Malauu Envers et contre tous Chapitre 3 : 1903

Chapitre 3 : 1903

Une nouvelle semaine commence. Je dois me dépêcher de me préparer pour être à l'heure à mon cours de coutures. J'ai reçu plusieurs réprimandes de ma maître d'apprentissage en rapport avec mes retards. En même temps, j'habite loin, mon vélo ne va pas si vite. Je pourrais arriver à l'heure si Georges prenait la peine de me déposer en voiture à Emsworth puisque c'est par cette ville qu'il passe pour aller au travail... Autant écarter cette possibilité, elle n'arrivera jamais.


J'arrive tout juste au moment où Madame Brown commence l'appel.

-Tiens vous voilà Marguerite ! Pile au moment où je vous appelle, dit-elle avec un ton piquant.

-Excusez-moi, je me suis retrouvée bloquée derrière un troupeau de vaches... expliqué-je.

-Oui bien sûr, et la prochaine fois, vous verrez une baleine dans le ciel !


Toutes les filles de la salle pouffent de rire, discrètement, mais assez fort pour que j'entende. Je trouve ça dingue qu'elle ne comprenne pas que je vis à la campagne... Je ne suis pas la seule pourtant.


-Lucy, rappelez à vos camarades ce que nous avons fait la semaine dernière, ordonne Madame Brown en tapotant le corps de sa plume sur son cahier.

-Alors, bonjour à toutes mes chères sœurs de cœur, commence-t-elle avec une intonation très soutenue, la semaine dernière nous avons commencé à voir... roulement de tambour !... les ourlets.

-Bien mademoiselle, faites-moi penser la prochaine fois à ne pas vous interroger... Vous devriez vous orienter dans le domaine du cirque au lieu de la couture...


Lucy ne rigole pas. Elle est vexée par ce que vient de lui dire Madame Brown. Je la comprends. On ne suit pas son cours par plaisir, mais plus par obligation parce que "les filles font de la couture". Personnellement, j'aurais préféré être journaliste. Mais bon, je n'ai pas eu le choix.


Après avoir fini mes deux ourlets, je pars voir Lucy qui se bagarre avec sa machine à coudre.


-Ça m'éneeeerve ! grogne-t-elle en s'acharnant sur le petit bout de fil qu'elle tient.

-Attends laisse-moi voir, dis-je en lui poussant les mains et en m'asseyant à côté d'elle.

-Tu te rends compte que mettre une canette, c'est le genre de truc que je sais faire maintenant, depuis un bon bout de temps ? Je n'ai plus ce genre de problèmes d'habitude !

-Tu es énervée et c'est normal...

-Un jour, je lui ferai bouffer ses aiguilles et sa bobine de fil ! peste-t-elle en regardant Madame Brown avec un regard noir.

-Je pense que tu n'es pas la seule à vouloir lui faire la peau ! j'enchéris en rigolant. Moi la première !


Lucy est ma meilleure amie, je la considère même comme ma sœur. Il y a trop de coïncidences entre nous : nous sommes nées le même jour, on avait toujours les mêmes notes à l'école et nous habitons au même numéro de maison mais pas dans le même village.


Au moment de la pause, je vois que Madame Brown a sorti le journal de Londres, le dernier, celui que je n'ai pas encore reçu.


-Guiguite ? m'interpelle Lucy. Dis-moi à quoi tu penses.

-Oh, à rien, laisse tomber.

-Tu ne me la fais pas à moi celle-là ! dit-elle un peu trop fort. Il était sur le plan de travail de ma cuisine ce matin. Je n'ai pas encore eu le temps de le lire. D'ailleurs, as-tu réfléchi à ce que je t'ai proposé l'autre jour ?


Oui énormément, mais je ne peux pas lui dire ça comme ça.


-Non je n'ai pas eu le temps d'y penser et puis Georges ne voudra pas de toute façon.

-Tu t'en fiches de lui, c'est un gros naze, dit-elle. Oups pardon, c'est ton frère, je ne peux pas dire ça...

-Si ! Tu as raison, c'est un gros naze qui se prend pour le nombril du monde.


On rigole. Un peu trop fort, car tout le monde nous regarde, mais on s'en fiche.


-Réfléchis vite parce que franchement ça serait bien qu'on mette un peu la main à la pâte dans ce mouvement.

-Ouais, je sais, mais c'est dangereux aussi. On ne connaît pas la réaction des hommes. Tu vois ce que je veux dire ? demandé-je en espérant être assez claire.

-Oui, je comprends ne t'inquiète pas ! Mais réfléchis, c'est tout !


Sur ces mots Madame Brown nous rappelle pour continuer l'activité. Réfléchir, réfléchir et encore réfléchir... J'ai l'impression de faire ça H24 sauf que là, je ne sais vraiment pas quoi faire...



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34 commentaires

Alec Krynn

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Il y a 5 ans

Et bien me voilà chère binôme pour reprendre ma lecture là où je l'avais laissé 😊 C'est un petit chapitre sympathique sur le quotidien des jeunes filles de l'époque. Et oui, malheureusement la couture, tout comme le ménage et la cuisine faisait partie des choses que les femmes apprenaient à l'école pour pouvoir bien " servir " son mari... 😔

Malauu

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Il y a 5 ans

Oui et c'est ce que je voulais montrer ici...

Elo Robert

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Il y a 5 ans

Un nouveau pas dans le quotidien de Guiguitte. La professeure est exécrable à souhait ! Attention aux quelques coquilles. J'avoue que le "H24" à la fin du chapitre m'a un peu sortie de l'histoire. C'est un anachronisme car il me semble que l'expression est apparue au 21ème siècle.

Malauu

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Il y a 5 ans

Quand tu parles de coquilles, tu parles desquelles exactement ? Oui c'est vrai que je n'avais pas fait attention...

Elo Robert

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Il y a 5 ans

Je viens de commenter les coquilles que j'ai pu voir en relisant. J'ai aussi fait quelques commentaires sur la forme de manière plus général. J'espère que ça t'aidera ! Si tu as besoin de relecture, n'hésite pas.

Malauu

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Il y a 5 ans

Merci beaucoup !

Cynemoon Inkepolis

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Il y a 5 ans

C'est cruel le cours de couture qu'elle "subit" clairement juste après l'éveil au féminisme ! Non que je désapprouve la couture, c'est merveilleux quand on aime ça. Là, on voit que ce qui est plus intéressant pour elle, c'est de pouvoir trouver une alliée en Lucy. J'ai, comme elle, envie que le cours se termine alors je passe vite à la suite !

Malauu

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Il y a 5 ans

Je suis contente que tu ressentes ce que je voulais montrer dans ce chapitre :) J'espère que la suite te plaira !

S.L. Borowski

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Il y a 5 ans

Ton histoire est intéressante ! Tu t'attaques à un sujet sensible et fort controversé alors il faut faire gaffe. Si je comprends bien elle vient d'une famille très aisée ? Car à l'époque une famille qui possède une ferme n'a pas les moyens de se procurer une voiture ? Je n'ai pas très bien compris sur ce coup-là ^^'

Malauu

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Il y a 5 ans

Son frère Georges a accès à un métier qui lui permet de s'acheter une voiture mais c'est pas pour autant qu'il aide ses parents financièrement
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