Jay H. Et Dieu créa l'amour 1.2 Angie

1.2 Angie

Le reste de ma fugue s’est parfaitement bien passé. J’ai chuté, virevolté, plané. Puis j’ai atterri.

Je suis arrivée à Paris. Enfin, je crois que je suis arrivée à Paris. Je me suis laissée guider par ce que j’avais entendu des humains. Plusieurs endroits revenaient régulièrement dans leurs conversations. Il y était question de célèbres champs, d’un arc, d’une tour, d’un musée et d’une forêt. J’ai choisi la forêt, ça me paraissait bien pour découvrir la nature créée par mon père.


En arrivant en bordure de celle-ci, je ne trouve pas ça particulièrement beau. L’endroit n’est pas aussi verdoyant que je me l’imaginais, il est bruyant et puis, il y a cette odeur pestilentielle qui est très désagréable.


— Hé c’est carnaval chérie ?


Cette femme brune aux allures très masculines ne semble pas très saine d’esprit. Je ne comprends pas sa question et je trouve son attitude quelque peu belliqueuse. Je ne prête pas attention à cette créature et continue à marcher le long du chemin de terre au milieu des arbres.

Je me trouve maintenant devant une grande route qui est loin d’être naturelle. Le sol est recouvert d’une matière de couleur grise avec une ligne blanche au milieu. Cela ressemble plus à une création de l’Homme qu’à l’œuvre de mon père.


Des humains y circulent assez lentement à l’aide de véhicules aussi moches les uns que les autres. Ça doit être ça les fameuses « voitures » pour lesquelles les créatures de mon père attachent tant d’importance !


Pour la plupart, ce sont des hommes qui se trouvent à l’intérieur des habitacles, ils ne cessent de regarder à droite, à gauche. L’un d’eux s’arrête brusquement, baisse la vitre et me demande d’une voix rauque combien je prends. Décidément ! Ils sont vraiment tous très étranges dans cet endroit ! Combien je prends de quoi d’abord ?

Je décide d’ignorer sa question sans aucun sens et préfère m’assurer d’être au bon endroit.


— Suis-je bien à Paris, la capitale de l’amour, homme ?


Ses yeux s’écarquillent et sa bouche dessine une expression que je qualifierais de mécontente. Oui, ça doit être ça, il doit être mécontent. Pourquoi, je ne sais pas. Il referme la vitre et continue sa route jusqu’à s’arrêter quelques mètres plus loin pour demander exactement la même chose à une femme de couleur ébène. Celle-ci lui répond :


— 40 la pipe, 50 l’amour chéri.


Ai-je bien entendu ? L’amour ?


J’aimerais en savoir davantage. Malheureusement, la femme ouvre la portière et grimpe dans le véhicule sans que j’ai le temps d’entendre la suite de leur conversation.


Une femme blonde, à l'apparence plutôt jolie, s’avance vers moi alors que je suis restée figée sur place au bord de la grande route.


— T’as l’air perché toi !


Peut-être aurais-je dû me formater sur le langage humain moderne avant d’entreprendre mon périple. Je ne comprends absolument pas le sens des phrases que ces créatures prononcent.


— Perché ?

— Oui, mais ça ne me dérange pas tu sais. J’aime bien les filles un peu barrées comme toi.


Contrairement à la femme aux allures masculines, cette humaine semble vouloir créer du lien avec moi. Je décèle aussi une différence dans sa manière de parler. Elle roule les « r », ce qui ne correspond pas à la langue française d’origine. Quoi qu’il en soit, une seule et unique chose m’intéresse.


— Pardonnez-moi femme, mais pourriez-vous m’indiquer si nous sommes bien à Paris, la capitale de l’amour ?


Elle semble maintenant m’analyser de la tête aux pieds et laisse apparaitre une moue sur son visage. Je ne saurais décoder un tel langage corporel mais une chose est sure, je vais devoir m’adapter à leur mode de fonctionnement, car pour l’instant je suis perçue comme une étrangère sur cette planète.


— Okay, j’ai compris … T’es défoncée !


Son corps se met tout à coup à bouger, elle penche légèrement la tête en arrière, les paupières à moitié fermées et le nez plissé. Toutes ses dents apparaissent désormais. Dans le même temps, elle émet un son aigu provenant des muscles du larynx. Ça dure quelques secondes, puis son visage se détend et retrouve une apparence normale. Puis, elle reprend la parole.


— Ma chérie, t’es pas exactement à Paris là, t’es au Bois de Boulogne. T’as dû te perdre à cause de la défonce. Paris c’est là-bas.


Elle pointe du doigt une direction bien précise. Une direction que je vais suivre sans tarder.


— Je vous remercie femme, je vais m’y rendre de ce pas.


La voilà qu’elle recommence avec cette étrange vocalisation, encore plus aigüe qu’avant. Cette fois-ci, elle place les bras contre son ventre, comme si elle voulait le soutenir.

Je presse le pas pour quitter rapidement cet endroit loufoque et rejoindre la direction qu’elle m’a indiquée. Au moment où je m’éloigne, la femme blonde m’interpelle. Je me retourne afin d’écouter ce qu’elle veut me dire.


— Et tu comptes sérieusement rester comme ça ma chérie ?

— Comme ça ?

— A poil avec des ailes dans le dos …


Je commence enfin à comprendre !

Je dois ranger mes ailes et me trouver un accoutrement avant de me rendre à Paris.


Tu as aimé ce chapitre ?

100

100 commentaires

Aurélie Benattar

-

Il y a 2 ans

👍📚✨

Chris Vlam

-

Il y a 2 ans

Au final, elle est bien tombée. Au moins elle sera présentable pour rentrer dans la capitale

Jay H.

-

Il y a 2 ans

Pas sur haha !

Emma Chapon

-

Il y a 2 ans

L'idée du bois de Boulogne est excellente 😂😂 Hâte de la suivre dans sa découverte du monde des humains

Jay H.

-

Il y a 2 ans

Merci !! 🤣

Nabemy

-

Il y a 2 ans

Un régal, cet atterrissage au bois de Boulogne 😂😂😂

Jay H.

-

Il y a 2 ans

😂 ouais je trouve que c'est un bel endroit si quelqu'un savoir ce qu'est l'amour 😂😂

Acrobis

-

Il y a 2 ans

Merci pour ce moment de rire décalé ! "Cette" Ange est juste parfaite. Sa naïveté et son innocence sont du baume au cœur 😊

Jay H.

-

Il y a 2 ans

Encore une fois, merci à vous pour ce retour qui, pour le coup, me donne aussi du baume au cœur !

Margo H

-

Il y a 2 ans

Merci à toi aussi pour les coup de pouce ... Alors que va til se passer sur la planète Paris..ou planète bois de.. Que pense telle de cette planète ?
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.