Fyctia

"- Il a parlé ?

- Non il a vomi.

Tais toi ! - 2003"

Je prends sa remarque en bon joueur tandis que je pousse nonchalamment mon verre dans sa direction. Sans me quitter des yeux, elle s’empare de la bouteille puis étend la main vers mon verre tout en me frôlant les doigts.

Ce petit moment entre nous, permet de me détendre.

Je porte à mes lèvres cette seconde tournée, sans rompre notre contact visuel, la jolie brune perd un peu de sa superbe, mais se reprend vite.

Elle affiche à nouveau son masque d’assurance et m’imite en dégustant une autre rasade.

Notre intermède visuel et silencieux, ne fait qu’accentuer mon envie.

Il y ‘a quelque chose de très sensuel dans sa façon de servir, nous nous observons comme deux adversaires qui se jaugent avant un combat.

Et la suite du programme pourrait se rapprocher de cette activité.

Reste à savoir quelle intensité nous allons lui donner.

Ma langue se fait pâteuse, je demande tant bien que mal.

-C’est quel genre de tequila ?

-C’est une tequila qui est conservée dans des futs en chênes pendant au moins un an, elle est plus sophistiquée que la tequila classique. Et comme elle, mature pendant un certain temps, elle est vieillie. On appelle ça de la Tequila añejo, m’apprends la jeune femme.

Je ne sais pas si le ton professoral ou son accent espagnol qui me mettent dans cet état, mais n’y tenant plus je pose mon verre avec empressement sur la table basse et l’embrasse à nouveau.

Ses lèvres conservent le goût que la boisson, si elle semble surprise de mon assaut elle n’en montre rien et accueille mon baiser avec entrain, elle s’enfonce davantage dans les coussins du canapé afin de me faciliter l’accès à son corps.

Si elle est petite, moi en revanche ma grande carcasse ne passe pas vraiment en position horizontale sur son sofa.

Nos mouvements restent restreints sur l’assise et nous sommes surtout désormais bien imbibés par l’alcool.

Sans se défaire de mon étreinte, la jolie brune se redresse, et m’invite à la suivre. Une porte close se trouve dans le salon, tout en reculant elle pousse le battant qui laisse la vue libre sur son lit.

J’observe avec attention le visage de Silver, ses lèvres pleines sont gonflées par nos baisers, ses cheveux si longs et lisses se trouvent désormais emmêlés, ses joues arborent une teinte rosée. D’alcool, de désir un mélange des deux ?

Toujours est-il que je me concentre essentiellement sur ses yeux, ses émotions se reflètent dans ses pupilles noisette et je souhaite être sûr qu’elle a vraiment envie.

Ce que j’y lis me rassure, ses billes s’accrochent aux miennes et tout en me tirant par le bras elle m'invite à poursuivre notre activité dans la chambre.

L’empressement de se découvrir et la tequila rendent nos mouvements un peu gauches.

La tête commence à me tourner et j’ai l’impression que les murs de la chambre tournoient.

Je tente de concentrer plutôt sur Silver et entreprends de lui retirer quelques vêtements.

Forcé de constater que je ne contrôle plus vraiment mes mains, je me laisse faire et bascule sur le lit.

Le reste de nos vêtements atterrit tant bien que mal à côté du lit. Je ne sais pas vraiment qui d’elle ou de moi est parvenu à enlever toutes les couches de tissus.

Ma vision s’obscurcit, comme sur le focus des appareils photo lorsque l’on bouge trop les objectifs.

Mon cerveau doit vraiment être embué par l’alcool pour faire ce genre de comparaisons au lieu de profiter de la vue dont je joui désormais.

Silver se positionne au-dessus de moi seulement enveloppée de ses sous-vêtements d’un bleu profond.

Ma partenaire se montre moins imbibée et davantage maîtresse de son corps, maladroitement, je tente de lui ôter son soutien-gorge, Silver commence à me caresser le ventre ce qui n’aide pas à ma concentration.

Au bout de ce qui me semble être une éternité, je parviens à libérer ses seins de leurs carcans protecteurs.

Je me maudis intérieurement, pourquoi ai-je enchaîné les verres ? Je ne profite même pas de ce moment désormais.

Tout tourne autour de moi.

Je participe tant bien que mal à ce moment, une chose est sûre, lorsque j’aurai décuvé, je m’en voudrai encore plus.

À l’heure actuelle, je tente de rendre ses caresses à la jolie brune.

Mes propres lèvres ne semblent plus m’appartenir, je n’ai plus vraiment conscience des baisers de Silver, mon corps répond mécaniquement, comme une scène que l’on a déjà vécue, je répète des gestes déjà effectués auparavant.

Silver me souffle que je trouverais ce qu’il me faut dans le tiroir de sa table de chevet qu’elle vient d’ouvrir.

Mon caleçon a disparu, et même si mon esprit s’avère absent, mon corps lui répond bien présent aux avances de la jeune femme.

Je me contorsionne, farfouillant à l’aveuglette dans le contenant pour mettre la main sur une pochette en aluminium.

Heureusement que l’un de nous deux est encore assez lucide pour penser à cela.

Bordel, je suis vraiment torché.

Dire que je ne me souviendrais probablement jamais de cette nuit.

La jolie brune s’enquerre de mon état, et j’émets des sons qui je l’espère signifient que je vais bien.

Je la vois s’emparer du préservatif et j’ai vaguement conscience qu’elle me l’enfile.

Mes yeux, troublés, captent ses mouvements, puis elle se positionne au-dessus de moi.

Maudite Tequila añejo, je rate tout de ce moment que je désire pourtant ardemment.

Je tente de participer, espérant que mon corps a mis le pilote automatique, car son pote cerveau reste aux abonnés absents.

Après cette nuit, elle ne voudra jamais me revoir.

Les ondulations de Silver, me ramènent au moment présent.

Mon estomac se manifeste à ce moment-là, en plus d’être déconnecté de ce moment, j’ai désormais qu’une envie, c'est de filer aux toilettes.

Avec je l’espère, de la délicatesse, je bascule Silver, me retirant d’elle et cours jusqu’aux toilettes, afin de déverser le contenu de mon estomac dans la cuvette.

C’est officiel cette soirée ne pourra pas être pire qu’à cet instant.