Fyctia
Jackson 1/2
"Je suis dans une merde internationale ! Chouchou - 2003"
Mars 2000
Je me réveille péniblement, ou est-ce que je suis ? Qu’est-ce qui tombe ? De la neige ? Nous sommes fin mars, impossible.
Et puis il fait chaud, une fournaise, j’ai du mal à faire le point, mes yeux me brûlent et l’air devient irrespirable.
Je me trouve en enfer, mais un enfer blanc.
Mon cerveau se reconnecte, ce que je prends pour de la neige est en réalité des cendres.
Oh mon Dieu ! ça me revient, les enfants, il faut les évacuer, apparemment je me suis évanoui à cause de la fumée.
Tout est laborieux, mais ça me fait tilt, j’ai donné mon masque à cette institutrice pour qu’elle puisse s’échapper avec deux enfants.
Ensuite … Ensuite quoi ? Allez Jackson c’est pas le moment, concentre toi ! Ensuite je suis resté afin de vérifier que plus personne ne se trouvait dans le bâtiment.
Comment est ce que je parviens à respirer ?
Je baisse les yeux, et avise de l’assistance respiratoire sur mon visage, incompréhensible.
Tout se mélange, combien de temps je suis resté dans les vapes ?
J’observe mon environnement et je la vois, recroquevillée au sol. Silver.
J’ai ordonné à tout le monde de ne pas revenir.
Plus personne ne devait pénétrer dans le bâtiment.
Je prends son pouls, inconsciente mais vivante. Combien de temps avec cette fumée dur à estimer.
Les flammes lèchent le mur, plusieurs accès doivent être condamnés, et je ne connais pas assez le bâtiment pour sortir sans me tromper de chemin. Sauf que du temps je n’en ai pas. J’ai étudié le plan avant de m’engouffrer dans l’école certes, mais après mon évanouissement, j’éprouve des difficultés à reprendre pied.
Il le faut pourtant.
Je vérifie la réserve d’oxygène du masque que Silver m’a passé, l’espace d’une seconde j’hésite à le lui rendre, mais elle ne va pas se réveiller comme par magie, ni être capable de sortir.
Je passe en revue mes options, les flammes nous encerclent de toutes parts, divers éléments de l’école ont pris feu, dégageant des fumées plus que toxique. Le temps nous est compté.
Quand il s’agit d’elle, tout me parait flou. Je dois agir comme avec n’importe qui. C’est primordial sinon elle va y laisser la vie. Bordel quelle chieuse, il a fallu qu’elle brave les interdits.
Je jure qu’elle va m’entendre. Oui, elle va se prendre un soufflon.
Enfin, pour ça, il faut survivre. Ne pas trop réfléchir, agir !
J’avise de l’écriteau indiquant le réfectoire, si j’y parviens, j’ai une chance de nous faire sortir, il y a forcément un accès pour l’extérieur pour les livraisons de nourriture et la sortie des déchets.
Je prends Silver dans mes bras en espérant que ce ne soit pas trop tard, et me dirige tant bien que mal vers ce que j’espère être notre sortie.
Un pan du mur se détache, créant un appel d’air, le feu s’y engouffre. Un souffle chaud nous frôle, je tente d’accélérer, mais je risque de m’évanouir à nouveau.
Je retiens un cri de rage.
Non, ça ne va pas finir comme ça. Ni pour elle ni pour moi.
Je continue. Le bruit d’un étage qui s’effondre se fait entendre, je ne me retourne pas, je progresse.
Mon cœur se gonfle d’espoir, lorsque je pousse deux portes battantes. Les tables du réfectoire, je suis tentée de m’y affaler un instant mais il faut avancer, toujours. Malgré les fumées, je vois enfin ce que je cherche. La cuisine ! J’allonge ma foulée, tout en slalomant entre les éléments en inox.
Mon salut se matérialise par, je l’espère, une dernière porte à franchir. Celle de secours.
Je pourrais hurler de joie, j’accélère encore, galvanisé par cette vision de liberté future.
La fraîcheur de ce début de soirée contraste avec la fournaise vécue quelques minutes auparavant.
Nous nous trouvons sur un des côtés du bâtiment avec Silver. Saufs.
Je longe l’école le souffle plus que court.
Quelqu’un de l’unité de secours me voit, il hurle à ses collègues de nous rejoindre, une femme arrive à mes côtés, essayant de diagnostiquer mon état, un homme avec un brancard attrape Silver, je le laisse faire. Une fois déchargé, je tombe à genoux sur la pelouse de l’école élémentaire.
Je décroche mon masque et aspire une goulée avec avidité.
Je m’entends établir un pré diagnostic de l’état de Sil à l’attention de mes collègues chargés des soins, puis observe les autres équipes de pompiers finir d’éteindre les flammes du bâtiment.
Ou se trouve le reste de mon unité ? Mon commandant a dû les gérer.
On me pose une couverture sur les épaules, on m’ausculte, me force à boire.
Quand je pense être assez maître de mon corps, je marche en direction des ambulances afin de m’enquérir de l’état de Silver.
Elle a risqué sa vie pour moi, a désobéi à mes ordres directs.
Je suis tellement en colère, contre elle et contre moi-même. Ai-je été assez rapide pour la sortir de là ?
Si elle… Non, je ne peux ni ne veux imaginer cette éventualité.
Nous nous sommes disputés deux jours plus tôt et je regrette chacune de mes paroles.
Le Colonel Fuller arrive vers moi d’un pas décidé, je tente en vain de ne pas être ridicule avec ma couverture, me redressant comme je peux et offre un salut à l’homme.
John Fuller, grand afro-américain, pompier émérite par le passé m’observe le regard dur. Il ne faut pas se fier à sa moustache tirant vers le blanc qui peut nous laisser croire que l’on à faire à un gentil grand-père. Cet homme est dur, sévère, il a formé bon nombre de pompiers et connait son sujet. Mais, c’est un sacré con. Respect de la hiérarchie oblige je me tais.
Sa moustache tressaute et il semble agacé, bordel je suis mal.
-Novak, j’espère que vous avez une bonne explication à ce foutoir ?
Je fronce les sourcils, c’est plutôt une réussite, cette mission, tous les enfants et le personnel scolaire sont sains et saufs. Certes, l’école est partiellement détruite, mais le matériel, on peut le remplacer. Les vies humaines un peu moins.
Et hormis Silver qui va être menée à l’hôpital, tous les gens présents ne semblent pas avoir besoin de soins plus approfondis.
-Je ne suis pas certain de comprendre Colonel.
-Sans parler du fait que vous avez failli y rester en donnant votre assistance respiratoire, j’aimerais savoir ce qu’il se passe entre Hernandez et vous ?
-Je vous demande pardon Monsieur ? j’essaye de donner à ma voix un ton neutre et détaché, il en est fini de nous si jamais on découvre que notre relation ne s’est pas cantonnée au stade de collègues.
5 commentaires
Livre_e
-
Il y a un an
Alexenrose
-
Il y a un an
Jane--Ice
-
Il y a un an
KatyLina
-
Il y a un an
Emeline Guezel
-
Il y a un an