Fyctia
Zacchée
J'avais honte de moi, de sentir mon corps me trahir au toucher d'Ash. J'avais si honte d'aimer ce qu'il me faisait subir. J'avais tellement peur que ce ne soit qu'un jeu, qu'une nouvelle façon de me briser. Et pourtant, j'avais tout de même envie de croire que c'était différent en entendant sa déclaration, parce que je sentais qu'il était enfin sincère.
Alors, oui, si je pouvais enfin t'atteindre et être à tes côtés, j'acceptais de cesser de me battre contre toi. Sur ce terrain, perdre me semblait être la plus belle des victoires. Ta douce férocité ne m'effrayait pas tant que ça, pas alors que je touchais enfin du bout des doigts tes sentiments. Chaque coup que nous nous sommes échangés dans le passé m'avait toujours paru la seule façon d'être proche de toi. Certes, à chaque fois tu me repoussais, et je retournais toujours vers toi. Toi, mon ami d'enfance, celui que j'avais toujours admiré pour sa force et son intelligence.
Et là, j'étais près de lui, et il ne me repoussait pas. Je sentais sa présence en moi, à la fois brûlante et agréable. Je me savais sur le fil du rasoir, entre douleur et plaisir. Malgré tout ça, je ne voulais être nulle part ailleurs. Pas alors qu'on parvenait enfin à se parler et à s'écouter.
Chaque balancement de hanches m'arracha des plainte de plaisir mêlé d'une douce douleur. Chaque poussée m'envoyait plus haut, me donnait de plus en plus chaud au point que j'en perdais la tête. Je ne faisais qu'un avec mon corps, lui qui se mit à suivre le rythme de ses coups de boutoir. J'étais bercé par les gémissements étouffés d'Ash, de son corps qui me contraignait par son poids. Mon souffle était court, et là, d'un coup, je sentis mon esprit se disloquer. Je lâchais un gémissement plus fort et aigu que les précédents, traversé de la tête au pied par un douloureux plaisir.
- S-Stop ! bégayais-je, les larmes me montant aux yeux.
- Ici…, murmura la voix rauque d'Ash alors qu'il se mit à accélérer la cadence sur ce point précis de mon corps. C'est ici, ton point G…
Je tirais vainement sur ce qui retenaient mes poignets, alors que je sentais cette boule douloureuse grossir avant qu'elle n'éclate. Si le poids du corps d'Ash ne m'écraserait pas, je m'aurais sans doute brisé l'échine en m'arc-boutant. J'entendis mon cri résonner dans l'air, suivi de peu par le grognement érotique d'Ash. Perdu dans les rives du plaisir, je tentais de reprendre ma respiration. Je sentais les larmes couler sur mes joues avant d'être essuyer. Ce fut lorsqu'Ash se retira de moi que j'ouvris les yeux, me reconnectant à la réalité. Cela m'arracha une plainte, réveillant une douloureuse sensation dans mes bras.
- Dé-Détache-moi… Ça fait mal, murmurais-je tout bas, les yeux semi-clos de fatigue.
Quelques instants plus tard, mes mains étaient libérées et je les ramenais lentement contre moi. Un corps se pressa dans mon dos juste avant qu'une couverture recouvrit mon corps tremblant encore de plaisir. Puis, je reconnus le souffle d'une respiration sur la nuque. Je sentis mes joues brûler et une évidence s'imposa à mon esprit : c'était Ash qui se collait sur moi ?
- Ash… ?
- Ferme-la, et laisse moi pioncer…
Je me tus, perplexe avant de réaliser quelques détails : il portait les mêmes vêtements que la veille.
Je décidais donc de me détendre malgré la gêne de notre proximité. Ce fut relativement facile maintenant que je ne tremblais plus, réchauffé par la chaleur d'Ash. Peu à peu, son corps s'alourdit contre moi, et je devinais qu'il était en train de s'endormir.
