Fyctia
Silver 2/2
"Jack, c’est ici qu’on s’est rencontrés.
Titanic - 1997"
J’entends derrière moi quelqu’un hurler ‘Bandit’ à répétition. Le chien reste à mes côtés, frétillant de la queue et observant la personne qui arrive vers nous le souffle court.
Je dois mettre ma main en visière afin de distinguer les traits du maître.
Mon rythme cardiaque fait une embardée, et cela n’a plus rien à voir avec mon footing.
L’homme semble un peu plus âgé que moi, il doit approcher la trentaine. Ses cheveux châtains sont trempés de sueur, ses yeux noisette passent de son chien à moi.
Il parait athlétique, plus grand que moi, ce qui en soi ne subsiste pas un exploit.
Pour un homme ses traits sont délicats, son nez fin est parfaitement droit. Et sa bouche fine laisse apparaitre une dentition absolument blanche.
Tout chez lui semble parfait, la physionomie de son visage aurait fait pâlir d’envie les mannequins que je fréquentais avant. Et contrairement à eux, l’homme en face de moi n’a pas dû avoir recours à la chirurgie.
Une fois qu’il se trouve à un petit mètre de nous, Bandit se déplace jusqu’à ses pieds et lui offre une léchouille sur la main.
L’homme reprend son souffle, puis me salue.
-J’espère que Bandit ne vous a pas trop embêté. Il est jeune et fougueux, m’apprend- t-il en m’offrant un sourire contrit.
-Pas de soucis, il voulait juste jouer.
Je passe sous silence le fait qu’il a failli me faire tomber, inutile que la boule de poil se fasse réprimander.
-Il a encore du mal avec le rappel.
Le chien à ses pieds couine malheureusement et l’homme le gratifie d’une caresse
Je tente de reprendre la parole afin d’engager la conversation, mais la cloche d’une église non loin carillonne plusieurs fois, indiquant l’heure me faisant sursauter.
Mon interlocuteur jure dans sa barbe, et fixe d’un œil mauvais le cloché, il me jette ensuite un regard désolé, puis tout en accrochant la laisse à son chien il lance.
-Je suis vraiment désolé je suis en retard, merci encore pour Bandit. Au plaisir.
Puis les deux males s’éloignent en courant tranquillement.
Je murmure pour moi-même que je n’ai pas fait grand-chose.
Cette rencontre rime avec frustration.
Depuis ma décision d’intégrer les pompiers je n’ai noué aucune relation amoureuse, concentrée uniquement sur mon rêve de devenir combattante du feu.
J’aurais pu m’enticher de quelques garçons rencontrés lors de la formation. Mais mon envie de réussir demeurait plus forte que mon désir de papillonner.
Mais la solitude commence à se faire sentir.
Et aujourd’hui, à quelques jours de mon intégration, je rencontre cet homme qui semble parfait en tout point, avec qui j’aurais aimé converser davantage. Afin de vérifier si oui ou non mon intuition était bonne. Puis pouf, il se volatilise en quelques secondes, me laissant seule avec ma frustration.
Je ne connais même pas son nom.
Après un long soupir, je me résigne à regagner mon appartement, mon inactivité de plusieurs minutes dans le froid n’est pas être une brillante idée. Je me trouve désormais congelée et épuisée.
Le chemin du retour me parait plus long, en passant devant un restaurant, j’avise de mon reflet dans la grande paroi vitrée.
J’adresse un ricanement dédaigneux au miroir. Peut-être être que le maitre de Bandit a été aussi pressé de partir non pas car il avait rendez-vous mais peut être que mon allure n’était pas très engageante.
J’arbore un teint cramoisi, dû à mon effort, mes cheveux pointent dans des directions diamétralement opposées, et mon odeur laisse à désirer.
Une allure reflétant l’activité sportive que je viens de faire certes, mais qui malheureusement ne me présente pas sous mon meilleur jour.
Je tente d’occulter ma rencontre avec le bellâtre, je m’arrache à ma propre contemplation et prie pour avoir des nouvelles d’Aicha ou de Hung en rentrant chez moi.
12 commentaires
François Lamour
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Il y a un an
Gwenaële Le Moignic
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Il y a un an
Emeline Guezel
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Il y a un an
Livre_e
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Il y a un an