Fyctia
2.1 Jonathan
Moi, c'est Jonathan Maurel !
Et lui, le relou qui reste planté devant la porte des chiottes, c'est Noah, mon meilleur pote. Son père est guadeloupéen, sa mère … il n'a jamais connu sa mère. C'est peut-être pour ça qu'il ne s'engage jamais sentimentalement. Lui, dira que c'est parce que la vie est courte et qu'il préfère favoriser les relations rapides et sans prise de tête, mais moi je sais que derrière son apparence de tombeur cool et sans attache, se cache un cœur tendre. Un cœur à prendre.
Quant à moi, je n'ai pas toujours été le mec dépressif que vous voyez là. Non, j'étais même assez épanoui à vrai dire. Très souriant, et avec le recul, un brin trop gentil je pense. Mais pour bien comprendre, il faut remonter un peu en arrière. Beaucoup en arrière …
1995 - Ça, c'est la piscine de la résidence de mes grands-parents, à Antibes, dans le sud de la France. Mes parents et moi, nous y allions tous les étés quand j'étais petit. Là, le mignon petit brun aux oreilles décollées, c'est moi à l'âge de cinq ans. Et elle, la poupée Barbie en maillot rose, c'est Laura, mon premier amour. Elle avait six ans. Je sais ce que vous pensez, mais l'amour n'a pas d'âge. En tout cas, c'est ce que je pensais jusqu'à aujourd'hui.
Laura et moi étions inséparables. Nous nous poussions à tour de rôle dans la piscine, nous jouions à cache-cache dans la verdure (elle me trouvait bien plus souvent), nous discutions beaucoup aussi, de quoi je ne me rappelle pas, mais je ne doute pas que ça devait être grandement philosophique. Je caressais sa chevelure en or et elle me faisait un bisou sur la bouche en échange.
Oui, nous filions le parfait amour … jusqu'à l'arrivée de Xavier !
Ah ! Ce maudit Xavier !
Le playboy en herbe était âgé de huit ans et venait tout juste de débarquer dans la résidence avec sa mère. Et moi, j'avais fait l'erreur de laisser cette enflure s'immiscer dans notre duo inséparable. C'était désormais un trio. Mais soyons franc, dans un trio, il ne peut finalement rester qu'un pathétique duo.
Xavier et sa mère étaient là le temps d'un été. Juste le temps d'un été. Juste le temps de me voler l'amour de ma vie.
Il aura fallu quelques jours seulement à ma Barbie chérie pour m'annoncer : "Désolée Jonathan, je m'amuse beaucoup avec toi et je t'apprécie vraiment, mais tu comprends, Xavier est plus âgé que moi alors que tu es plus jeune". Une réplique de la mort, accompagnée d'un bisou sur la joue et d'une caresse sur l'épaule. Sans oublier la magnifique conclusion : "Mais on peut rester amis".
Je crois que je n'ai définitivement jamais digéré de m'être fait larguer de la sorte.
2007 - Bon, là je n'étais définitivement pas à mon avantage. Les oreilles décollées ne se sont pas recollées par magie, les boutons ont parsemé mon visage pendant plusieurs années et pour couronner le tout … c'était quoi cette coiffure hideuse ! Heureusement que l'épisode du chemin de fer sur les dents était loin derrière moi. C'était d'ailleurs le seul caractère physique qui me permettait de garder le statut de "mignon". Mon sourire.
Je me souviens que c'était l'année du bac, et l'inconvénient quand on est fils unique, c'est que les parents n'ont pas d'autre cible à abattre que vous.
Bref, ce n'est pas le sujet …
Cette année-là, c'est aussi celle où j'ai eu un véritable coup de foudre. Je faisais la queue à la cantine du lycée lorsque quelqu'un m'a écrasé le pied. Je me suis retourné et je l'ai vue.
Face à moi, la jolie brune aux yeux bleus, c'est Zoé. Le sourire le plus radieux que je n'avais jamais vu.
"Pardon". Deux malheureuses syllabes que je n'ai même pas entendues tant j'étais happé par sa beauté.
Etant donné que je ne voulais plus revivre le même échec cuisant qu'avec Laura, j'ai agi différemment cette fois-ci. Et puis surtout, Zoé était un vrai canon, alors que moi j'étais … et bien j'étais moi.
J'avais un plan infaillible !
Premièrement, acquérir sa confiance. Deuxièmement, la faire tomber amoureuse de moi. Etape finale, l'embrasser et me mettre en couple avec elle.
Je vous étonne si je vous dis que le plan n'a pas fonctionné comme prévu ?
Au lycée, je jouais le mec distant, une simple bise pour dire bonjour. Le soir, nous passions beaucoup de temps à parler sur MSN. Par la suite, je lui ai demandé son numéro de téléphone. J'ai commencé à l'appeler et à lui envoyer des messages. Lorsqu'elle ne répondait pas dans les minutes suivantes, je renvoyais un message. Histoire d'être sûr qu'elle ne faisait pas la gueule. Et puis, en journée au lycée, je l'observais de temps à autre.
Ok, je plaide coupable ! Avec le recul, je m'aperçois que ce comportement était très proche de celui d'un sociopathe. Ça doit être pour cette raison que lorsqu'elle m'a demandé "Jonathan, qu'est-ce que tu attends de moi précisément ?" et que moi j'ai répondu que j'avais des sentiments pour elle, j'ai dû affronter un terrible revers.
Aïe ! Ça fait mal !
J'ignore si vous avez de la peine pour moi ou si mon cas désespéré vous donne envie de m'euthanasier, mais sachez que le pire n'est pas encore derrière moi.
Non, le pire arrive des années plus tard …
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