Fyctia

"Tu es le Valentin le plus extraordinaire que j’ai jamais eu.

Valentine’s Day - 2010"

Janvier 1997

J’ai réservé dans un restaurant italien afin de présenter mes excuses en bonne et due forme à Silver.

La serveuse nous conduit à notre table et s’éclipse.

Nous nous débarrassons de nos couches pour supporter le froid glacial et nous prenons place.

Silver a opté pour un jean et un pull noir cintré qui rendent justice à ses courbes gracieuses, j’ai quant à moi joué aussi la sobriété, je porte tout comme elle un jean, en haut une chemise sombre et un t-shirt clair en dessous. Je fais partie de la catégorie des personnes qui choisisse leur vêtement dans le seul but de se vêtir, je ne possède pas vraiment de style défini, je passe bien trop de temps en uniforme pour que le reste de ma garde-robe soit une préoccupation importante.

Le lieu quant à lui, ressemble à n’importe quel autre restaurant italien, des nappes à carreaux, des sempiternels tableaux du Vésuve, du Colisée et de la tour de pise. Des bouteilles d’huile pimentée trônent avec les salières et poivrières. Et de la décoration aux couleurs du drapeau tricolore.

-Je tenais à m’excuser, commencé-je.

Voyant que Silver n’ouvre pas la bouche, je poursuis.

-Ce n’était pas très viril ni glorieux d’être torché à ce point. Du coup, cette première fois n’est pas un franc succès.

-Je ne vois pas en quoi ce que tu énonces nécessite des excuses, me rétorque-t-elle le visage fermé.

-Moi vomissant partout et une première fois chaotique nécessitent des excuses.

-Je ne suis toujours pas d’accord. Tu as trop bu, tu as été malade, ce n’est pas agréable, mais tu n’as pas à t’en excuser. Et une première fois, au même titre qu’une quinzième, ratée comme tu le dis, ne nécessite pas d’excuse.

-Tu prends ça très bien, répliqué-je, un peu étonné de ses réponses.

-Et toi tu t’attaches à des choses dont tu ne devrais pas, me lance-t-elle. Nous sommes humains et on a beau faire une chose des centaines de fois le résultat ne sera pas toujours identique. Je ne sais pas qui met ça dans la tête des gens mais toutes les baises ne sont pas géniales, c’est comme ça.

La serveuse arrive à ce moment-là, captant la fin de notre conversation, elle opère un demi-tour et se retranche derrière son comptoir.

Silver s’en amuse et poursuit.

-C’est moi qui suis désolée, j’ai l’impression d’avoir abusé de toi. Tu ne te souviens de rien et tu étais dans un état second, je n’aurais pas dû continuer.

-Tu ne m’as pas forcé du tout, je n’aurais pas dû abuser de la tequila.

-Tu n’étais pas à l’aise, j’ai cru qu’un peu d’alcool te détendrait, avoue-t-elle.

-Je ne supporte visiblement pas les grandes doses de courage liquide ! ma plaisanterie tombe à plat et le visage de Silver se fait plus dur et ses yeux s’étrécissent.

Je n’ose plus parler, ne sachant pas ce qui l’a vexé.

La tension ne redescendant toujours pas, et ne voulant pas tout foirer à nouveau, je questionne d’une voix mal assurée.

-J’ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?

-Du courage liquide ? demande-t-elle une pointe d’acidité dans la voix

J’opine du chef un peu perdu qu’elle reprenne ma phrase sur ce ton.

-Il te faut du courage pour coucher avec moi ?

Je pars dans un grand éclat de rire qui nous vaut l’attention du reste de la salle, mais je m’en fous royalement.

Une fois mon hilarité calmée , j’observe la jolie brune en face de moi , un sourire conquit sur les lèvres.

-Oh, si tu savais, je me suis fait violence dans ce bar pour ne pas te demander de me suivre aux toilettes tellement je ne rêvais que de te prendre sur-le-champ. Donc oui du courage liquide, car je voulais être à la hauteur, te satisfaire, que tu passes une des meilleures nuits de ta vie, sans me vanter.

J’ai obtenu l’effet inverse de ce que je désirais. Donc, non Silver, je n’ai pas besoin de courage liquide pour te faire l’amour, mais plutôt pour avoir l’illusion d’être à hauteur et tenter le coup.

Ma justification a le mérite de lui clouer le bec, un petit instant.

-J’ai cru ce matin que tu regrettais ce qu’il s’était passé, que je ne te plaisais pas tant que ça, m’apprend- t-elle peinée.

- Oui, je regrette de ne pas me souvenir de la partie de la soirée dans ton appartement. Que tout se soit passé de cette façon. Je flippe que tu ne veuilles plus me revoir.

-Je suis là, il me semble, souffle-t-elle d’une voix plus douce. Et je ne regrette pas, je trouve que c’est plutôt ce genre d’anecdotes et de moments comme ceux-là, qui font les bases de belles relations.

Je souris comme un con, je sens les coins de ma bouche se relever sans que je ne puisse les refréner. Ni elle ni moi, n’avons parlé d’une relation ou de quelque chose allant au-delà de la soirée. Et pourtant, dans son esprit comme dans le mien, cela semble être l’évidence que nous allons poursuivre une partie de notre chemin ensemble. Tout semble limpide et facile avec elle, et pourtant compliqué à la fois.

-Tu es vachement intimidante comme fille, tu le sais ? lui demandé-je, toujours mon sourire de crétin plaqué sur ma bouche.

-Moi ? Je ne dépasse pas le mètre cinquante-cinq, je te signale, argue-t-elle décontenancée.

-Pas dans ce sens-là, tu sembles si sûre de toi et à l’aise, que je…, comment lui exprimer les diverses sensations que je ressens.

-Je préfère que tu me parles, plutôt que tu te sentes obligé de descendre la bouteille de tequila, avant de me toucher.

-Voilà c’est typiquement ce que je disais.

-Je ne suis pas sûre de moi, Jackson, je t’ai avoué, il y a deux secondes que je craignais ne pas te plaire tant que ça. Je n’ai pas confiance en moi plus que la moyenne, je suis juste certaine de ce que je ressens et ce que je veux. Mais parfois je me plante.