Fyctia
Jackson 1/2
"- Pourquoi êtes-vous arrivé quarante-cinq minutes en retard à la conférence de presse ?
- Je vous demande de m’excuser. J’ai dû faire du bouche-à-bouche à une bouteille de Tequila. Elle en est morte.
Le Cavalier électrique-1979"
Janvier 1997
L’arrivée imminente chez Silver, me ravit, autant que ça m’inquiète.
Cette fille possède un charme indéniable, ses yeux reflètent toutes ses émotions et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle semble savoir ce qu’elle veut.
Ce qui me plait énormément.
Les heures avec elle dans le bar, me semblent n’avoir duré que quelques minutes.
Elle manie le sarcasme et le second degré avec brio, Silver apparait être quelqu’un à l’écoute et ne manque pas de conversation.
Sa petite personne réunit nombre de qualité, qui à mes yeux en tout cas me sont essentielles.
C’est peut-être ça qui m’inquiète, je n’ai jamais eu la chance de rencontrer une fille de cette trempe, mes aventures se résument malheureusement à des nanas qui soit, ne possèdent que des atouts physiques et pas grand-chose dans le citron.
Je ne suis pas un prix Nobel, mais les filles que j’ai fréquentées n’étaient pas des lumières.
Soit certaines se révèlent être, des accros des uniformes et ne m’utilisent que comme objet sexuel, permettant de réaliser le fantasme de coucher avec un soldat du feu.
Ce n’est pas pour me déplaire, mais ces filles et moi n’allons pas bâtir de chose durable.
Et puis enfin, il y a celles qui cochaient plus de cases, mais avec qui je n’ai pas ressenti en plusieurs mois de relation l’osmose que je ressens à cet instant avec Silver.
La promenade de plusieurs minutes au lieu de me dégriser, a permis à l’alcool de faire son œuvre, je sens que mon cheminement de pensées est plus laborieux, et mes mouvements moins alertes.
L’avantage de cette perte de maîtrise, me permettrait peut-être de moins intellectualiser la chose et de profiter du moment avec la jolie fille qui déverrouille à cet instant la porte de son appartement.
Je la désire, j’ai eu envie de la traîner dans les toilettes du bar, mais j’ai chassé bien vite cette idée. Silver, ne semble pas être prude, et ne m’a certes pas fait venir chez elle pour jouer aux cartes, pourtant, elle mérite mieux, qu’une baise contre un mur crade d’une cabine de toilettes d’un bar.
Il aurait été dommage de gâcher un moment comme une première fois ensemble avec un rapport dans un endroit public.
Et même si elle partage mon envie de se connaître plus étroitement, je ne suis pas convaincu qu’elle aurait validé ce programme dans les chiottes.
Mon questionnement interne, doit avoir duré plus de temps que je ne l’aurais cru, car Silver se tient dans son entrée et m’observe incertaine.
-Tu as changé d’avis ? questionne-t-elle, avec une pointe de déception audible dans la voix.
Allez mon gars ! Ce n’est pas le moment de se défiler, mes inquiétudes semblent ridicules.
Et surtout n’ont aucun fondement, elle me plait, moi aussi visiblement sinon on ne serait pas là, nous sommes adultes, donc inutile de s’angoisser.
Je lui offre un sourire charmeur, espérant faire oublier mon passage à vide, pénètre dans son appartement et referme la porte derrière moi.
Son visage n’arbore plus sa mine inquiète, cependant elle continue de m’observer avec attention.
Le tour du propriétaire se déroule rapidement, elle m’indique la petite salle de bain et les WC qui se trouvent juste à côté de nous dans l’entrée, un renfoncement sur la gauche laisse entrevoir une cuisine tandis que la pièce principale sert de salle à manger et de salon.
Des cartons s’empilent encore au sol et l’ameublement ne parait pas être tout à fait terminé.
Me voyant embrasser du regard son quotidien, Silver croit bon de se justifier.
-Je viens juste d’aménager !
-Ah super, tu es à Newark pour… ?
Mais à peine mes mots franchissent la barrière de mes lèvres que je m’en veux. Nous avons passé une belle soirée, sans aborder les sujets douloureux et j’ai la sensation que son aménagement se trouve lié à un des sujets tabous.
Son petit sourire en coin m’apprend que j’ai vu juste.
Elle garde le silence quelques instants, puis me propose de me mettre à l’aise.
Je retire mon manteau, et mes chaussures et m’installe sur le canapé.
Ce moment qui précède les ébats les premiers temps de relation, je le trouve horrible, je déteste ça.
Il y a toujours ce moment de gêne, ou personne ne sait sur quel pied danser, ou on sent que ça peut partir à tout moment.
Ces instants où l’on espère ne pas se tromper dans les signaux. Cette ambiance d’avant match où tout peut basculer d’un côté comme de l’autre.
Je deviens ridicule, je fais de ce moment une affaire d’état alors que je ne m’apprête pas à faire une opération à cœur ouvert ou ne risque pas ma vie.
La jolie brune a dû sentir mon trouble, car elle revient de sa petite cuisine avec deux verres et une bouteille de tequila.
L’avantage de l’alcool sera une détente assurée, cependant la consommation à outrance, elle, promet plusieurs inconvénients à plus ou moins long terme.
-Je n’ai que ça à te proposer, m’apprends la jeune femme en s’asseyant à mes côtés.
J’ai conscience de la chaleur de son corps à côté du mien, elle se penche pour enlever le bouchon, qui s’extirpe avec le son caractéristique du liège s’échappant du goulot.
- Ça me rappellera mes soirées de jeunesse, lui rétorqué-je avec un petit rictus.
Sa moue en revanche se fait énigmatique.
- Ça, ça m’étonnerait, argue-t-elle.
Je l’observe sans comprendre, puis elle me met d’autorité un verre dans les mains puis se positionne pour trinquer.
- Salud ! scande-t-elle avant de descendre le liquide d’un trait.
Je lui rends sa bénédiction et l’imite.
Le liquide auquel je m’attendais n’est pas celui qui descend par mon œsophage.
J’ai l’impression de boire plutôt un whisky que l’alcool bon marché que l’on enchaîne en shooter durant nos spring break. Le moins, que l’on puisse dire, on sent par où il passe.
Et à la vue de la tête hilare de Silver, elle a réussi son coup.
-Un peu trop corsée pour toi Jackson ? demande-t-elle taquine.
3 commentaires
Emeline Guezel
-
Il y a un an
chiara.frmt
-
Il y a un an
François Lamour
-
Il y a un an