-Nightsouls- Et je ne t'ai plus jamais quittée Chapitre 10. ( Partie 2 )

Chapitre 10. ( Partie 2 )

Scott Street x I know the end

Perto


  • TW : Noyade, deuil, mort, suicide.



“ Plus rien n’a plus jamais été pareil. Ma mère me décrivait comme enjouée et terriblement bavarde quand j’étais plus jeune. Après sa mort, c’est comme si j’avais oublié qui j’étais. J’ai dû faire de la rééducation pendant des mois et j’avais beaucoup de problèmes pour me concentrer. Je ne trouvais plus aucune joie dans l’idée d’aller à l’école et me suis réfugiée dans le dessin pour exprimer tout ce que l’on ne disait pas. Tu sais, on ne parle pas de lui à la maison… On ne prononce plus son nom et je m’en veux affreusement pour cela parce que j’ai privé mes parents de leur fils.


– J’ai tué mon frère putain, c’est moi qui aurais dû mourir, pas lui !


- Eh, regarde moi, dit Sarah en prenant mon visage entre ses mains. Tu ne l’as pas tué, affirma-t-elle d’une voix ferme, son regard planté dans le mien. Ce n’est rien d’autre qu’une tragédie. Tu étais toi-même en danger. Ton frère a essayé de te sauver et il serait soulagé de savoir que sa petite sœur a survécu...


- Non. Non ! Tu ne comprends pas ! Criais-je en repoussant ses mains et en me levant.


- Alors explique moi !


- Il est mort en ayant peur, en étant seul et sans pouvoir respirer par ma faute. Si je n’avais pas voulu aller nager ce jour-là, il serait encore avec moi aujourd’hui. Les photos de lui sont retournées chez moi. Il est là mais… Absent. C’est comme si mes parents avaient cherché à oublier sa mort et je ne peux même pas les en blâmer… Mon père ne parle plus. Par ma faute. Il ne m’a plus adressé la parole depuis son enterrement.


– On ne peut pas blâmer une enfant de s’être noyée…


– Et pourtant, c’est ce que mes parents ont fait. Je me rappelle encore des cris de ma mère lorsque son cercueil est descendu dans la fosse… Son désespoir et la manière dont elle m’a secoué en criant que tout était de ma faute. Mais… Je ne peux pas leur en vouloir, elle avait raison. J’étais la raison de ses souffrances. Elle ne voulait pas me lâcher et continuait de me secouer dans tous les sens alors mon père a dû me m’arracher d’elle de force. Je me rappelle de son regard meurtrier et des larmes que mon père a versé pour la première et dernière fois. C’est ce jour précis que j’ai compris à quel point un regard pouvait signifier la haine.


– Oh Hazel, dit-elle en me serrant dans ses bras, et cette fois-ci, je ne la repoussais pas. Tes parents n’auraient jamais dû te blâmer pour la mort de ton frère. Tu n’étais qu’une enfant qui s’est laissée emporter par le courant. Tu ne pouvais rien y faire et tu n’as pas forcé ton frère à sauter dans l’eau alors qu’il savait lui-même que cela était dangereux.”


Elle me caressait les cheveux et blottie contre elle, je m’apaisais.


“Tu venais toi-même de vivre un traumatisme. Tu venais d’avoir sept ans, Hazel. Tu as affronté la mort et la peur. Ne culpabilise pas de vivre ou de vouloir que ton frère soit avec toi. Hugo aurait mérité une fin différente c’est vrai mais tu n’y es pour rien. Tu ne mérites pas la mort, ça ne ferait pas revenir ton frère.”


Pour la première fois je voyais les choses différemment, sous un autre angle. Je m’étais toujours sentie coupable et responsable de la mort de mon grand-frère. Mes parents ne m’avaient jamais donné tort bien au contraire. Je voyais bien les regards accusateurs de ma famille, les coups-d’œil désespérés jetés vers les cadres-photos et les punitions à rallonge. Je pensais mériter tout ça. Depuis mes sept ans. Si ma relation avec mes parents s’était quelque peu adoucie avec les années, je ne m’étais plus jamais sentie aussi proche d’eux que quand j’étais plus jeune. Je n’avais d’ailleurs plus jamais entendu mon père prononcer un seul mot. J’avais toujours fait en sorte de ne pas être un poids pour eux, de me rendre invisible quand je sentais qu’il était nécessaire de l’être.


Les seules personnes à jamais m’avoir soutenue étaient mes grands-parents et Raph. Seuls eux ne m’avaient jamais jugé ce qu’il s’était passé. Seuls eux m’avaient réconfortée.


Quand on m’avait sortie de l’eau, je n’étais pas consciente. Je ne m'étais réveillée qu’à l’hôpital et n’avais appris la mort d’Hugo que là-bas.


Mes parents n’étaient pas là pour me consoler ou pour m’annoncer la nouvelle. Non. C’était mon grand-père.


Il m’avait regardé avec ses grands yeux tristes et son visage marqué par l’inquiétude. Il s’était approché de moi en traînant des pieds et avant même que je ne puisse parler, m’avait enlacé. J’avais beau être assez jeune, j’avais compris. Il n’avait fait que me le confirmer plus tard, le visage livide et pâle.


Mes parents n’étaient venus me voir qu’à ma sortie de l’hôpital pour aller à l’enterrement. Ma mère, habillée de noir et attifée de lunettes noires n’avait pas osé me regarder et moi ? Je n’avais pas osé leur parler. Je savais que tout était de ma faute. Je savais qu’ils m’en voulaient. Et plus que tout, je savais qu’ils ne m’auraient pas répondu.


“Merci” Chuchotais-je à Sarah, le visage encore enfoui dans son cou. Je ne savais pas ce que j’aurais fait sans elle. Cette pensée me fit me rendre compte que j’étais déjà attachée à Sarah. Sûrement plus qu’il ne l’aurait fallu. Comment était-ce possible ? En seulement quelques semaines ? Mon esprit était encore embrouillé mais pour l”heure, je décidais d’arrêter de me poser des questions et de me reposer. Je ne réalisais pas encore ce qu’il venait de se passer ni la chance que j’avais eu d’avoir Sarah avec moi. Encore une fois, j’avais eu besoin que l’on vienne me sauver… Tout ça parce que je me mettais en danger.


J’étais tellement pathétique…


Je n’étais pas encore prête à me lancer dans une quelconque relation, je devais d’abord mettre mes idées au clair et surtout… Aller mieux. Toutes ces années, je n’avais finalement fait que remplacer le pansement qui était censé recouvrir ma plaie béante. Il était temps que j’arrête de la cacher et que je laisse les choses se faire en la laissant cicatriser.


Alors je décidais de proposer à Sarah ce que je pouvais lui donner pour le moment.


“Amies ? Dis-je en tendant ma main.


– Amies, dit-elle avec un grand sourire.”


Elle me laissait aller à mon rythme et rien que pour cela, je ferais de mon mieux pour ne pas la décevoir. Ni elle, ni moi.



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2 commentaires

Zatiak

-

Il y a 3 mois

Hop, je suis à jour 🫶

Vana Aim

-

Il y a 3 mois

😉
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