention et lui dépose un baiser sur la joue.
Il demeure un instant interdit, puis affiche une moue gênée.
-Merci, dis-je en avançant dans mon appartement afin de mettre les fleurs dans de l’eau.
Mon aménagement étant plus que récent et ne m’attendant pas à recevoir des fleurs, je ne possède pas de vase, j’attrape un pichet qui conviendra parfaitement et le rempli d’eau avant d’y glisser les fleurs d’un rouge soutenu.
-Si j’ai bien compris, tu n’es pas là depuis longtemps, donc si tu veux bien, je serais ton guide pour la soirée. Prête ?
J’enfile mon manteau, attrape mon sac tout en embrayant le pas à Jackson.
Une fois dans la rue il m’ouvre la portière d’une Honda grise, puis fait le tour afin de s’asseoir derrière le volant.
Il règne une douce chaleur dans l’habitacle, Jackson a poussé le chauffage à fond, j’ôte mon manteau, et profite de la balade.
Mon guide de la soirée me montre les différents quartiers de Newark, les coins à la mode du moment, les endroits à éviter. J’ai même droit à des petites anecdotes sur Whitney Houston, née à Newark et qui a débuté sa carrière en chantant dans l’église devant laquelle nous sommes en train de passer.
Non loin de là se trouve le musée des arts ainsi qu’une immense salle de spectacle.
Puis Jackson profite du feu rouge pour se tourner vers moi.
-Je te propose d’aller manger quelque chose maintenant, je n’ai pas fait très original, j’ai joué la sécurité. Italien, tu aimes ?
-Qui n’aime pas les pizzas ?
Il sourit satisfait de ma remarque et reporte son attention sur la circulation.
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