Fyctia

Out of my league

Fitz and the Tantrums

J’attachais habilement mes cheveux noirs de jais en un chignon flou et choisis de n’appliquer que très peu de maquillage sur mon visage. On m’avait heureusement prévenu la veille que l’activité de la matinée allait être sportive! Il n’était que sept heures du matin et pourtant la chaleur ne cessait d’augmenter. Gwen qui était du genre à se lever le plus tard possible et à se rendormir dès qu’elle le pouvait, ne s’était pas encore réveillée et je n’osais pas m’aventurer à la sortir de son sommeil. En effet, elle avait cru bon de me mettre en garde contre, je cite “son humeur de chien de la matinée” et je l’en remerciais gracieusement ! Je n’étais pas, moi non plus, la plus charmante au réveil... Encore ce matin je m’étais réveillée avec un véritable nid d’oiseau sur la tête et une trace d’oreiller remarquable en travers de la joue gauche. Je ne m’étais jamais sentie aussi belle ( vous noterez la touche d’humour ) !

M’apprêtant à sortir pour aller réveiller les enfants, j’enfilais mes baskets et vérifiais mon reflet dans la glace prévue à cet effet. Une fois satisfaite de l’image qu’elle renvoyait, je me hâtais de réveiller les filles une à une. La tente des filles était très calme. Pas un son ne se faisait entendre mis à part le chant des oiseaux. Elles étaient toutes encore endormies. Toutes sauf la petite Violette qui lisait déjà un livre. Accoudée sur son lit avec des lunettes trop grandes sur le nez, elle tourna son visage vers moi et telle une enfant pleine de joie de vivre, couru dans mes bras afin de me faire un câlin. Avec ses petits bras menus autour de mes jambes, je me penchais afin de lui demander comment s'était passée sa première nuit. Elle me raconta avec enjouement son rêve, ce qui finit par réveiller les autres filles. Tour à tour, elles me racontèrent leurs rêves tout en s’habillant. J’appréciais qu’elles me fassent assez confiance pour me demander de l’aide quand elles en avaient besoin. Une fois les filles prêtes, je m’attaquais à la tente des garçons qui était – à mon plus grand désarroi – un vrai bordel ! Léon qui était le plus jeune des cinq sautait sur son lit, imité par Joachim tandis qu’Olivier se baladait avec sa couette à la main, le visage encore marqué par la nuit. Théo et Naël quant à eux essayaient de faire descendre les deux garçons au sol. Incapable de résister face à ce spectacle pour le moins ahurissant, j’éclatais de rire. Ils se tournèrent tous vers moi et je reprenais contenance, essayant de cacher mon sourire tant bien que mal. Ils avaient beau afficher un air penaud, je repris les choses en main et leur demandais gentiment de s’habiller en huit minutes chrono, leur expliquant qu'au-delà de ce temps imparti, il serait compliqué pour eux d’avoir accès à la cantine. Et bizarrement, ils ne rechignèrent plus à se préparer...

Moi comme les enfants, avaient revêtu un t-shirt de la couleur de mon équipe. Rouge. La couleur qui symbolise le combat, c’était tout bonnement parfait. Mon but premier était bien évidemment de montrer à mes petits coéquipiers que l’important était de participer mais si je pouvais leur apporter la victoire en plus d’une belle leçon de vie, je n’allais pas dire non… Ne vous méprenez pas, le mot “compétition” m’était totalement inconnu ! Dans chaque équipe se trouvait un adulte et cinq enfants. Je formais moi-même une équipe avec Joachim, Salma, Violette, Julie et Naël. Le pauvre Théo qui avait été séparé de son frère avait l’air d’être mécontent et fusillait du regard Luke qui avait formé les équipes. Le pauvre s’était déjà fait un ennemi !

“Le principe est simple, expliquais-je aux enfants, Vous connaissez tous les règles du Morpion ?”

Ils acquiescèrent en cœur, concentrés.

“Bien, chacun notre tour, nous allons devoir nous passer la craie qui sert à dessiner un cercle à l’emplacement que nous voulons. Le but est de former un alignement de cercles sur trois cases sans qu’une croix de l’équipe adverse ne vienne s’y glisser. Compris ?

– Oui ! Crièrent-ils presque à la manière d’un cri de guerre et je les encourageais tour à tour.”

Bien évidemment ce morpion géant se jouait en deux équipes et après avoir tiré au sort, nous nous retrouvâmes contre l’équipe de Sarah, l’équipe bleue. Afin de montrer l’exemple, je serrais la main de Sarah tout en essayant d’ignorer la sensation intense de brûlure que je ressentais constamment à son contact. Détachant difficilement mon regard du sien, nous forçâmes presque les enfants à se serrer les mains entre eux. Comme quoi, leur apprendre à jouer fair play et à accepter docilement la victoire comme la défaite était indispensable !

Le coup de sifflet retentit et Salma s’élança à toute vitesse vers le carré, ses longs cheveux presque blancs voltigeant derrière elle. J’étais vraiment impressionnée par sa détermination et par sa rapidité. Elle était suivie de près par un garçon de l’équipe adverse, le pauvre faisait ce qu’il pouvait pour la rattraper ! Elle se décida à dessiner un cercle dans la case du milieu et le jeune garçon forma une croix dans une case qui semblait totalement choisie au hasard. Elle revint en sautillant, heureuse de sa réussite. Nous ne fûmes pas aussi chanceux le tour suivant... Une petite fille de l’équipe bleue avait réussi à placer sa croix avant Naël à côté de leur précédent signe. Je rassurais Naël qui était revenu avec une mine dépitée sur le visage et ce fut au tour de Joachim. Il détala à toute vitesse mais se tordit la cheville dans un cri de douleur. Accourant à ses côtés, je demandais à Violette de le remplacer en lui conseillant de ne pas courir trop vite. Et bien évidemment, elle partit aussi comme une fusée.

Mais bon sang ils voulaient tous se péter la cheville ?!

Elle arriva avant la deuxième petite fille mais se trompa de case, plaçant le cercle juste en dessous de la case du milieu. L’autre enfant ne se pria pas de la narguer pour cette erreur et dessina une croix à la gauche de notre nouveau cercle.

Il ne nous restait maintenant plus que deux tours à jouer et c’est sous les encouragements des enfants que je m’aventurais vers la case ciblée. Je courrais du plus vite que je le pus sans jamais me retourner. Ce n’est qu’au dernier moment que je me décidais à tourner la tête et ce fut une terrible erreur… Je sentis une effluve me caresser la joue et fermais les yeux brièvement. En les rouvrant je vis Sarah me dépasser en trombe. D’un sourire victorieux, elle apposa une croix dans la case que je visais moi-aussi. Aussi estomaquée que dégoûtée, je me retournais vers les enfants avant de percevoir un clin d’œil de la part de mon adversaire. Je plissai les yeux dans sa direction, me voulant menaçante. Mais aux vues de son sourire, j’avais dû avoir l’air ridicule ! Je m’excusais auprès des enfants qui m’encouragèrent à ne pas me laisser abattre.