Fyctia

Toute la journée, Jérémy avait évité Léo. Il s'était concentré sur chaque détail de son emploi du temps pour éviter de croiser son regard, évitant même les couloirs où il savait que Léo traînait souvent. Mais malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à chasser les souvenirs de la veille de son esprit. Il repensait encore et encore à ce moment. Lorsque Léo l'avait serré dans ses bras, ce sentiment de chaleur et de protection l’avait complètement bouleversé. La caresse douce dans ses cheveux, ce simple geste, avait fait naître une émotion qu’il ne comprenait pas et qui le terrifiait.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi je réagis comme ça ? se demandait-il sans cesse. Il avait peur de ses propres sentiments et encore plus de la manière dont Léo pourrait maintenant le percevoir. Le fait de ne pas comprendre ce qu'il ressentait, ni pourquoi cela le hantait autant, l’empêchait de se concentrer, de penser clairement. L’image de Léo le serrant dans ses bras, de ses doigts caressant doucement ses cheveux, flottait dans son esprit, refusant de disparaître.

Pourquoi est-ce que j’ai demandé ça ? se répétait-il, hanté par ce moment de vulnérabilité. Le réconfort qu’il avait ressenti dans les bras de Léo l’avait chamboulé, bien plus qu’il ne voulait l’admettre. Ce n’était pas juste la tendresse physique, c’était ce qu’il avait commencé à éprouver, cette chaleur au creux de son ventre, cet apaisement troublant. Il avait peur de ce que cela signifiait, de ce que cela disait sur lui, sur ses sentiments pour Léo.

Il se glissa furtivement dans un autre couloir, espérant échapper une nouvelle fois à Léo. Mais il n’avait pas anticipé que ce dernier serait aussi persistant. En tournant le coin, il sentit une main l'attraper doucement par le poignet, le tirant hors de son échappatoire. Le cœur de Jérémy fit un bond dans sa poitrine. Léo se tenait là, juste devant lui, le fixant de son regard perçant.

— Pourquoi tu m’évites, Jérémy ? demanda Léo, la voix douce mais ferme.

Jérémy ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit. Son esprit se brouillait, cherchant désespérément une excuse crédible, mais rien ne semblait approprié. Léo n'était pas du genre à se laisser duper facilement.

— C’est à cause d’hier soir, n’est-ce pas ? continua Léo, ses yeux sondant ceux de Jérémy.

Les joues de Jérémy s’empourprèrent instantanément. Il détourna le regard, le cœur battant à tout rompre. Il ne savait pas quoi dire. Il avait l’impression que ses émotions, ses pensées, tout en lui se bousculait sans aucun ordre, sans aucune logique.

— J-je… Je ne sais pas…, balbutia-t-il, sa voix à peine audible.

Léo le regarda un instant en silence, puis il fit un pas vers lui, réduisant la distance qui les séparait. Sa présence était rassurante, mais elle mettait aussi Jérémy dans un état de confusion totale. Comment pouvait-il rester si calme alors que son propre cœur menaçait d'exploser ?

— Écoute, si c’était à refaire… je le referais sans hésiter, déclara Léo, sa voix empreinte d’une assurance tranquille. Si ça t’a aidé hier soir, alors je recommencerais. Et si ça te met dans cet état… eh bien, je suis là pour en parler.

Les mots de Léo résonnèrent dans l’esprit de Jérémy. Pourquoi était-il aussi compréhensif ? Pourquoi cela semblait-il si facile pour lui alors que Jérémy se sentait totalement dépassé par ses émotions ? Lentement, il releva les yeux pour croiser le regard de Léo, essayant de rassembler assez de courage pour exprimer ce qu'il ressentait.

— Pourquoi… tu as fait ça ? demanda Jérémy d’une voix tremblante. Pourquoi tu m’as serré dans tes bras… pourquoi tu as été… aussi tendre ?

Léo sourit légèrement, mais son regard restait intense.

— Parce que c’est ce que je ressens, répondit-il simplement. J’avais envie de te protéger, de te montrer que je suis là pour toi.

Jérémy sentit sa gorge se nouer. Il baissa les yeux, ses doigts tremblants alors qu'il essayait de trouver les bons mots. Son cœur battait si fort qu'il en avait presque mal. Qu’est-ce que je ressens ?

— Je… je ne sais pas, murmura-t-il, se sentant de plus en plus vulnérable. C’était... bien. Ça m’a fait du bien, mais je… ça m’effraie, Léo. J’ai peur de ce que ça pourrait vouloir dire.

Un silence pesant s’installa entre eux. Jérémy n’osait plus bouger, mais Léo, lui, ne semblait pas déstabilisé. Au contraire, il fit un autre pas en avant, effleurant doucement le bras de Jérémy pour attirer son attention.

— Si ça te fait du bien, alors pourquoi avoir peur ? demanda Léo, presque dans un murmure.

Jérémy qui avais toujours le regard détourner parle d'une voix pas très forte.

— Je… je… moi aussi, je crois que je ressens… quelque chose. Mais… c’est compliqué. Je sais pas ce que ça veut dire… ni ce que je dois faire avec ça.

Jérémy releva enfin les yeux, plongeant dans ceux de Léo. Leurs visages étaient si proches maintenant qu'il pouvait sentir le souffle calme de Léo contre sa peau. Il hésita un instant, mais avant qu'il ne puisse comprendre ce qui se passait vraiment, Léo se pencha doucement et effleura ses lèvres des siennes dans un baiser léger, presque timide.

Quand Léo se recula légèrement, Jérémy ouvrit les yeux, encore troublé, mais étrangement apaisé. Léo le regardait avec ce même sourire tranquille, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait, comme si tout allait bien se passer.

— Je ne veux rien te forcer, murmura Léo. Mais je suis là. Et je continuerai d’être là, peu importe ce que tu ressens.

Jérémy resta silencieux, le cœur encore en ébullition, mais une chose était certaine : ses sentiments pour Léo, aussi confus soient-ils, étaient réels.