Fyctia
4.1 Jonathan
Je suis complètement perdu là. Je ne sais pas où je me trouve, ni où est Noah.
Il fait nuit noire.
L'interrupteur ne fonctionne pas, l'ampoule grésille. Je crois que je suis dans mon appartement, parce que lorsque je marche dans l'immense salon, mon tibia cogne fort contre une table basse. C'est comme une sensation de déjà-vu. Enfin, étant donné que je suis dans la pénombre la plus totale, je dirais plutôt que c'est une impression de déjà-fait.
Du côté opposé, j'arrive à trouver un autre interrupteur, près du placard coulissant où je stocke la bouffe. Bizarre, le placard n'est pas à sa place.
J'appuie et … rien. Quel calme ! C'en est presque angoissant. D'ailleurs, des gouttes de sueur me chatouillent le front et me font cligner des paupières. Je les essuie et tente de nouveau d'allumer la pièce.
Au moment où l'éclairage fonctionne enfin, je réalise avec stupeur que je ne suis pas chez moi. Je reconnais parfaitement ce loft avec les poutres en bois apparentes. Je monte à la hâte l'escalier menant à la mezzanine et là ... c'est le traumatisme !
— Maéva ?
Je m'étais promis de ne plus jamais prononcer son nom à voix haute mais je me suis laissé submerger par la peur, par ce passé qui me rattrape. Je tremble à l'idée de découvrir qui est cet homme caché sous la couverture.
L'histoire se répète et ça fait mal.
Comme paralysé, je ne parviens pas à faire un pas de plus. Voldemort exhibe un sourire narquois très caractéristique de sa personnalité, puis elle arrache la couette d'un geste rapide.
Impossible ! Je peine à y croire !
Le même homme aux cheveux blonds mi-longs me regarde et prend lâchement la fuite. Au bout du lit king size se trouve ...
— Noah ? Mais qu'est-ce que ... qu'est-ce que tu ...
— Mon pote, désolé que tu l'apprennes comme ça, mais fallait que tu te réveilles, j'étais obligé.
En cet instant, je voudrais mettre fin à ce calvaire une bonne fois pour toute. Je pense à des choses terribles. Des choses qui me permettraient de ne plus ressentir cette souffrance. Et en même temps, mon esprit est floué, rien n'est clair. Je me sens manipulé de l'intérieur, comme une vulgaire marionnette bon marché.
Je redescends au premier niveau de l'appartement, je ne trouve plus la porte d'entrée. Mes pas se font lents et ma mémoire est entachée. Lorsque je balaye la pièce du regard, le parquet, les meubles en bois, les chaises hautes ... la lumière tamisée se concentre sur le grand canapé gris en cuir. Mes yeux bloquent et des tambourinements assaillent mon crâne.
— Zoé ?
Je ne l'avais plus revue depuis le lycée. Elle est tranquillement assise à me juger du regard et cette sérénité m'oppresse.
OK, je crois avoir compris où tout ça va me mener. Où sont les autres ? Qu'on m'achève immédiatement …
— Jo, retourne-toi.
Je souris nerveusement au son de cette voix si familière. À une époque, elle était la plus belle voix que je connaissais.
L'émotion me submerge lorsque je me retourne. Je redécouvre alors son doux visage, Johanna transpire la simplicité, elle n'a pas changé.
Une petite fille blonde lui tient la main, je l'observe attentivement, c'est ... impossible !
La poupée Barbie devrait avoir grandi depuis le temps ...
— Pourquoi Johanna ? Pourquoi es-tu partie du jour au lendemain ?
Elle tient toujours la main de Laura et tend l'autre bras vers moi.
— Tu sais pourquoi John ! me dit Noah en descendant les marches.
L'instant d'après, je me retrouve encerclé par toutes ces femmes qui ont fait partie de ma vie.
Laura, Zoé, Voldemort, Johanna ...
S'ajoutent à la ronde le blond en tenue d'Adam et mon meilleur pote.
Ma gorge se serre, se noue, je n'ai plus de voix.
Parmi tout ce beau monde, la seule personne à laquelle je veuille parler s'efface tel un hologramme.
Encore et toujours la même question, en boucle, dans mon esprit.
Pourquoi Johanna ?
Pourquoi avoir brisé notre duo Jo&Jo ?
Ni maintenant, ni jamais je n'aurai la réponse à cette question.
Petit à petit, la ronde se rétrécit et je suffoque.
Soudain, la lumière s'éteint, l'étau se referme et je me sens partir, loin, très loin.
Je chute dans une espèce de trou noir, sans paroi à laquelle me rattraper.
Je hurle de toutes mes forces pour tenter d'être secouru, ranimé, mais le son de ma voix n'a plus aucune tonalité.
Je hurle, je hurle, dans cette spirale interminable.
— Oooooh ! Au s'cours ! Au s'cours !
— Hé mon pote t'abuse à hurler comme ça, me lance Noah, les yeux à peine entrouverts. Tu m'as réveillé en sursaut et j'ai une sacrée gueule de bois.
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Chris Vlam
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