Fyctia
Chapitre 4. (Partie 2)
Cigarette Daydreams
Cage the Elephant
Tous ensemble nous nous rassemblâmes afin d’essayer de monter les tentes correctement. Si je pensais voir des tentes traditionnelles, je ne m’attendais certainement pas à voir des tentes canadiennes. J’étais au Canada me direz vous mais je pouvais parfois manquer de logique. Je n’en avais jamais vu de telles, couleur sable, avec des piquets à installer. Nous formâmes des équipes de deux et aidée par Luc, un jeune homme de dix-huit ans, je commençais à installer le tapis principal. La zone était immense alors installer douze tentes allait être plutôt aisé. Par contre, j’étais plus inquiète par le temps que tout cela allait nous prendre… M’encourageant mentalement, nous étalâmes ensuite la tente au sol avant de nous emparer des piquets et de les placer aux endroits voulus. Nous mîmes environ trente minutes à réussir à dompter cet amas de tissu avant de nous attaquer – à mon grand dam – aux autres tentes qui, je le savais, allaient être toutes aussi compliquées à monter.
Une fois les tentes installées dont celles prévues à notre effet, j’acceptais de bon cœur le café qu’on me tendit. J’en avais bien plus que besoin ! Nous venions de passer deux heures à monter ce fichu campement cannadien sans pause. Sans parler de la notice qui indiquait “quinze minutes” de montage, mon oeil ! Je demandais à voir les créateurs de ces tentes en action, car à moins d’avoir au moins huit bras et des piquets ultra glissants, il était impossible de ne passer que quinze minutes dessus ! Et puis, ni Luke ni moi n’avions d'expérience, ce qui a rendu la tâche bien plus ardue que pour les autres qui avançaient deux fois plus vite. C'était d'ailleurs grâce à notre “petit” retard que nous avions pu recevoir l’aide de Sarah pour monter la dernière. Si je pensais avoir de l'endurance, force est de constater que ce n’était pas le cas !
J’allais m’asseoir sur un banc, le soleil n’allait pas tarder à se coucher et je mourrais actuellement de faim. Si le midi nous avions pu manger à la cantine, nous n’avions pas la même chance le soir. Nous devions rentrer chez nous afin de préparer nos affaires pour les jours qui allaient suivre.
Les animateurs partirent donc petit à petit pendant que nous faisions la vaisselle. Gwen venait tout juste de partir quand Sarah arriva pour m’aider. Nous nous retrouvâmes seules et je l’interrogeais enfin au sujet de sa présence ici :
“Sarah… Pourquoi quand je t’ai raconté hier que je venais ici pour travailler, tu ne m’as rien dit ?
– Je voulais que tu le découvres par toi même pourquoi ? Tu ne serais pas venue si tu avais su ?
– Bien sûr que si, c’est juste que quand j’y repense, je me sens un peu bête de t’avoir présenté la colonie alors que tu la connaissais, dis-je avec un petit rire gêné.”
Elle se rapprocha de moi, si bien que je pouvais presque sentir la chaleur émaner de son corps. Je relevais la tête, tombant nez à nez avec ses yeux chocolat.
“ Excuse-moi Hazel, mon but n’a jamais été de te tromper, j’ai beaucoup apprécié notre conversation hier et je n'ai juste pas eu le cœur de t’interrompre ”assura-elle avec un regard triste qui me fit culpabiliser quant à mes doutes.
Malgré tout, ce qu’elle m’avoua me rassura, je ne la connaissais que depuis peu et pourtant, j’avais l’impression de toujours l’avoir connue. Sensation étrange mais loin d’être déplaisante. J’aurai été déçue de savoir que tout ce que nous nous étions dit le jour d’avant n’étaient que des mensonges et une manière de se jouer de moi.
Dans la voiture, Sarah s’amusa à raconter des anecdotes sur l’après-midi et il faut dire que je n’avais finalement pas été la seule à avoir eu du fil à retordre…
“Hazel, tu te rappelles quand toi et Luc avez monté ta tente à l’envers, et bien je suis venue aider parce que je venais de faire la même erreur et que je me sentais coupable de ne pas m’être rendue compte plus tôt que vous faisiez la même.
– Peu m’importe la raison, ton aide nous a été très utile, j’ai cru que nous n’arriverions jamais à nous en sortir !” Fis-je de mon air le plus dramatique qui fit rire mon grand-père.
- D’ailleurs, je ne sais pas si tu as remarqué mais nous avons perdu un piquet durant le montage. J’avais beau le chercher inlassablement, il était tout bonnement introuvable, continuais-je.
- Tant que la tente tient, je ne vois pas le problème, s'exclama Sarah.
- Je suis vraiment très heureux que vous vous entendiez bien les filles, ajouta mon grand-père, Hazel n’a pas beaucoup d’expérience avec les personnes de son âge...
- Je suis plus qu’heureuse d’être là pour elle Gabriel.”
La réponse de Sarah était sûrement innocente mais elle me fit rougir. Espérant qu’elle n’ait rien remarqué, je tournais mon visage vers la vitre non sans découvrir le regard de mon grand père posé sur moi depuis le rétroviseur. Je me renfrognais, soucieuse d’avoir été prise sur le fait.
Nous déposâmes la cause de mes tourments chez elle et bras sans dessus dessous, nous rentrâmes à notre tour. Mon ventre gronda bruyamment ce qui nous fit rire tous les deux, quand je disais avoir faim, ce n’était pas une blague !
Nous nous assîmes rapidement avec la hâte d’assouvir nos appétits et je m'aperçus que mon grand-père avait cuisiné mon plat préféré. Nous avions toujours été très proches mais le fait d’être constamment éloignés a légèrement affaibli notre lien. Le simple fait de savoir qu’il se souvenait de ce détail suffit pour faire couler mes larmes. Quand j’étais plus jeune, mon grand-père et ma grand-mère venaient souvent passer du temps à la maison pendant l’été. Il avait toujours été là pour me rassurer et pour me consoler quand je m'égratignais quelque part ( ce que je faisais assez souvent en réalité ) ou quand je me plaignais que les autres enfants ne jouaient jamais avec moi.
Je me levais pour aller l’embrasser, sa chaleur réconfortante accentua le sentiment de sécurité que je ressentais en sa présence. Je n’étais restée que deux jours et cela me laissait un goût amer dans la bouche, une impression de “pas-fini”. Nous avions été séparés pendant si longtemps et je devais déjà m’en aller !
“Allez, trêve de larmes, nous ne sommes pas ici pour nous apitoyer! Ta grand-mère me tuerait si elle savait que je t’ai fait pleurer alors que c’est la première fois que tu viens ici. ”
Je ris en m'essuyant les yeux d’une main. Mon grand-père essayait tant bien que mal de rendre le sujet plus léger mais je voyais bien qu’il était lui aussi très ému. Il avait toujours ce même regard quand il pensait à ma grand-mère partie bien trop tôt.
Tout en mangeant le gratin de saumon spécialement préparé pour moi, j’écoutais sagement mon grand-père discuter de sa vie ici à Québec. Il me promit de me faire visiter sa ville lors de ma prochaine visite et cela suffit à me combler de bonheur.
4 commentaires
Lunedelivre
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Il y a 4 mois
-Nightsouls-
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Il y a 4 mois
Alconstance
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Il y a 5 mois
-Nightsouls-
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Il y a 5 mois