Fyctia
Chapitre 2. ( Partie 2 )
There She goes
The La's
J’étais vraiment admirative de leur état d’esprit, il est vrai qu’à cette époque ces pensées pouvaient sembler avant-gardistes et même égoïstes aux yeux de certains. On ne comprenait pas pourquoi une femme pouvait ne pas vouloir d’enfants alors que les raisons étaient et sont encore multiples. On ne pouvait pas concevoir qu’il n’y avait pas besoin de raison pour ne pas vouloir d’enfant tout simplement. Louise et Philippe avaient su mettre leurs besoins en priorité, ils avaient su faire les choix qui leurs semblaient justes et avaient su penser aussi bien à leurs vies qui pourraient diamétralement changer, qu’à celle de leurs enfants qui n’auraient pas forcément vécu dans un climat propice à leur épanouissement.
“Hazel, avez vous vous même rencontré la personne qui vous donne continuellement envie de sourire ?
– Pas encore... et je doute même de la trouver dans les prochaines semaines ! Si je me suis envolée pour le canada c’est avant tout pour essayer de me construire loin de ce que j’ai toujours connu ou du moins de tenter de me construire.
- C’est tout à votre honneur, à votre âge j’aurai rêvé de faire la même chose et à défaut d’avoir pu le faire avant, je le réalise maintenant. Soyez fière de ce que vous accomplissez et lorsque vous aurez atteint votre but, félicitez vous car vous aurez réussi à découvrir la réponse à ce pourquoi vous étiez venue.
Ses mots me réchauffèrent étrangement le cœur et j’eus une envie soudaine de pleurer à chaudes larmes. Tirant nerveusement sur ma manche et me mordillant nerveusement la lèvre inférieure, je me détournais pour contempler l’horizon par le hublot.
Ce que je vis m’époustoufla et m’éloigna de mes sombres pensées. Une épaisse couche de nuages dans les tons oranges, roses et bleus recouvrait les mers et s’étendait sur toute la surface du ciel. Ce mélange de couleurs était réellement la plus belle chose que j’ai jamais vu de ma vie, cette sensation de pouvoir toucher les nuages même à travers une petite vitre...
Tout en admirant le vaste espace qui défilait lentement devant mes yeux, je tentais de chercher la cause de ma tristesse et de mes doutes. Me pensant accablée, je réalisais plutôt que j'éprouvais de la rancœur. J'étais en colère contre moi-même pour tant de raisons et je me posais un milliard de questions pour lesquelles je n'avais toujours pas les réponses : pourquoi ne pouvais-je pas avoir de sentiments pour Raph, pourquoi ne pouvais-je pas ressentir un quelconque sentiment amoureux pour un garçon, pourquoi n'avais-je jamais été en couple, pourquoi n'avais-je jamais plu à personne si ce n'est à mon meilleur ami ? La seule réponse qui me venait en tête était que je n'étais pas normale.
Je ne pouvais pas l'être.
Pas alors que j’avais tant de questions à poser.
J'étais encore vierge et n'avais jamais eu envie de passer le pas. Etait-ce courant ?
De toute façon, que je le veuille ou pas, je ne voyais pas comment j’aurai pu avoir une relation sexuelle quand je n’avais jamais répondu aux critères d’une personne.
Assez de drama Hazel, un jour tu trouveras la personne qui te feras te sentir prête et alors quand ce sera le cas, tu ne devras pas hésiter et foncer.
Cette pensée m’apaisa et je commençais à voir les choses autrement, après tout, la virginité n’était pas une honte.
Au fur et à mesure que les heures passaient, j'apprenais à connaître Louise et Philippe. Ils racontaient chaque anecdote avec un ton si passionné et d’une expression si comique qu'il était tout bonnement impossible d'y résister !
Quand on nous annonça que nous étions bientôt arrivés, j'avais déjà bu trois cafés, piqué du nez quatre fois et mangé deux repas.
J'étais plus que soulagée d'arriver.
Non pas que je n'avais pas apprécié écouter mes voisins mais rester quinze heures au même endroit avec du brouhaha incessant : très peu pour moi.
Allant rapidement aux toilettes pour essayer d'effacer l'impression "J'ai mis les doigts dans une prise", je me maquillais légèrement... Bon après une rapide mais intense réflexion, un ravalement de façade s’était imposé ! Parce qu'avec plus de café que de nourriture dans le sang , vous comprendrez que même les personnes pour qui les cernes étaient étrangères ne pourraient pas faire autrement !
L'atterrissage se fit en douceur et nous descendîmes tous le plus rapidement possible. Le soleil m’éblouit presque aussitôt pendant et l'air chaud du Canada emplit mes poumons.
Essayant par la suite de trouver tant bien que mal ma valise parmi les centaines déjà présentes, je la portais difficilement vers le point d'attente prévu à cet effet.
Quelques minutes après mon arrivée je remarquais un homme qui faisait de grands gestes dans ma direction, sûrement en espérant attirer mon attention. Son apparence me parut familière et je plissais les yeux afin de mieux discerner sa silhouette.
Soudainement, je le reconnus et c’est pleine d'énergie que je tirais de toute mes forces ma valise et m'élançais dans sa direction.
Mon grand père ouvrit grand ses bras pour que je m’y jette toujours aussi brusquement ( ne soyez pas surpris, les vieilles habitudes ont la peau dure ).
Son habituelle senteur boisée me ramena en enfance et nous rîmes simultanément de voir ma valise échouée sur le sol de l'aéroport avec mes magnifiques chaussons rênes qui - si je ne les rangeais pas dans la minute - étaient sur le point de s'enfuir.
Je n'avais pas vu mon grand père depuis maintenant trois ans... Avec la hausse du coût des matières premières et les vols devenus beaucoup trop chers, il était presque impossible de se voir. Et encore, je n'avais jamais fait le déplacement jusqu'à chez lui avant aujourd'hui.
Mon grand père n’avait que peu changé, ses cheveux étaient légèrement plus gris mais à part cela, il était resté l’exact même grand père de quand j’étais plus jeune. Il avait gardé ses profonds yeux bleus typiques de ma famille et sa carrure massive.
Il m’observa très sérieusement et s’écria tout à coup équipé de son merveilleux accent québécois:
“ Tabarnak Hazel, tu n’es plus une jeune fille mais une jeune femme ! C’est fou ce que tu as pu changer en trois ans d’intervalle.
– Je te rappelle que pendant ces trois ans, j’ai réussi à quitter le lycée et eu ma première année de licence ; je ne pouvais pas rester une adolescente indéfiniment, dis-je en riant.
– Et bien j’aurai préféré, cela m’aurait fait rajeunir !
Je montais dans sa “Toyota Corolla” apparemment très prisée des québécois d'après lui et nous prîmes la route. C’était la première fois que je voyais un tel paysage : de larges plaines s’étendaient de chaque côté de la route et des sapins encore verdoyants semblaient nous montrer la voie.
Ouvrant la fenêtre pour m'imprégner complètement de l'ambiance particulière, je me laissais porter par cette délicieuse et réconfortante odeur de forêt et par ce doux soleil qui rougissait déjà ma peau claire.
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dupamel
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Lily Bn
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illusiona
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Pjustine
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Samantha Beltrami
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