Fyctia

Plus tard dans la journée, Annabelle traversait les couloirs presque déserts de l’université. L’air était lourd, comme si le bâtiment lui-même portait le poids des événements récents. Elle marchait d’un pas lent, ses pensées encore absorbées par ce que Lisa lui avait raconté au petit-déjeuner. L’intrusion de l’ancien étudiant, son lien avec la classe des "méchants", et surtout, pourquoi s'en prendre au professeur Malric ? Rien ne semblait avoir de sens.

Soudain, des voix s’élevèrent au bout du couloir. Annabelle s’immobilisa, ses oreilles captant les éclats d’une altercation. Elle avança prudemment, jusqu’à voir deux agents de police escortant un homme au visage tourmenté, les poignets menottés, ses cris résonnant dans l’espace vide. C’était l’ancien étudiant dont Lisa avait parlé.

Il se débattait, les yeux injectés de rage, et ses mots étaient un mélange incohérent de hurlements désespérés. Annabelle sentit un frisson lui parcourir l'échine. Quelque chose dans son comportement la troublait profondément. Alors qu'il luttait contre l'emprise des policiers, elle parvint à distinguer quelques bribes de ses hurlements.

— Il sait ! Vous ne comprenez pas ! Vous êtes tous aveugles ! Il écoute ! Il est toujours là ! cria-t-il en se tortillant comme un animal piégé.

Les agents le maintenaient fermement, mais ses mots s’enfonçaient dans l’esprit d’Annabelle. Cette phrase… "Il écoute." Ses yeux s'agrandirent de terreur. Les paroles de Victor lui revinrent brusquement à l’esprit, résonnant dans un écho glaçant. Il lui avait dit la même chose. Il y avait quelques jours à peine, dans cet échange étrange où il l’avait mise en garde d’une présence invisible, "Fais attention, il écoute."

Son souffle s'accéléra alors que les policiers traînaient l’ancien étudiant plus loin dans le couloir. Annabelle était figée sur place, le cœur battant la chamade, ses pensées embrouillées. Qui était-il, celui qui "écoute" ? Et comment Victor et cet étudiant pouvaient-ils faire référence à la même chose ? La coïncidence était trop troublante pour être ignorée.

— Non ! Vous êtes tous en danger ! hurla encore l’étudiant, sa voix déchirante perçant à travers les murs.

Annabelle observa en silence la scène se dérouler sous ses yeux. Une fois l’agitation passée, elle resta là, immobile, réfléchissant à ce qu’elle venait d’entendre. Quel lien pouvait bien exister entre cette attaque contre Malric et ce mystérieux "il" qui semble tout entendre ?

Un bruit de pas interrompit ses pensées. Elle se retourna brusquement pour voir Lisa s'approcher, visiblement intriguée.

— Ça va, Annabelle ? lui demanda Lisa, fronçant les sourcils en voyant son air pâle.

Annabelle hocha lentement la tête, tentant de reprendre ses esprits.

— Oui… je... je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, murmura-t-elle.

Lisa posa une main sur son épaule, rassurante.

— Ne te fais pas trop de soucis, dit-elle. Cet étudiant doit juste avoir perdu la tête. On en saura peut-être plus quand la police aura parlé avec le directeur.

Mais Annabelle n'était pas convaincue. Elle sentait que quelque chose de bien plus sombre se tramait derrière cette façade. Elle devait savoir ce que Victor voulait dire par ces mots énigmatiques. Pourquoi l’avait-il avertie ?

Annabelle reprit sa marche, l’esprit tourmenté. Il était temps qu’elle tire cette affaire au clair. Mais comment ? Ses pensées se bousculaient, un mélange de peur, d'inquiétude et de curiosité insatiable. Les secrets de l’université de Tepropra commençaient à se dévoiler, et elle n’était pas certaine de vouloir connaître toutes les réponses. Mais une chose était certaine : quelqu'un ou quelque chose les observait, et elle devait découvrir qui ou quoi "écoutait".