Fyctia
Silver 1/2
"- Oh oh…
- Laisse moi deviner… on est sur le point de franchir une énorme chute d’eau.
- Ouais.
- Rochers pointus à la réception.
- Y a des chances.
- C’est parti !
Kuzco- 2000"
Février 1996
Un des chauffeurs mandaté par mes parents m’a récupéré à JFK, il manœuvre au pied de l’immeuble dans lequel nous logeons.
Il fait un froid abominable, le choc entre Sacramento d’où je reviens, offre un contraste saisissant.
Les rues semblent vides, en même temps avec ces températures négatives, il faut avoir une bonne raison pour mettre le nez dehors.
Le chauffeur sort ma valise, quant à moi je lève le nez et observe l’immense bâtiment.
Je vais avoir besoin de beaucoup de courage pour l’annonce à venir.
Je reste un moment à fixer le ciel, quand un raclement de gorge se fait entendre.
L’homme chargé de m’escorter patiente dans le froid. Ses joues rouges ainsi que ses oreilles apprécieraient de rentrer apparemment.
Je lui offre un sourire contrit avant de m’engouffrer dans le hall luxueux de cet hôtel particulier, qui symbolise ma maison depuis toujours.
L’ascension jusqu’au dernier étage se fait silencieuse, ce n’est pas très poli de ma part, mais mon état d’anxiété ne permet pas de faire la conversation à l’homme engagé par mon père.
Il dépose mon bagage dans l’entrée et me souhaite une bonne journée, je le remercie et lui rends sa politesse.
Je jette un coup d’œil à cet intérieur qui constitut mon quotidien, mais tout ça me semble tellement futile. Tout ce faste, me met plus que mal à l’aise.
Mes parents méritent toute cette opulence, ils ont travaillé dur, des gens issus de l’immigration, d’origine d’hispanique, qui ont réussi un tour de force en comptant désormais parmi les plus grandes entreprises d’import-export de la côte Est.
Ils peuvent bien profiter de cette aisance après des enfances plutôt difficiles en Honduras pour mon père et au Costa Rica pour ma mère.
Je ne remets pas en cause leurs ténacités ni leurs persévérances, mais plutôt ce train de vie qui pour moi me parait désormais loin de ce que je désire pour mon futur.
Ce n’est pas un discours d’une petite fille riche qui fait une crise d’adolescence tardive.
Non, mon souhait est vraiment de me rendre utile. Et ce vers quoi je me destinais, enfin ce vers quoi mes parents me poussaient, ne me rend pas heureuse.
Nous résidons au dernier étage de cet immeuble, tout l’étage nous est réservé. Il se compose d’un vaste salon avec d’innombrables canapés dans les tons de beiges, un foyer de cheminée très moderne fait de verre et d’acier, une salle à manger attenante qui ressemble davantage à une salle de réception compte tenu de sa taille.
Quatre suites, avec salles de bain privatives, et une cuisine digne d’un restaurant étoilé.
La décoration, quant à elle, varie selon les humeurs de ma mère, elle prend un réel plaisir à s’occuper de son intérieur.
Mais l’atout à mes yeux de cet appartement réside dans l’immense terrasse. J’ai toujours aimé la hauteur, et je ne me sens bien que lorsque je me trouve dehors. Faisant donc de cet endroit, mon refuge. Je suis seule à m’y rendre, ma mère a un peu le vertige et mon père ne jouit pas du temps matériel pour s’y prélasser.
J’entends la voix chaude de ce dernier, proche de moi, il a dû approcher durant mes questionnements internes.
Ils se tiennent là, avec ma mère, à m’observer avec des mines mi-inquiète mi-enjouée, plus de deux mois que nous ne nous sommes pas vus, je suis partie, enfin, ils m’ont envoyé en Californie juste après Noël.
Alexander et Éléonore Hernandez. Tous deux arborent une peau bronzée, des cheveux noirs comme les jais et des yeux noisette.
J’ai hérité de toutes ces caractéristiques génétiques, bien que née à New York, je ne peux pas renier mes origines hispaniques.
-Heureuse d’être de retour ma chérie ? mon père me serre dans ses bras tout en me posant sa question, puis ma mère m’étreint à son tour en complétant.
-Tu as fait bon voyage ?
-Oui, même si je regrette déjà la chaleur de la Californie, j’ai dormi tout le vol.
Mes parents sourient se tenant l’un contre l’autre, mon père porte un costume impeccable et ma mère, une combinaison manches longues.
Je fais vraiment négligée avec ma tenue de voyage. Ma génitrice me détaille et fronce le nez elle doit être arrivée au même constat que moi.
-Va te laver, passe une tenue correcte et rejoins-nous dans la cuisine.
Même si son raisonnement se tient sur le fond, le fait qu’elle tente de régenter mes actions m’agace, mais j’acquiesce. Inutile de la froisser de suite, mon annonce future va jeter un froid polaire. Alors autant la mettre dans de bonnes conditions avant que je ne parte en croisade.
Puis ils partent toujours enlacés en direction de la cuisine.
Je regarde attendrie leur complicité intacte depuis toutes ces années, puis gagne enfin ma chambre afin d’accéder à la demande de ma mère.
Nous nous trouvons tous les trois dans notre immense cuisine, je porte désormais une robe et des collants, me rendant plus présentable aux yeux de ma mère.
Mes parents me résument ce que je viens de louper en deux mois ; tout en parlant mon père sorti une bouteille de vin, puis une deuxième, il se penche afin d’en attraper une autre, mais où va-t-il s’arrêter ?
Je sais pertinemment ce qu’il fait. Et je grimace par anticipation.
Il sert les différents crus dans plusieurs verres, et les pousse un à un dans ma direction.
-Allez ma grande, montre-nous tes talents, il m’offrit un grand sourire et à cet instant je me sens plus que coupable.
De mauvaise grâce, j’attrape le verre le plus proche de moi.
Je fais tournoyer le liquide, observe la robe, puis sens enfin le breuvage en fermant les yeux pour me concentrer uniquement sur mon odorat.
Je récite les ingrédients qui me viennent en tête en humant les effluves.
J’ouvre les yeux et observe mes parents, ils affichent des sourires fiers.
-Le restaurant Lafayette va être ravi d’avoir une si brillante sommelière, assure ma mère.
Je fronce les sourcils.
-De quoi parles-tu ?
-Ton père et moi avons contacté l’hôtel Drake et plus particulièrement le restaurant Lafayette et nous t’avons obtenu une place là-bas.
Un silence accueille sa déclaration.
-Tu n’as pas l’air ravi ? questionne mon père.
Il faut que je leur annonce ma décision maintenant, comme un sparadrap, on le retire d’un coup et on est débarrassé.
Je pose mes mains à plat sur le plan de travail.
-Papa, Maman, je vous remercie pour cette magnifique opportunité, mais, concernant l’œnologie, je ne suis pas sûre.
J’en suis même certaine, mais autant y aller en douceur.
11 commentaires
Alexenrose
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Il y a un an
Jane--Ice
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Il y a un an
KatyLina
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Il y a un an
Jane--Ice
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Il y a un an
Gwenaële Le Moignic
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Il y a un an