Fyctia
1. Ash
Notre classe venait de terminer les examens de mi-session. Pour fêter l'occasion, on s'était tous retrouvés dans un bar, payée par le club social de la classe. Je n'allais pas cracher contre de la bouffe et de l'alcool gratuit. Malheureusement pour moi, Zachée se trouvait également présent, en face de moi. Cette merde se trouvait être un ami d'enfance, et un voisin que la vie semblait me coltiner.
Malgré les années, il ne semblait pas vraiment vieillir : il avait encore la même tronche qu'enfant. Ses cheveux sombres mi-longs le rajeunissaient également, contrastant avec sa carrure svelte et musclée. Certes, j'étais toujours plus grand et plus costaud que lui, mais il n'était plus aussi chétif qu'autrefois. Pourtant, il n'avait pas changé : d'une gentillesse affligeante et d'un optimiste agaçant.
Un tapotement sur mon épaule me sortit de mes pensées. C'était Cam qui m'offrait une bière en s'exclamant :
- Eh, Ash ! Tu fêtes pas ?
- Et toi, pourquoi m'as-tu pas donné la bière plus tôt ? rétorquais-je au tac en prenant la bière, déclenchant le rire de mon ami.
Cam était le seul à ne pas trop me déranger. Mon attitude considérée comme grossière ne le rebutait pas. En fait, il y avait aussi Zachée, mais il ne comptait pas réellement. Alors que Cam ne se laissait pas intimider, Zachée avait toujours resté passif. En constatant cela, je me suis mis à l'haïr, lui et sa faiblesse. Et encore plus, en découvrant qu'il essayait malgré tout d'être gentil avec moi. Ne voyait-il pas que ce n'était que de la faiblesse ?
Je chassais les souvenirs du passé, me plongeant dans le moment présent. Je buvais et je me moquais de mes camarades, dans une ambiance agréable, ignorant sa présence.
Or, un gémissement retentit à travers le brouhaha du bar au moment où mes yeux se posa sur little nature. Ce son érotique venait de sortir de sa bouche. Une fille venait de plaquer son visage de puceau contre sa belle poitrine.
Mon rire s'interrompit brusquement alors qu'une émotion complètement inconnue surgit de nulle part. Mon coeur eut un raté alors que je vis ses joues rougir, ses pupilles se dilater. De toute ma vie, je n'avais jamais réagi ainsi, même pas avec aucun de mes plans cul. Un désir impérieux m'envahit : celui de revoir cette expression et entendre à nouveau ce son.
Je serrais les dents en détournant la tête alors que cela s'agitait face à cette scène. Qu'est-ce qui me prenait ?
Une envie familière de le cogner me saisit et je la laissais se manifester. Zacchée glapit de douleur et s'exclama :
- Ash ! Pourquoi tu m'as frappé ?
Je l'ignorais en buvant une rasade de bière, le cœur moins serré maintenant qu'il me lançait son regard. Un regard où se mêlait questionnements, gentillesse affligeante et un petit quelque chose que j'ai toujours assimilé à la peur. Ce regard était familier, et ne faisait rien surgir d'inconnu. Je me détendis, envoyant valser cette scène incongrue aux oubliettes, pour enfin profiter de la soirée.
Les conversations se sont poursuivis et peu à peu, tout le monde commençait peu à peu à montrer des signes d'ivresse, sauf moi. Je n'étais pas assez con pour me mettre dans cet état. Ce qui était le cas de Zacchée dont le visage était rouge. Ses yeux étaient légèrement vitreux et il parlait bizarrement à une des filles de notre classe. Son corps vacillait même assis, faisant rire son amie qui était aussi ivre.
- Yo, little nature, t'es saoul.
- Même pas vrai ! balbutiait-il en me pointant du doigt ce qui me fit grincer des dents. Je peux marcher !
Là, maintenant, j'avais envie de le cogner. Tout le monde était sur le départ ou négociait avec leur ami trop saoul pour être raisonnable. Et moi j'avais cet idiot qui avait l'audace de me tenir tête à cause de l'alcool.
- Viens, je te ramène, soupirais-je en me levant pour le rejoindre.
Ce dernier fronça les sourcils avec la lenteur de quelqu'un d'ivre.
- T'es pas Ash, bégaya-t-il en essayant de rester droit.
- Me fais pas chier, grondais-je en lui saisissant la main pour le forcer à se redresser.
Son corps alangui s'échoua contre moi si rapidement que je me crispais. Pourtant, la sensation de son corps détendu et chaud contre moi éveilla à nouveau cette émotion inconnue de tout à l'heure.
Je marmonnais ma colère en réalisant qu'il était saoul mort. L'envie de le cogner grandit, mais je ne voulais pas finir comme un torchon à vomi. Ignorant cette pulsion, je le forçais à se tenir droit le temps que je récupère ses affaires.
-Euh… Tu ramènes Zacchée ? me demanda avec suspicion Cam.
- Pas le choix, personne d'autre ne le fera, rétorquais-je d'une voix dure.
- C'est pas Ash, s'exclama mon poids mort en regardant Cam qui haussa un sourcil. Ash ne ferait… jamais un truc… gentil...
Ses paupières se fermaient alors que sa tête s'alourdit sur mon biceps. Je poussais un soupir rageur en expédiant les politesses pour sortir le plus rapidement possible. Avec mon portable d'une main et l'autre qui soutenait Zacchée, je commandais un Uber pour le dortoir.
Demain, il allait morfler pour m'avoir obligé à m'occuper de lui !
Une vingtaine de minutes plus tard, on se trouvait dans les dortoirs de l'université. Ayant fouillé mon poids mort, j'avais récupéré les clés de sa chambre. J'étais même tenté de lui voler son portefeuille, mais j'abandonnais l'idée en réalisant de revoir sa tête.
- Une chance que je cherche pas à abuser de toi, little shit, marmonnais-je en claudiquant jusqu'au lit.
Ce dernier tomba dans son lit dans un petit gémissement avant de se mettre à ronfler tout bas. Je pris un instant pour souffler après avoir grimper les marches sur trois étages.
Et lui, il dormait comme un bébé, à quelques pas de moi. M'accroupissant pour me trouver à son niveau, je le regardais. Il me semblait bien moins énervant ainsi endormi, calme et silencieux. Même son petit ronflement ne me dérangeait pas tant que ça.
Dans le silence de sa chambre, j'effleurais sa tignasse sombre, puis sa tempe en suivant une ligne imaginaire qui descendait jusqu'à sa joue couverte de tâches de rousseurs. Sa peau était si douce sous mon toucher que je me perdis dans ces sensations. J'avais envie de marquer sa peau, de le sentir se braquer, alors que je le mordrais.
Je reculais spontanément en posant une main sur ma bouche. J'étais choqué par la tournure de mes pensées. Je fantasmais réellement sur cette petite merde qui dormait ? Certes, je couchais avec qui je voulais, mais avoir ce genre de pensées avec lui ?
J'enfonçais mes ongles dans la paume en tournant les talons. Je sortis de sa chambre pour trouver la mienne.
- Je dois seulement être en manque…, marmonnais-je en envoyant un SMS à mon plan cul du moment. Petit merdeur, même en fille, tu me saoulerais.
1 commentaire
Bastienneee
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Il y a 3 ans