Fyctia

Those eyes

New West

Je m’avançais dans la forêt, le soleil maintenant sur le point de se coucher. J’étais complètement perdue contrairement à Sarah qui semblait connaître chaque recoin de cet endroit. Elle marchait d’un pas assuré, accélérant inconsciemment à chaque nouveau chemin emprunté. Courant pour la rejoindre, je trébuchais lourdement sur une racine et me sentis tomber vers l’avant. Je me voyais déjà m’écraser face contre terre quand je sentis mon dos heurter violemment quelque chose.

Holy shit, j’étais littéralement plaquée contre un arbre, coincée entre les bras de Sarah.

On se croirait dans un téléfilm romantique, quelle absurdité !

Je regrettais immédiatement cette pensée quand je me rendis compte que nous étions réellement seules… Donc nous étions dans une position délicate et complètement seules ?! Paniquant, je tentait péniblement de m’extirper de ses bras mais la seule chose qu’elle entreprit fit de renforcer la prise qu’elle exerçait sur ma taille. Je me ramollis, mon traître de corps ne m’était vraiment d’aucune utilité ! Je sentais déjà une certaine chaleur s’accentuer dans mon bas ventre, ressentait-elle la même chose ? Cette sensation m’était totalement inconnue et je me demandais si cela était normal.

Nos yeux s’accrochèrent, ne se quittant plus et j’eus l’impression que le temps s’était arrêté. Ses yeux marrons, rendus dorés par le coucher de soleil, semblaient fouiller dans les miens. Comme guidée par des fils invisibles, mes mains allèrent se figer autour de son cou, la tenant fermement contre moi. Je la sentis frissonner. Si je pensais ne lui faire aucun effet, j’étais fixée ! Sans jamais quitter mon visage des yeux, elle se mit à me caresser la joue tout en s'agrippant de son autre main à ma cuisse.

Je me consumais.

Un sourire narquois naquit sur son visage tandis qu’elle fixait mes lèvres avec envie, les pupilles dilatées. Si son envie de m’embrasser était flagrante, en avais-je moi aussi envie ? Il était parfaitement évident que je n’avais jamais ressenti ça pour quelqu’un. Ce sentiment de chaleur, cette attirance irrésistible... Je ne m’étais même jamais imaginée être lesbienne, j’avais toujours pensé être asexuée. Je pensais d’ailleurs encore l’être jusqu’à ce moment précis. J’étais non seulement intriguée par Sarah mais j’étais aussi attirée sexuellement parlant. Comment devais-je réagir face à cette nouvelle sensation qui venait chambouler toutes mes croyances ? Je me dégageais de sa prise, abasourdie et perturbée. J’étais complètement perdue.

“Hazel...” Commença elle sans comprendre ma soudaine froideur mais je m’éloignais sans plus tarder. Je ne pouvais pas lui parler. Je ne pouvais pas être attirée par elle. Je ne pouvais pas l’embrasser. Je ne pouvais tout simplement pas… Je ressentais un trop plein d’émotions et en même temps un certain soulagement. N’étais-je finalement pas si différente des autres ? Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête et c’était si… Frustrant !

J’entendis Sarah m’appeler inlassablement mais je ne me retournais pas. Je ramassais toutes les branches que je trouvais sur mon chemin et tentais sans succès de me remémorer la route qui menait au campement. Sarah fini par me rattraper et je la laissais cette fois-ci parler :

“ Ecoute Hazel, je ne voulais pas te brusquer, je ne l’avais pas prévu et sûrement que toi non plus. Très honnêtement, je m’intéresse à toi et je pensais qu’il en était de même pour toi…

-Je ne sais pas ! Explosais-je. Je ne sais plus ! Et puis on ne se connaît même pas. Nous ne nous sommes rencontrées qu’il y a quelques semaines, comment puis-je t’intéresser ?

– Je n’en sais pas plus que toi, tu m’attires et je ne sais pas comment y résister… Je ne peux et ne veux même pas y résister. J’aurai trop peur de passer à côté de quelque chose de beau.”

Je me pris la tête entre les mains, au bord des larmes. Je ne voulais pas la décevoir, Sarah était vraiment gentille, mignonne et solaire mais j’étais tout simplement perdue.

“ J’irais à ton rythme, je veux juste apprendre à te connaître si tu le veux bien. Cela ne t’engage à rien du tout, et surtout, il ne se passera rien entre nous tant que tu ne seras pas prête, continua-t-elle.”

Comment pouvait-elle être sûre que je serais un jour prête ?

Malgré ce questionnement qui ne cessait de tourner en boucle dans ma tête, j'acquiesçai, rassurée qu’elle ne cherche pas plus loin.