Une quinzaine de minutes plus tard, j'avais réussi à sortir du lit sans réveiller Ash. Puis dix minutes supplémentaires pour récupérer et enfiler mes vêtements. Puis, je sortis de sa chambre en refermant doucement la porte, non pas sans avoir vérifié que personne ne me voyait sortir de sa chambre. Puis, je pris la direction de la mienne, les jambes encore tremblantes, me rappelant à chaque pas ce que nous avons fait.
- Merde...
***
Dans la soirée, j'avais échoué dans la cour intérieure du dortoir. Je laissais mon regard se perdre dans le ciel orangé, l'esprit en vrac. J'avais tenté bien des choses pour distraire mon esprit, ne pas trop y penser. Mais comment pouvais-je après ce qui s'était passé dans la chambre d'Ash ?
- Oh ! C'est toi ! On peut se joindre à toi ?
Je rougis en reconnaissant la fille qui m'avait plaquée contre sa poitrine, au bar. Et elle n'était pas seule, un homme l'accompagnait et il lui tenait la main. Et il m'effrayait un peu, car je craignais un règlement de compte vu son regard de brute. Pourtant, les deux s'installèrent près de moi, elle souriante et lui me lançant un regard curieux et effrayant. Cela me rappela malgré moi d'Ash, créant un douloureux pincement dans la poitrine.
- Moi, c'est Belle et lui c'est Aris. Et toi ?
- Z-Zacchée… Que faites-vous ici ? m'enquis-je, curieux de la coïncidence de la rencontre à nouveau, elle, une inconnue.
- Tu faisais une tête de perdant et elle a voulu te voir, répondit l'homme, Aris, les yeux sur sa compagne.
Je détournais la tête, gêné d'être aussi transparent.
- C'est juste…
- Des histoires de coeur ? compléta Belle en penchant la tête, son regard pénétrant dans le mien.
Je lisais un étrange cocktail d'émotions dans ses magnifiques yeux. Il y avait de la compassion pure et sans jugement avec une touche de clairvoyance qui m'intriguait et me rendait perplexe. Il y avait une telle profondeur dans son regard, comme si elle voyait bien plus de choses. Et va savoir pourquoi, j'osais me confier :
- J'en sais rien, en fait. Je ne l'ai jamais vu de cette façon, et on s'est toujours battu et engueulé…
- Tu sais, m'interrompit brusquement Aris d'une voix qui imposait le silence, l'amour et la guerre ne font pas de distinctions superficielles ou inutiles. Il n'y a que toi et ton adversaire.
Je vis Belle acquiescer en souriant amoureusement à son compagnon. Pourtant, en réfléchissant à cette perle de sagesse, je ne pouvais pas réellement la contredire.
- Zacchée, commença avec douceur Belle en me regardant maternellement, ce n'est pas parce que ce que tu ressens ne correspond à ce monde que ce n'est pas réel. Là où certains voient le contraire, il y a la complémentarité. À l'amour à la guerre, tout est permis. Même la relation que tu as avec cette personne.
- Réglez vos comptes à votre façon, renchérit Aris en prenant la main de Belle.
Sous mon regard perdu, les deux inconnus se levèrent en faisant leur adieu. J'avais les yeux rivés sur le sol, leurs paroles tournant dans ma tête. Lorsque je relevais mon regard quelques secondes plus tard, il n'y avait personne.
- Hein ? Ils ont disparu comment ? Où ?
Je tournais sur moi-même, cherchant des yeux le couple qui était avec moi un instant plus tôt. Or, un éclat de voix vibra dans l'air, me faisant sursauter. Spontanément, mon regard trouva celui d'un blond aux yeux noisette : Ash.
- Et il a l'air furax…, pensais-je à voix haute, me rembrunissant d'un coup.
2 commentaires
Virginie Decamps
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Il y a 3 ans
Meg Archeion
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Il y a 3 ans