Fyctia

8h30, le principal s’avança sur une scène assez grande. On devait être environ mille élèves ce qui ne le perturbait pas. Il était très à l’aise, comme mon père lorsqu’il animait des conventions. J’admire tellement mon père même si il a disparu, jamais je ne cesserais de l’admirer. C’était au tour des terminales trois, on appela « Ava James ». Je devais me rendre dans une salle qui m’était inconnue. Et comme c’était prévisible, il appela « Stella Stranger » dans la minute qui suivit. Elle me guida alors jusqu’à la salle de cours. Quand nous entrâmes dans la salle de classe, tout le monde se mit à crier « Stella » comme si c’était une star hollywoodienne. Alors je me glissai dans la foule pour prendre une table et m’assoir. Je m’étais mise au fond pour ne pas me faire remarquer et traiter de « nouvelle ». La professeure de français entra dans la salle et tout le monde s’assit. On l’écoutait à présent parler de notre emploi du temps et comment allait se dérouler l’année. C’était notre prof principale. Vint l’heure des présentations, ce que je redoutai le plus. Pile à ce moment, la prof m’appela pour venir au tableau et me présenter. J’avançai à pas de fourmis, histoire de passer le moins de temps possible au tableau. Aller Ava tu peux le faire tu vas réussir tu ne vas pas bégayer. J’étais à présent face à la classe sur la petite estrade qui me surélevait un peu. Après la fin de ma présentation, tout le monde applaudit et finalement Personne ne m’appelait « la nouvelle ». Peut être avais-je tort ça n’allait pas être aussi terrible que je m’y attendai. La sonnerie sonna à nouveau, c’était la fin du cours de français qui, s’était transformé en vie de classe pour le premier jour.

12h il était l’heure du repas, ce que je redoutais le plus. Pourtant, la matinée s’était bien passée, je n’avais créé aucun lien, personne ne m’avait posé de question, parfait ! Je m’avançai dans la cantine quand je vis aucune table où il n’y avait personne c’est là que je compris qu’il fallait que je mange avec des snobs. Stella me fit un signe de la main qui voulait dire qu’elle m’invitait à manger avec elle est ses amis, j’acquiesçai avec un signe de tête. J’avançai, mon plateau à la main, quand je sentis un pied sur mon tibia qui me faisait un croche-patte. La scène se passa si vite, d’un coup je tombai par terre, faisant tomber mon plateau et l’assiette à l’intérieur. Toute la cantine se mit à pousser des cris de joie car ils avaient réussi leur blague à la con, je sentis mes joues rougirent de honte, les larmes commençaient à monter alors je pris mes jambes à mon cou et couru le sprint de ma vie. Finalement je m’étais réfugiée dans les toilettes pour pleurer un bon coup. 5minutes s’étaient écoulées et je n’arrêtai pas de pleurer quand j’entendis une voix et ce n’était pas celle de Stella, c’était celle d’un garçon. Un garçon mais on était dans les toilettes des filles, il vient avec son téléphone en filmant pour me foutre la honte j’en suis sûre. Une voix grave résonnait en disant « es-tu là? » Je ne répondis rien comme à mon habitude. 10 minutes plus tard en entendant plus aucun bruit je sortis des toilettes et j’entendis derrière moi

Je t’ai trouvé! fit la voix grave

Un petit cri de sursaut sortit de ma bouche.

Ton prénom c’est Ava, si je ne me trompe pas ?

J’acquiesçais d’un petit mouvement de la tête.

Il sécha une larme de ma joue en passant son doigt dessus et scruta chaque petit détail de mon visage, il regardait ma bouche, mon nez en trompette, mes yeux bleus et ma chevelure blonde cendrée. Après être resté immobile pendant deux minutes je quittai la pièce pour mettre fin à ce blanc. La sonnerie retentit et le lycée était désert car tout le monde était en cours, je regagnai la salle de cours 3 minutes en retard mais j’ai pu entrer sans me faire remarquer.

Le cours de maths se déroula normalement jusqu’à ce que la prof me demanda de venir au tableau, là, toute la classe commença à me huer et rigoler. La prof ne disait rien elle avait le visage complètement neutre. Je devais résoudre une équation sur le cours que je n’avais pas du tout écouté. Ava tu peux le faire ce n’est qu’une simple équation je ne vois pas le problème. Je m’encourageai seule dans ma tête, c’était le moment je pris une craie et écris le nombre sur le tableau, la prof acquiesça, mon résultat était bon. La classe se calma et une grimace se forma sur leurs visages sauf lui, le grand brun aux yeux verts que je reconnus aussitôt. C’était le garçon des toilettes, pourtant je ne l’avais pas vu me suivre jusqu’à la salle, mille questions se posaient dans ma tête. Ce matin je ne l’avais pas aperçu en vie de classe. Finalement m’avait-il suivie ? Jouait-il le gentil garçon pour me foutre la honte juste après? Est ce que j’étais un pari ?…

-Ava, fit la prof.

Je me tournai vers la prof.

-Tu peux aller t’assoir me dit-elle d’un ton neutre.

Je m’assis quand je remarquai qu’on avait écrit sur mon cahier, il y avait écrit « je t’ai reconnue ». Qui ça pouvait bien être ? Le garçon des toilettes? Ceci me fit froid dans le dos. Je cherchai quelqu’un du regard mais tout le monde était concentré sur le cours alors je me concentrai sur le cours aussi et j’arrêtai mes recherches pour aujourd’hui.

15h c’était la fin des cours. Je me faisais toute petite et me méfiais de toutes les personnes présentes. Mais je me fis quand même bousculer. On me disait « fais attention où tu marches » en rigolant, par rapport à la cantine. Je n’en tenais pas compte, ce que je voulais c’était rentrer chez moi, même si chez moi ce n’était pas mieux. Je n’aimai pas plus que ça être chez moi. Je m’apprêtai à rentrer dans le bus quand une fille me tira le bras et me montra la vidéo de moi qui circulait sur Instagram. Bien sûr c’était celle quand on m’avait bousculé à la cantine. Ils n’ont pas honte de faire des vues sur mon dos pfff. Je relevai la tête quand je vis que c’était Stella. Pourquoi m’a t-elle montrée la vidéo je l’ai vue rigoler à la cantine. Finalement, elle s’excusa et voulait vraiment qu’on devienne amie. Je ne savais pas trop quoi en penser, peut être ce serait un coup tordu. Je lui avait exprimé mes doutes et elle m’avait fait la promesse du petit doigt de ne pas recommencer. On prit le bus ensemble, elle descendit dans le quartier de snobs et me fit un signe de la main à travers la vitre. Peut être qu’elle n’était pas si méchante au final. Elle m’avait bien accueillie ce matin, on peut faire des erreurs après tout. Les dix minutes suivantes dans le bus me semblaient être une éternité, je me sentais quand même un peu protégée à ses côtés. Je sortais du bus, je me dirigeais vers la maison mais j’avais une impression bizarre, l’impression d’être suivie…