Fyctia

"- Tu fumes beaucoup j’trouves… Comparé à la dernière fois…

- Je fume autant qu’avant. J’aime ça fumer. Fumer une cigarette c’est comme un oubli. Les amours imaginaires -2010"

J’ai passé la journée à gérer avec les techniciens une machine qui doit produire des flammes. Il suffit au machiniste d’actionner un bouton pour les démarrer et d’appuyer à nouveau pour les éteindre.

J’effectue les derniers réglages tout en jetant un œil aux doublures des acteurs qui répètent des scènes impliquant des chutes.

Il serait dommage que la belle gueule d’Andy soit abîmée.

On dit de lui qu’il va égaler Brad Pitt. Il est vrai que physiquement, mon meilleur ami possède des airs de la star mondialement connue. Tout comme lui, il a les yeux bleus et arbore des cheveux châtain clair. En revanche, la carrure d’Andy est plus imposante, Andy semble être un peu plus grand.

À la fin de la journée, j’installe pour demain une partie des équipements qui sont nécessaires à un entraînement pour des cascades prévues dans le film.

Je teste une dernière fois la machine à produire du feu, dispose des matelas pour réceptionner les chutes de mes équipes, et vérifie que toutes les protections sont en place.

Une fois mes tâches accomplies, je contemple mon œuvre. Satisfaite, je prends la direction des bus menant au parking.

La semaine se poursuit de la même façon, je peaufine les réglages avec mes équipes afin qu’aucun événement malencontreux ne vienne interrompre le tournage.

Lors d’une pose méritée, Andy me rejoint devant le hangar dans lequel nous sommes.

Je l’entends pester. Il tente même de me sortir la cigarette que j’ai coincée entre mes lèvres. Je pivote sur moi-même, afin d’éviter son geste. Puis reprend ma place initiale tout en jetant un regard mauvais à mon ami.

- Sil, tu devais arrêter, souffle Andy d’exaspération et de déception.

-Et toi, tu devais m’ficher la paix avec ça.

J’expulse un nuage de fumée en l’air et fixe désormais un point à l’horizon.

Andy s’appuie contre le hangar puis garde le silence un instant.

-Je me doute que ce tournage doit remuer des souvenirs, Silver, mais ne te bousilles pas la santé avec cette merde !

Andy fixe lui aussi le vide désormais.

Je baisse la tête, écrase ma cigarette, puis tapote l’épaule de mon ami tout en me décollant du mur.

-Ne te fais pas de soucis pour moi, ça va aller, Andy, lui assuré-je.

-Si tu as besoin, je suis là, tu le sais, ajoute l’acteur qui n’est pas dupe.

J’offre une grimace qui peut s’apparenter à un sourire.

Effectivement, ce film et le sujet traité sont pour moi des rappels douloureux du passé, mais je vais faire avec, composer comme je le fais toujours.

Enfin, du moins, je vais essayer.