Jane--Ice Et que tout se consume Silver 1/2

Silver 1/2

"Confucius a dit : « le karma c’est de la merde. » Hyper tension 2 - 2009"


Le mois de février vient de s’achever et le tournage est au ralenti.

J’arrive au studio un peu plus tard que je ne le devrais, au loin Hilary accourt vers moi son chignon valdinguant sur le sommet de son crâne.

Sa jupe serrée ne lui permet pas de faire de grandes foulées. J’aurais pu lui épargner les quelques mètres nous séparant, mais cette fille m’agace trop pour que je lui facilite l’existence. Elle aime trop les potins et la profession et le secteur dans lequel nous travaillons n’aident pas.

Je lui offre un sourire faux lorsqu’elle arrive à court de souffle devant moi.

Elle tente de parler, mais aucun son ne sort, elle souffle, expire puis se concentre sur ma personne.


-Larry te cherche, lâche-t-elle

Tout ça pour ça ? Je lève un sourcil interrogateur me disant qu’elle va poursuivre, cependant elle ne le fait pas

-Bonjour à toi aussi Hilary. Peux-tu être plus précise ? Ou je vais devoir fouiller tout le studio afin de trouver Larry ? je pose mes questions sans me départir de mon sourire factice.

- Il est dans sa caravane, rétorque la secrétaire de Larry Wilson, faisant fi de mon ton moqueur.


Je sens que je vais passer un sale quart d’heure, Larry peut pousser des gueulantes, et s’agacer devant tout le plateau, mais s’il désire me parler sans personne autour, c’est que la discussion va être sérieuse.

Le chef de plateau n’a pas mauvais fond, même si parfois les mots dépassent sa pensée, il a une certaine délicatesse. Enfin à sa manière. Donc une entrevue privée ne laisse pas présager un moment agréable.

Je me rends de mauvaise grâce jusqu’à la caravane de Larry qui lui sert également de bureau.

Je toque à la porte et attends qu’il m’autorise à entrer.

Mon chef se tient derrière son bureau, pivotant sur son fauteuil. Il me fait signe de m’asseoir et garde le silence.


Je prends sur moi afin de faire de même. Je déteste les silences, ça me met mal à l’aise.

Afin de penser à autre chose j’observe le physique de Larry. La cinquantaine, des cheveux noirs dont les tempes commencent à grisonner. Il possède du charme et un certain charisme. Voir cet homme sourire est rare, mais lorsqu’il le fait, j’oublie à quel point il peut être dur.

En même temps, on ne devient pas le chef de plateau de toutes les productions Boggs en étant sentimentaliste ou en faisant dans la mièvrerie.

Ses yeux d’un bleu glacier tranchent avec la noirceur de ses cheveux. Yeux qui me fixent depuis que j’ai passé la porte.

Puis mon chef se penche en avant, ce geste aurait dû m’alarmer.

-Silver, le film va connaître un remaniement, le scénariste va tous nous réunir, afin de nous l’expliquer. Je ne peux en dire plus. Mais nous allons devoir tourner ici et à New York plus tard dans l’année.

Cette précision m’angoisse au plus haut point. Je ne veux plus mettre les pieds dans la grosse pomme. Enfin pas pour l’instant… Enfin je ne sais pas , je délibère encore avec moi-même si c’est une décision définitive ou passagère.

-Bien, je ne suis pas plus avancée !

-Je sais, je t’ai fait venir pour te parler du sujet qui te concerne toi plus précisément. À la demande de Monsieur Boggs, un consultant va nous rejoindre sur le plateau. Et c’est toi qui vas être son contact direct.

-Un consultant en quel domaine ?

Je commence à être nerveuse.

-Un ancien pompier.

Larry me fixe, redoutant ma réaction, je pince les lèvres et me concentre afin de contrôler ma voix.

-Bien, de toute façon si Boggs production juge ça utile.


-Heureux que tu le prennes comme ça ! Larry bascule à nouveau dans sa chaise signifiant que la conversation touche à sa fin.

Je me lève un peu anesthésiée, contourne ma chaise et pars en direction de la porte mais, mon chef reprend la parole.

-Silver, je peux toucher un mot de ta situation à Tommy si tu veux.

Il est toujours étrange d’entendre quelqu’un appeler le grand chef par son prénom, mais Tommy et Larry sont amis dans la vie. Je déglutis avec difficulté.

-Non ça ira, Larry.

Je referme la porte puis m’y adosse en fermant les yeux un instant.

Je ne sais pas ce que le scénariste va bien nous dire, ni même à quel moment il le fera, mais je préfère me concentrer sur ça plutôt que sur New York.




Deux jours ont filé depuis l’annonce de Larry et le scénariste n’a pas pointé le bout de son nez. J’ai bien évidemment prévenu Andy, mais même lui ne savait rien. Plutôt inquiétant étant donné qu’il tient le rôle principal.

Je suis à cran et mes équipes aussi, tout le monde sur le plateau sent qu’il va y avoir du changement, mais personne n’en connait la forme. Ne pas savoir, ajoute à nos angoisses, nous sommes tous dans l’expectative d’en apprendre davantage. Nous spéculons, échafaudons des hypothèses toutes plus farfelues les unes que les autres.

Je mets fin à un enchaînement des cascadeurs complétement chaotique, ils manquent tous de concentration à cause de cette situation. Je prône une pause, puis sors deux minutes prendre l’air.


Il faut se concentrer sur les problèmes actuels, on réglera New York quand ça se présentera.

Je joue avec mon briquet sans pour autant me griller une cigarette, j’observe la flamme danser entre mes doigts, mes yeux fixent les teintes orangées onduler au gré du vent. Je referme d’un coup sec mon Zippo refusant que cette pause censée me remettre les idées en place, n’aggrave mon trouble.



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10 commentaires

Nina Leroy Auteure

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Il y a un an

Hello, petit coup de pouce en passant 💪😊
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