Jane--Ice Et que tout se consume Silver 1/2

Silver 1/2

"- Je viens justement de faire du café. Il doit être encore chaud, t'en veux?

-Tu parles, si j'en veux. Avec quatre sucres et un nuage de lait." Mélodie en sous sol - 1963


Je me réveille de sale humeur, ce qui est plutôt courant ces dernières années, mais reste toujours fâcheux. Enfin, pour les autres, notamment, qui en font les frais.

Je m’extirpe de mon lit de mauvaise grâce et me glisse sous ma douche. L’eau a au moins le mérite de me dérider un peu.

Une fois ma tenue revêtue et un coiffage, maquillage expéditif, je m’adosse au comptoir de la cuisine attendant que mon café coule.

Je me dirige ensuite jusqu’à la fenêtre puis passe par l’issue de secours. L’escalier en métal représente mon petit extérieur. Tout en posant ma tasse, je m’allume une cigarette.

Tout en inhalant ma dose de nicotine, j’observe la ville de Los Angeles qui s’éveille tranquillement.

Une fois ma cigarette écrasée, mon café bu, j’inspire un grand coup l’air, qui à cette heure-là n’est pas encore étouffant.

Je réintègre mon appartement et sors de chez moi afin de me rendre au studio.



Sur place, je fais signe à l’agent de sécurité devant la barrière puis me dirige vers le parking.

J’attends avec d’autres personnes que le bus nous amenant aux divers studios arrive.

Je sais qu’Andy débarque même avant de le voir, plusieurs jeunes femmes non loin de moi sont en train d’émettre des sons plus proches de volatiles gloussants, que de femmes.

Je lève les yeux au ciel face à leurs bêtises.

Andy arrive, sourire enjôleur, plaqué sur les lèvres et gratifie même d’un clin d’œil les dindes qui gloussent de plus belle.

- Bon matin Sil ! s’écrie-t-il en arrivant vers moi.

- Comment peux-tu être de si bonne humeur dès l’aube ? grogné-je à son attention

- Il y a un horaire de la journée où tu es de bonne humeur Silver ?

Je le toise avec un sourire machiavélique.

- Entre 10 h 00 et 14 h 00 des jours qui finissent en Ar.

Le jeune homme fronce les sourcils, une micro seconde puis éclate de rire.

-Ah Silver, c’est pour ça qu’on t’aime.

Son hilarité se poursuit jusqu’à l’arrivée du bus, où tout le monde prend place.


Aujourd’hui, nous sommes sur le bâtiment 2, toute l’équipe a été conviée plus tôt qu’habituellement. Apparemment, nous avons pris du retard dans le planning ultra serré du nouveau film produit par Tommy Boggs et de sa boite de production Boggs Entertainment.

Andy tient le rôle principal masculin, il y campe un pompier.

Quant à moi, je suis assistante plateau, et mon rôle est de gérer l’équipe sécurité et les cascadeurs.

Ça fait presque deux ans qu’Andy et moi, nous nous sommes rencontrés sur un autre tournage produit par Monsieur Boggs. La joie de vivre d’Andy et sa bonne humeur à toute épreuve ont conquis par on ne sait quel miracle, mon sarcasme et mon cynisme. C’est une de ces amitiés ou de l’extérieur, on ne comprend pas comment une telle chose peut se produire, mais pour nous deux, notre relation est basée sur un amour indéfectible et immuable. Même si je n’admettrai en aucun cas ce genre de chose à voix haute.

Il y a des relations comme ça, qu’aucun mot ne peut expliquer.


Andy me propose un café et se prépare une mixture, qui à la base en était un aussi un, mais auquel il y a ajouté une tonne de lait, un cargo de sucre et pour parfaire l’attentat au Cholestérol un litre de crème.

Je tente de contenir à grand mal un haut-le-cœur.

-Ne dégoûte pas les autres Sil.

- Je ne sais pas comment tu fais pour ingurgiter ça ! Tes artères ne te disent pas merci.

- Et moi, je ne sais pas comment tu fais pour boire ton café comme ça.

- Je l’aime noir…

- Comme ton âme ! rétorque mon ami un sourire mutin aux lèvres

-Hum, impossible, je n’en n’ai plus mon grand ! répliqué-je avant de lui tourner le dos tout en lui faisant un salut de la main.

Je pars rejoindre les techniciens et lui les acteurs.


Tous les membres de l’équipe technique sont attablés avec Larry le chef de plateau.

Je joue avec un stylo en écoutant distraitement ce qui est dit.

Je me rends compte d’un silence persistant, mais trop tard, j'élève le visage vers Larry qui lui me fixe durement.

- On t’ennuie Silver ? grogne mon chef.

- Non Larry, mais si nous somme si en retard, pourquoi on perd du temps à parlementer ?

- Parce que j’en ai décidé ainsi ! Et vu le planning serré, je préfère faire un point complet maintenant que de me répéter tous les foutus matins ! Mais si même mon assistante ne m’écoute pas nous sommes dans la …

Larry commence à virer au rouge, je préfère l’interrompre sachant qu’une flopée de jurons va suivre sinon.

-Entendu Larry, pardon ! J’ai compris.


Le reste de la réunion technique se passe dans un silence religieux.

J’observe Larry Wilson, il semble bourru et toujours en colère, mais c’est un homme bien. Il y a deux ans, il m’a accordé une chance que je ne pensais pas mériter. Pourtant, sous son égide, j’ai rapidement gravi les échelons, mon ancien métier me conférant de bonnes bases en sécurité.


Je suis le genre de personne qui n’aime pas dire merci, pas par manque de politesse, mais j’ai l’impression d’avouer une faiblesse. Que de dire merci représente une aide pour quelque chose que j’ai été incapable d’accomplir.

Cependant, même si je sais que je dois beaucoup à Larry et aux productions Boggs, je préfère effectuer un travail exemplaire plutôt que de prononcer ces cinq lettres.



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4 commentaires

Alexenrose

-

Il y a un an

Silver a l'air d'avoir son petit caractère, j'adore ^^
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