Fyctia
Implantation
Puisque cette voix ne me lâche pas, autant voir ce qu’elle me veut. Prenant mon courage à deux mains, ou plutôt à une main puisque mon autre est prise par mon téléphone, je sors de ma voiture. Alors que je m’avance vers le bâtiment, je me rends compte que j’ai toujours mes oreillettes sans fil. Et puis zut, elles vont y rester puisque leur étui est dans la voiture... De toute façon, je n’ai même pas relancé mon application de streaming de musique depuis le redémarrage.
Impossible de voir ce qui se cache derrière les vitres d’un noir d’ébène qui font tout le tour de cet immeuble de haute technologie à en juger par son architecture des plus moderne. Très étrange si on considère que nous nous trouvons dans un quartier plutôt pauvre de cette section du centre-ville.
Je me demande d’ailleurs encore comment j’ai pu être assez distrait pour arriver jusqu’ici alors que je devais me rendre à mon travail !
Un coup d’œil à ma montre intelligente me confirme que je suis déjà terriblement en retard... Quinze minutes, voilà tout le temps que je me donne pour rejoindre ce fichu neuvième étage et son mystérieux local. Si ça se trouve, je ne pourrai même pas rentrer dans ces locaux qui doivent être sécurisés si je me fie au nombre de caméras de surveillance que je vois sur la façade. Un instant, je suis même certain d’avoir noté le déplacement de l’une d’elles pour me suivre...
Évidemment, la sécurité se demande ce qu’un inconnu fait à rôder devant leur précieux immeuble grand luxe !
Pourtant, à peine ai-je posé la main sur la poignée de l’imposante porte de verre qu’un déclic audible se fait entendre. Je ne dois donc pas avoir l’air si menaçant avec mon visage hagard et mes idées si peu claires au sujet de ma présence ici...
La luminosité ambiante est vraiment surprenante. Le moindre recoin de l’immense hall d’accueil est illuminé d’un blanc éclatant qui me fait penser aux couloirs d’un hôpital. D’ailleurs, l’odeur aseptisée des lieux correspond parfaitement à l’image qui germe dans mon esprit. Bien que baigner d’une lumière quasi agressante, les lieux me semblent parfaitement vides. Aucun gardien, aucun employé, aucune âme qui vive en fait. Devant moi, un mur occupé par cinq ascenseurs, dont celui du centre qui est ouvert.
Je suppose que le poste de sécurité se trouve à un étage supérieur...
Je suis pressé et je me précipite donc dans la cabine. J’ai beau chercher du regard, il n’y a aucun panneau de contrôle pour y entrer ma sélection d’étage et la porte s’est pourtant refermée à la seconde où j’ai posé le pied sur le sol illuminé. Incertain, j’annonce tout haut mon désir.
— Neuvième étage, local 2216B
Au moins, j’ai une bonne mémoire... Par contre, rien ne m’indique que je m’y sois pris de la bonne matière puisque rien ne se produit. Découragé, je pose mes mains sur la porte, espérant les forcer à s’ouvrir pour me laisser quitter cet endroit que je trouve de plus en plus lugubre. Mon geste est toutefois interrompu par un vrombissement soudain de moteurs qui s’engagent.
« Veuillez patienter pendant la vérification de sécurité. »
Cette voix... C’est exactement celle qui est sortie du système audio de ma voiture. Or, cette fois elle s’est glissée directement à mes oreilles via mes oreillettes. Ce qui m’inquiète, c’est qu’elles ne sont toujours pas jumelées à mon téléphone qui vient de redémarrer. L’icône à l’écran me le confirme : aucune connexion Bluetooth...
Je sens la panique me gagner. Comment est-ce possible de pirater un lien point-à-point comme celui des périphériques Bluetooth ? Pourquoi voudrait-on même faire ce genre de chose !? Alors que mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, je ressens une étrange sensation que je me souviens avoir déjà ressentie auparavant.
Un scan !
Cette cabine possède une bobine capable de générer un champ magnétique permettant l’analyse biométrique d’un corps !?
Cette fois, j’avoue que je me pince avec force pour m’assurer que je ne rêve pas. Jamais je n’ai entendu parler d’une technologie de ce genre et pourtant je m’y connais un peu puisque j’ai étudié dans le domaine des technologies avancées !
Je sens la moindre fibre de mon corps trembler à présent. Sans vraiment le vouloir, j’attends le verdict de mon scan... Celui-ci m’apparaît suite à une brève vibration de mon téléphone. Je peux voir tous les détails : les deux vis dans mon genou, ma température corporelle par zones, l’analyse statistiques de ma fréquence cardiaque et même ce qui semble être un sommaire d’ondes cérébrales !
Dans quoi me suis-je mis les pieds !? Je sais que j’aime imaginer des histoires un peu folles, mais de là à devoir les vivre...
« Autorisation d’accès accordée. »
Encore cette voix qui m’est parvenue par mes oreillettes. Au moins, elle ne vient pas de dire que je devais être éliminé, je vais prendre cela comme étant positif. De plus, je sens la cabine qui entre en mouvement sous mes pieds. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est à ce moment que je réalise qu’il n’y a pas cette musique d’ambiance alors que nous montons les neuf étages. Je devrai penser à remercier les organisateurs de ce grand canular de ne pas m’avoir imposé cette torture...
Les portes s’ouvrent alors que je me souris à moi-même suite à ma réflexion. Force m’est d’admettre que mes lèvres retombent rapidement lorsque je constate l’état des lieux : il y a des corps inertes un peu partout autour de moi. La plupart portent des sarraus avec un logo, mais d’autres portent un habit noir et une cagoule. Ce qui m’inquiète dès l’ouverture des portes, c’est que les hommes en noirs portent tous un masque à gaz...
Paniqué, je porte la main à ma bouche pour tenter vainement de protéger mon système respiratoire. Évidemment, le fait qu’ils soient tous au sol indique que la menace aérienne n’est pas la seule qui prévale ici en ce moment.
« Menace aérienne évacuée. Menace auditive compensée. »
J’avoue ne pas trop comprendre sur le coup ce que la Voix vient de me dire, mais je perçois à présent un bourdonnement étrange qui parvient de mes oreillettes. Curieux, je porte les doigts vers l’un des petits dispositifs que je retire légèrement. Un bruit terrible me vrille alors l’esprit, me forçant à repousser le petit objet dans le creux de mon oreille, protégeant mes tympans de la mystérieuse vague sonore.
Ébranlé, j’avance en direction du local qui se trouve devant moi. Je ne sais pas si cela provient du bourdonnement, mais je ne me sens pas maître de moi alors que mes pieds me portent au travers de plusieurs salles.
Je me trouve maintenant devant ce qui semble être un coffre-fort blindé, posé sur une colonne au centre du local où je me trouve. Dès que je pose la main dessus, il s’ouvre et révèle un objet que je ne suis pas supposé connaître. Pourtant, ma main le saisit et porte sa longue aiguille derrière mon oreille.
Je sens alors une vive piqûre, puis plus rien, noirceur totale.
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Pénellope Van Haver
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