Jane--Ice Et que tout se consume Silver

Silver

"Ainsi ... sur un baiser … je meurs"

Roméo + Juliette - 1996



Janvier 1997


Les verres s’enchaînent autant que les confidences, adopter la politique de l’autruche et éviter les sujets problématiques semble être une bonne tactique finalement.

Je trouve la compagnie de Jackson très agréable. Trouver quelqu’un extrêmement beau et par la suite se rendre compte qu’il incarne un abruti fini, n’est pas une chose très agréable à expérimenter.

Mais là, mon ravissement ne fait que croître. Aicha me manque et j’aurai aimé qu’elle soit présente. Cependant me trouver ici en compagnie de Jackson reste une alternative plus qu’agréable.


Vraisemblablement, mon intuition au parc se révèle être la bonne.

Mentalement, j’énumère ses qualités : beau, gentil, drôle, spontané, intéressant et divinement beau.

Je l’ai déjà mentionné ? Surement, mais mon Dieu, je me damnerai pour un de ses sourires. Voilà que je blasphème maintenant, et que je n’écoute plus non plus Jackson.

L’alcool n’aidant pas vraiment à la concentration de surcroît.


Lorsque mon cerveau revient parmi les vivants, je me rends compte que Jackson se tait.

Oups, l’ai-je vexé, s’est-il rendu compte que j’étais perdue dans mes pensées ?

Pourtant, ses prunelles ne reflètent pas l’agacement au contraire, il m’observe avec une lueur incendiaire dans le regard.

Heureusement, je me trouve toujours sur mon tabouret de bar, sans son soutien mes jambes auraient immanquablement flanché.

Mais quelle idée de regarder quelqu’un de la sorte ?

Une combustion spontanée pour un premier rencard, ne fait pas partie des options.

Un rencard ? Je vais peut-être vite en besogne. Il me plait et semble être réceptif donc après tout, je ne m’avance pas trop.


Bon, il faut qu’il cesse de me regarder ainsi ou sinon…

Sinon quoi au juste ?

Jackson, tout en déposant sa pinte sur le zinc et avec une lenteur insupportable, replace une mèche derrière mon oreille. Une de ses jambes se trouve entre les miennes, il se tient toujours debout, accoudé au bar créant comme un cocon pour lui et moi.

Il se trouve proche, bien trop proche, son parfum, je note la fragrance, je reconnais des notes de poivre, une pointe de musc blanc et des effluves de basilic.

Les odeurs de son eau de toilette se mêlent à merveille avec celles de sa peau.

Je hume ce cocktail à pleine narine.

Mon attitude qui je dois bien le reconnaître semble déconcertante a pour mérite d’accentuer la flamme au fond des yeux de l’homme face à moi.


D’un geste empressé, il prend mon visage en coupe et plante ses lèvres sur les miennes.

Elles sont douces, légèrement sucrées, j’arrive à sentir la bière encore sur sa bouche.

Une sensation de chaleur et de bien-être m’envahit, tandis que la main libre de Jackson glisse dans mes cheveux.

Je tente d’intensifier le contact, mais à mon grand étonnement, il se recule pour m’observer.

S’il doute de mon accord ou de mon envie, il est un peu tard pour demander.

Ses prunelles semblent toujours habiter des flammes, et ma gorge se serre, j’ai envie qu’il prolonge ce contact qu’il l’accentue même. Et pourtant, il n’en fait rien.

En silence, il me fait descendre du tabouret et m’entraîne sur la piste de danse.

Ou du moins, vers l’endroit du bar ou les gens tentent de se trémousser.

Les sons des chansons du moment ont défilé durant la soirée, sans que j’y accorde de l’importance.

Je reconnais les premières de la chanson de ‘No Doubt, just a girl’ qui se lance.


Je me fais sûrement des idées, mais j’ai l’impression que l’homme face à moi tente de remettre ses idées en place et d’instaurer de nouveau une distance, car si son attitude semble détachée en revanche, ses yeux ne délivrent pas le même message.

Ses prunelles fixent toujours mes lèvres et ne semblant pas pouvoir s’en détacher.

Je me trompe peut-être, cependant l’idée de le troubler ainsi après ce bref baiser me fait sourire.

Jackson ne loupe pas mon rictus et ses billes noisette tentent de me sonder ce qui ne fait qu’agrandir davantage l’ouverture de mes lèvres.


S’il essaye de me tenir éloigner, sa technique marche plutôt bien, car cet air ne se prête pas vraiment au rapprochement.

Sauf que celui qui survient juste après ; quant à lui ne laisse pas trop d’alternatives.

L’ambiance sur la piste bascule aux premières sonorités, ‘Runaway de The Corrs’ se déverse dans les enceintes.

Je vois Jackson déglutir ce qui m’amuse au plus haut point.

Avec une lenteur calculée, je m’approche, et une fois devant lui, je déploie mes bras pour les passer au-dessus de sa nuque.

Il observe mon manège et demeure inerte, tandis que je retiens un rire.

Je décroche un de mes bras de son cou, et prends sa main pour la guider jusqu’à mes hanches, puis je reprends ma position et commence à onduler.

Tout en maintenant le contact visuel avec lui je lui offre un sourire enjôleur.


Jackson secoue la tête, ferme un instant les paupières puis les rouvre pour me gratifier d’une œillade qui signifie que je joue un jeu dangereux.

Je fredonne l’air, lors du couplet, puis plante mon regard dans le sien en chantonnant.

‘Close the door, lay down upon the floor

Ferme la porte, allonge-toi par terre

And by candlelight, make love to me through the night

Et à la lumière d'une bougie, fais-moi l'amour pendant toute la nuit’

Le message ne pourrait pas être plus limpide, et au milieu de la piste, entouré de couples qui comme nous dansent collé-serré, Jackson m’embrasse pour la deuxième fois.


Ce baiser-là, n’a plus rien à voir avec le premier, il se fait plus empressé, sa langue passe la barrière de mes lèvres et cherche sa jumelle.

Je raffermi ma prise autour de son cou et me hisse davantage sur la pointe des pieds.

La fin de la chanson marque la fin de notre baiser.

Je reprends mon souffle.

-Tu me raccompagnes chez moi ? demandé-je pleine d’espoir.

Il n’a pas parlé depuis de longues minutes, et donne son assentiment en hochement la tête.

-Je récupère tes affaires au comptoir, lâche-t-il d’une voix enrouée.


Les températures extérieures ont chuté, nous nous trouvons dans le sas du bar, et déjà, le froid nous saisit.

Je m’emmitoufle dans ma doudoune et passe la double porte menant à l’extérieur en réprimant un juron.

-Ça caille, lâche Jackson en soufflant sur ses mains, puis il sort de sa poche de manteau un bonnet qu’il enfonce sur son crâne.

-C’est par là, indiqué-je en m’éloignant en direction de chez moi.

En une enjambée, il me rejoint et s’accroche à mon bras.


Les confidences dans le bar sont derrière nous, et nous progressons en silence.

Je ne suis pas spécialement timide, je sais ce que je veux, pourtant quelque chose m’angoisse. Je n’ai pas envie de passer non plus pour une fille facile.

Pour me donner du courage, je fredonne à nouveau la musique du bar.

L’homme à mes côtés raffermit sa prise sur mon bras, et esquisse un sourire. Pourtant il semble tendu.

-On arrive dans deux minutes, déclaré-je d’une voix qui j’espère ne laisse pas paraître mon anxiété.


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1 commentaire

Emeline Guezel

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Il y a un an

Petit like de chez moi <3
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