Fyctia
1.6 Angie
Encore une épreuve pour mes petits poumons avec cette course dans les rues de Paris et le métro. Je me demande si tous les humains résidant à Paris courent autant dans tous les sens ou si c'est une particularité de Léa …
Désormais, nous sommes "chez elle" m'a-t-elle dit. Elle réside dans l'un de ces édifices qui ont ravi mes yeux lors de mon arrivée. Et je dois concéder que les humains sont dotés d'une certaine intelligence, ils m'étonnent. Ils ont pensé à diviser l'intérieur de ces édifices en plusieurs lieux de vie, ainsi ils y demeurent en communauté tout en gardant chacun leur indépendance. Quand je pense que mes frères ne m'ont jamais laissé approcher des endroits qui leur étaient consacrés!
"Tu n'a rien à faire là Képhrénaëlle, Père n'approuverait pas." … "Voyons ma sœur, tu n'as pas le droit d'approcher de si près les nuages." … "Arrête de te coller au portail des prières !" … "N'approche plus de la porte du Paradis ! ", … Je suis lasse de toutes ces interdictions !
— Voilà mon appartement ! me dit Léa. C'est modeste, mais bon, à Paris si t'es assistante sociale, c'est tout c'que t'as … je suis tebé moi, tu vis dans la rue et je me plains presque de ma situation.
Je ne savais pas qu'il était possible de vivre dans la rue. C'est bruyant et ça pue. Je vais continuer à la laisser croire que c'est le cas, sinon elle me poserait tout un tas de questions auxquelles je ne saurais répondre. Finalement, peut-être est-ce pour cette raison que Père n'a jamais répondu aux miennes.
Je ressens tout à coup une étrange sensation parcourir mon corps, plus précisément de mon estomac à mon cerveau. Il s'agit d'une hormone que je n'arrive pas à définir et qui crée en moi un vide, un manque. Je vois alors une main de bananes posées sur un … je ne sais pas ce que c'est, mais j'en extirpe un doigt pour croquer instinctivement dedans.
— Vas-y te gêne surtout pas ! ... et en plus tu manges ça avec la peau ! T'es vraiment chelou toi.
Cette fois-ci, je pense avoir cerné le message. Visiblement, prendre des bananes de la sorte ne se fait pas. Il est vrai que les interactions humaines, les sentiments, les sensations et tout le reste me sont étrangers, en revanche je sais ce que mon père a créé exactement en même temps que le libre arbitre, puisque cela nous est rabâché dès notre plus jeune âge. Je décide donc de m'en servir.
— Je demande le pardon …
Elle affiche un large sourire qui souligne un regard doux et brillant.
Je me demande : il y a donc deux raisons de sourire ? Aider un autre humain, lui demander pardon ?
Peut-être existe-t-il encore d'autres raisons qui me sont inconnues …
— Et tu es toute pardonnée ma chère me répond-t-elle comme si elle mimétisait ma manière de parler. Mais demande la prochaine fois si t'as faim.
La faim ! C'est donc ça qui a motivé ma pulsion. J'apprends beaucoup aux côtés de cette humaine.
— Je comprends … J'ai faim, puis-je manger une banane ?
— Oui, mais je te conseille d'enlever la peau avant. Maintenant, suis-moi, j'te montre.
Voilà que nous faisons le tour de l'appartement. Elle détaille chacune des pièces qui le composent. Je la suis tout en retirant l'épaisse peau qui recouvre le fruit.
— Là, t'as la salle d'eau, les serviettes sont ici et je préfère préciser avec toi maintenant, tu fais couler l'eau comme ça, eau chaude, eau froide, je te conseille l'eau chaude ... ça c'est ma chambre, viens avec moi, regarde c'est mon dressing, c'est là qu'on va te trouver des vêtements ... et on revient à la pièce principale où nous étions, le salon avec cuisine ouverte ... désolée, je veux pas te faire passer pour une tebé, mais encore une fois je préfère préciser, ça c'est un frigo, t'as des choses à grailler si t'as faim, pour certains aliments il faut lire l'emballage, tu suis simplement ce qu'il y a marqué, ici t'as un four qui fait aussi micro-ondes et une plaque de cuisson. Ensuite, le plan de travail. Enfin le canapé et la télé. Tu pourras dormir sur le canapé ce soir, le temps qu'on trouve une solution pour te loger et tu peux regarder la télé autant que tu veux ... C'est bon pour toi ?
— Tout est parfait Léa, merci.
Je me suis surprise à avoir une réaction que j'ai jugé à la hauteur des attentes humaines. J'ai tout de même forcé un sourire pour assurer ma réponse.
— Enfin une réponse normale ! Par contre, le sourire c'est pas encore ça ... Allez va te doucher meuf, après on t'habille.
Bon, je n'ai apparemment pas la bonne formule pour le sourire, mais ça viendra, j'en suis sûre.
Heureusement qu'elle a accompagné ses paroles d'un geste en direction de la salle d'eau. Je m'y rends immédiatement.
J'en ressors quelques minutes plus tard, fière de moi. Je suis parvenue à comprendre le fonctionnement d'une douche. Les humains se nettoient le corps avec ce qu'ils appellent du savon. Histoire de chasser la saleté qui s'y dépose. J'ai deviné qu'il fallait retirer mes vêtements, faire couler de l'eau (à bonne température, ce qui était fort agréable) et sécher mon enveloppe corporelle avec cette fameuse serviette.
Lorsque j'ouvre la porte, Léa est assise sur le canapé et je remarque à travers ses cheveux noirs un papillon dessiné dans la nuque. Elle regarde la télé, l'air concentré. Cette invention est incroyable, elle diffuse du son et des images d'une qualité étonnante à travers un écran. Cependant, je perçois énormément d'ondes qui en émanent, elles me semblent néfastes pour un organisme humain.
— Léa, c'est bon, je suis douchée et prête pour mettre de nouveaux vêtements.
Elle lève son index en direction du plafond blanc. Un plafond situé à très exactement 3,20 mètres du sol.
— Juste une seconde, j'écoute ça.
La question suivante peut vous rapporter 10 000 euros si vous répondez correctement. Attention, voici la question : quel petit oiseau porte le surnom d'oiseau sorcier ?
— Alors là !
Je décide donc de lui donner la réponse.
— Il s'agit du Moucherolle Vermillon, un très bel oiseau, très coloré, très rare.
— Mais comment tu sais ça toi ? me dit-elle en se retournant.
Puis elle pousse un petit cri tout en plaçant une main devant son visage.
— Ne me dis pas que t'es sortie à poil putain !
A poil ? Ah oui ! C'était également l'expression employée par Lexy. Ok, il s'agit de ma nudité. Je retourne rapidement m'envelopper puis reviens dans la pièce principale.
— Pardon, j'avais oublié de garder ma serviette.
Elle laisse un léger écart entre ses doigts afin de vérifier si oui ou non je suis toujours "à poil". Une fois debout, elle laisse retomber sa main en la faisant claquer contre sa cuisse.
— Ok t'as un vrai corps de bombasse, mais quand même Angie ! Pas à poil ! Du moins, pas sans prévenir …
— Une nouvelle fois, je demande le pardon.
— Ouais t'inquiète, pas de souci … allez viens on va te choisir de belles fringues pour ce soir.
— Ce soir ?
— Ce soir on sort, on va boire un coup avec des amis … On va boire des coups !
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Christellaa
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Emma Chapon
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