Fyctia
Chapitre 12. ( Partie 2 )
Moves
Suki Waterhouse
“ Ma mère ne m’a jamais aimée. C’est mon père qui s’est toujours occupé de moi et c’est ton grand-père qui me prenait avec lui dans les cas d’extrême urgence. Ma mère n’était pas faite pour en être une. J’ai été la cause de la séparation de mes parents et surtout… La cause de l’alcoolisme de ma mère. J’avais cinq ans quand je l’ai vue allongée à terre pour la première fois avec plusieurs bouteilles autour d’elle. Certaines étaient cassées, d’autres encore emballées et les dernières, complètement vides et posées sur la table comme si tout était normal. Je m’en rappelle comme si c’était hier.
–Et ton père était au courant de tout ça ?
– Je crois que oui… En voulant la réveiller, je me suis coupée et c’est comme ça que mon père a su ce qu’il s’était passé. Ce qui aurait dû s’arrêter a continué jours après jours pour ne plus jamais finir. Ma mère ne me parlait plus sauf pour me demander de l’alcool et pour me dire que tout était de ma faute. Elle arrivait à s’en acheter seule quand elle avait le courage de se lever ou de quitter la maison. Je ne l’ais que très rarement vue éteinte par l’alcool, mon père faisait en sorte que je ne la vois pas dans cet état. Mais ce que mon père n’a jamais su et ce qu’il ne sait toujours pas c’est que quand il n’était pas là, elle me forçait à lui ramener des packs entiers de bouteilles qu’un de ses “amis” ramenait. Quand je ne les lui apportais pas, elle me donnait des claques ou me menaçait de me mettre à la porte. A ce moment-là, j’avais six ans et j’étais très influençable. J’avais très peur d’elle et j’étais facilement en colère. Peut-être que j’extériorisais ce que je vivais par ce biais... Tout s’est arrêté du jour au lendemain quand ma mère est partie. Je ne sais pas où elle est allée, je ne l'ai plus jamais revue et je n’en ais jamais eu l’envie. J’étais surtout très soulagée.
– Je suis désolée que tu ais eu à vivre ça… Tu étais si jeune et tu as perdu ton innocence si tôt…
– J’ai beaucoup souffert pendant mon adolescence de l’absence de mère. Mon père a été le meilleur soutien possible mais... Il ne pouvait pas remplacer l’affection d’une maman. Je n’étais pas en demande de ma mère, seulement d’une maman.”
Je me mordillais la lèvre, ne sachant pas si ma question était déplacée ou non.
“ Et… Ton père n’a jamais pensé à se remettre en couple ?
– J’aurais bien aimé, rit-elle et cela me rassura. Même si nous n’en avions jamais parlé, je sais qu’il s’est toujours interdit le droit d’être à nouveau heureux car il avait peur de me faire du mal.
– Ah ça, le manque de communication peut faire des ravages…
– A qui le dis-tu !”
Nous ne dîmes plus un mot jusqu’à ce que je me décide à enfin reprendre la parole, la lune éclairant toujours nos visages.
“ Sarah, je m’excuse pour tout ce que j’ai dit plus tôt… J’ai été indélicate et terriblement insensible. Tu as raison, je suis égoïste et je vais travailler sur ce point.
– Excuse moi aussi Hazel, je ne pensais pas tout ce que j’e t’ai balancé… J’ai rejeté mes propres incertitudes et ma colère sur toi. Tu ne pouvais pas savoir tout ce que j’ai vécu. Tu sais, tu es spéciale, c’est la première fois que je raconte ça à quelqu’un…
- Merci Sarah de me faire confiance.”
Ce qu’elle venait de me confier me fit monter les larmes aux yeux, j’étais très touchée qu’elle se sente assez à l’aise avec moi pour me partager son passé et surtout, sa vulnérabilité. Je la sentais encore à vif, malmenée par la vie alors je décidais de faire tout mon possible pour qu’elle se sente mieux et qu’elle guérisse.
“ Et tu avais raison sur toute la ligne, je peux parfois être égoïste…
Elle émit un petit rire.
– Tu seras mon égoïste à moi alors…” Dit-elle en me prenant le visage en coupe.
Mon rythme cardiaque s’accéléra et j’étais quelque peu désarçonnée quant à la tournure qu’avaient pris les événements. Un frisson me parcourut le dos.
Elle approcha son visage doucement du mien et… Je réalisais que j’étais enfin prête.
C’était le moment d’accepter cette part de moi.
Cette facette que je venais de découvrir et que j’avais eu tant de mal à tolérer mais que j'aimais finalement du plus profond de mon cœur.
Je vis Sarah écarquiller les yeux et ses mains trembler légèrement. Elle savait. Elle le sentait.
Je regardais Sarah droit dans les yeux et avec ses mains toujours autour de mon visage et le sourire aux lèvres, je m’approchais des siennes sans jamais la quitter du regard. Mes paumes devinrent moites et mes joues rougirent, l’excitation grandissant en moi face à ce que je m’apprêtais à lui confier.
“ Ton égoïste à toi et celle de personne d’autre” répondis-je dans un chuchotement avant qu’elle ne m’embrasse doucement.
Ses lèvres sur les miennes.
Mes mains sur sa taille.
Ses mains sur mon visage.
Putain, si j’avais su que c’était si bon, j’aurais probablement dit oui avant...
L’excitation prit le dessus sur la raison et je commençais à bouger mes lèvres au rythme des siennes. C’était la meilleure sensation possible. C’était tout nouveau pour moi. Cette impression de vouloir être la plus proche possible de sa partenaire… Cette envie de ne faire qu’un avec elle...
J’haletais.
C’était… Ardent, passionné, profond et la voir se reposer presque entièrement sur moi était terriblement érotique.
Et puis ses mouvements devinrent plus lents. Mes mains vinrent se figer sur son cou et mes yeux se fermèrent sous la douceur du geste.
C’était tout aussi agréable. C’était juste… Différent. Plus tendre, timide, sensuel.
Je ne connaissais rien à l’amour ou à la sexualité mais j’avais envie plus que jamais d’en découvrir les nuances avec Sarah.
J’étais décidée à voir où est ce que cette histoire nous mènerait. Je ne savais pas vraiment si nous pouvions nous considérer comme en couple ou dans une quelconque relation mais j’étais décidée à me laisser porter.
Je me sentis soulagée et terriblement excitée à l’idée d’entrer dans une nouvelle phase de ma vie. Je ne me sentais pas moins femme, au contraire. Je me sentais belle, aimée. Et tellement féminine.
Je me détachai d’elle afin de reprendre mon souffle et tout en me relevant, je lui souris tendrement. Nous n’avions plus besoin de mots, nos sourires parlaient d’eux mêmes.
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