Fyctia

Pendant ce temps, sur Terre …

C'est tout de même marrant, quand on pense que le but de notre existence sur Terre est de procréer, travailler, élever sa descendance, protéger sa famille, vieillir puis … mourir ?

Si un déluré a le désir de se sentir utile et de flatter son ego, il lui reste la possibilité d'accéder à un statut supérieur, social ou religieux.

Ok, mais tout ça, à quoi ça sert quand on est mort ? D'ailleurs, il y a quoi après la mort ? S'il y a réellement un Etre tout puissant là-haut, il n'a sûrement pas vu mes appels de détresse.

Finalement, notre objectif à tous, c'est cette longue ligne droite à la recherche du bonheur. Mais c'est quoi le bonheur ? Et qu'on ne me parle surtout plus d'amour. Parce que ça, vraiment, ça craint !

— Oh oh ! Tu penses à quoi mon pote ? me demande-t-il

Je décide de répondre par un hochement de tête évasif "à rien".

Connaissant la persévérance de mon ami, il ne se contentera pas de cette réponse. Je décide donc de me lever du canapé et partir aux toilettes en claquant la porte.

Même pas trente secondes plus tard, j'entends ses pas de rapace sarcastique se rapprocher. C'est certain qu'il va me lancer l'une de ses répliques qui, en temps normal me redonnerait le sourire. Mais là, je crois que c'est peine perdue.

Toc, toc, toc

— Mon pote, sors de là, je sais que c'est pour m'éviter … Tu vas pas déprimer pendant 100 ans à cause d'une meuf dont tu ne te rappelleras même pas le nom dans quelques mois.

Non, finalement rien de drôle. Je le trouve d'ailleurs un peu trop solennel. C'est à ce point que j'ai l'air mal ?

— Tu plaisantes j'espère ! Cette fille, j'en suis dingue ! C'est facile pour toi, t'es hermétique aux sentiments humains.

Je crie à travers la porte et je me demande si même les voisins du quatrième ne m'ont pas entendu. C'est pourtant le couple le plus sourd de toute la résidence. Un vieux couple aigri qui se hurle dessus à coup d'insultes bien senties. En même temps, qui peut leur en vouloir ? Ils font un concours permanent de celui des deux qui aura l'appareil auditif le plus moderne.

— T'as pas tort tu sais … Mais toi aussi, à une époque t'étais fun, t'en avais rien à foutre de rien.

— Ouais exact, mais ça, c'était avant !

— Okay. T'es mon pote et la situation devient ultra urgente là !

Il ne va quand même pas me faire le coup ? Il n'oserait pas dans cette situation ...

— Je sors la carte. Tu te souviens que tu m'en dois une mec ? me demande-t-il sans forcément attendre de réponse.

— Oui, je me souviens. Mais il me semble qu'on sort la carte de "l'amitié réciproque" uniquement lorsque l'autre a un service à demander.

La carte de l'amitié réciproque. C'est bien joué de sa part, mais je choisis de faire le mort.

— T'as raison et justement, j'ai un service à te demander.

— Ah bon ? Lequel ?

— Faut absolument que tu sortes boire un coup avec moi, c'est vital.

— C'est pas un service ça ! Et puis, t'es sérieux mon pote ? Tu vas vraiment utiliser la carte pour ça, alors que toi tu m'avais prêté 2 000 balles quand j'étais en galère ?

— Si y'a pas d'autre moyen …

— Il y a un autre moyen. Oublie-moi !

— Oui oui bien sûr. Putain, désolé j'y avais pas pensé. T'as raison, après toutes ces années d'amitié, c'est naturel que je t'oublie. Ah ! Franchement c'est trop bête de ne pas y avoir pensé avant. Bon bah … Ça m'a fait plaisir !

Il me fait rire ce con ! Mais je me retiens d'émettre un son, je préfère continuer à broyer du noir.

— Va chier !

— Oui, merci, va chier aussi ! réplique-t-il en imitant la voix d'Eddie Murphy dans un Prince à New York.

Je m'éclate littéralement de rire. Cette fois-ci, je ne suis pas parvenu à retenir quoi que ce soit ! Et merde !

Bon, on va faire une pause et je vais vous expliquer …