Jennifer Desrosiers Elarys Chapitre 10

Chapitre 10

Un énorme 4x4 nous attendait à l’extérieur. William discutait avec le conducteur, accoudé à la fenêtre de la portière, tandis qu’un second soldat quittait la place du passager pour monter à l’arrière du véhicule. Je ramassai mon sac et sortis de la maison à la suite d’Anthony, en prenant soin de fermer la porte derrière moi. Il marcha d’un pas déterminé et s’installa à l’avant.


— On voyage l’un à côté de l’autre, la Tueuse, m’accueillit William en ouvrant la portière arrière.


Un frisson dévala ma colonne vertébrale face à ce surnom, qui déplairait à toute personne douée de bon sens, puis je me souvins que c’était également celui de Buffy. J’avais un gros faible pour les séries du genre. Je redressai le buste, déterminée à ne pas me laisser atteindre, et montai à mon tour dans la voiture. J’attachai ma ceinture et fis de mon mieux pour ignorer William. Je priai pour que le trajet ne soit pas trop long.


— Où allons-nous, Capitaine ? demanda le soldat qui était au volant.

— À Louméac. On emmène Amalie à l’Institut, précisa Anthony en me jetant un petit coup d’œil par-dessus son épaule.


Ainsi, mon allié inattendu n’était pas n’importe quel soldat, ce qui expliquait pourquoi William finissait toujours par courber l’échine lorsqu’ils se disputaient. Cette constatation me fit un bien fou.


Le 4x4 démarra et nous nous éloignâmes de la bâtisse dans un nuage de poussière, mais l’étrange sentiment que j’avais ressenti en visitant les lieux me tiraillait encore. Une part de moi était convaincue que mes parents s’y étaient déjà rendus, alors qu’ils ne cessaient de me répéter qu’ils ne mettaient jamais les pieds à Elarys.


Épuisée après ma crise d’angoisse, je me calai dans le siège, l’appui-tête à la bonne hauteur, et fermai les yeux. Au troisième virage, je dormais.


***


Une secousse me réveilla. Lorsque j’ouvris les yeux, le décor me coupa le souffle. Nous roulions à vive allure le long de la côte. Une plage de sable blanc s’étendait à quelques mètres de nous et une eau turquoise miroitait au loin sous les rayons du soleil qui m’éblouissait. Je n’avais jamais vu la mer, aussi je m’extasiai devant ce sublime panorama . Je ne comprenais pas que la plage soit vide.


Le silence régnait dans l’habitacle. Pas de musique ni de conversation sur la pluie et le beau temps. Mis à part le conducteur, tous avaient le nez dans leur téléphone. J’aurais voulu fouiller dans mon sac pour voir si Anthony avait pensé à y fourrer le mien. Au final, je ne savais pas ce que contenait mon bagage et, bien que je sois curieuse de le découvrir, je n’osais pas bouger, de peur d’entrer en contact avec William. Que son genou me touche me gênait suffisamment.


— On va faire une pause, déclara Anthony tout à coup.

— Merci mon Dieu, s’écria le soldat à ma droite. J’ai le cul engourdi avec toute cette route.


J’entendais sa voix pour la première fois et ne m’attendais pas du tout à ce genre de répliques. Les sourcils arqués, je le jaugeai. Le teint hâlé, des cheveux blonds en bataille, un sourire à tomber. Le surfeur californien dans toute sa splendeur. D’ailleurs, connaissaient-ils la Californie dans ce royaume ? Je me posais de vraies questions existentielles… Quand il s’aperçut que je l’examinais, il m’offrit un clin d’œil.


La voiture s’engagea à droite au carrefour suivant. Mon pouls s’accéléra lorsque je compris qu’on se rapprochait de la plage. Je ne pus m’empêcher de sourire. Ma situation s’avérait aussi pourrie que les pommes du jardin familial que personne ne songeait à ramasser. Je comptais donc profiter de chaque petit moment de répit pour arrêter d’y penser et éprouver autre chose que de l’angoisse et de la peur.


On se gara sur un minuscule parking vide. Les quatre soldats s’éjectèrent de la voiture en deux-deux. Quant à moi, je pris le temps d’éplucher le contenu de mon sac avant de sortir. Anthony avait gardé l’essentiel de ce qui s’y trouvait à la base : produits d’hygiène, fringues, carnet à dessin. Il avait juste retiré tout ce qui était aliments secs et accessoires de camping, pour rajouter plus de vêtements ainsi que mes papiers et mon téléphone.


J’entrai mon code pour le déverrouiller et vérifiai si je n’avais pas eu de message de la part de mes parents, avant de faire le tour de mes différents réseaux. Quelle idée d’en avoir autant ! Je continuai de me plaindre en les contrôlant les uns après les autres quand une pensée me saisit. Comment pouvais-je capter alors que je n’étais plus dans mon monde ? Du moins, le monde des humains. En théorie, le mien devrait être Elarys. Pouvait-on appartenir aux deux ? Mon cerveau allait exploser. Je fourrai mon portable dans ma poche et quittai le confort du véhicule, sans prendre la peine de refermer mon sac.


Anthony et le conducteur se tenaient sur ma gauche, adossés au capot de la voiture, en train de fumer, tandis que les deux autres déambulaient sur le sable en étirant leurs muscles. Je calculai le nombre de pas qui me séparait de l’eau. Je me sentais fébrile rien qu’à l’idée de m’en approcher. Pressée que mon souhait devienne une réalité, je retirai mes chaussures sans défaire mes lacets – ce qui n’aurait pas manqué d’agacer ma mère si elle avait été là – et remontrai mon jean sous mes genoux. Une fois parée, je courus jusqu’aux vagues hypnotiques, qui n’attendaient plus que moi, pour y plonger les pieds.


Un cri de surprise m’échappa quand l’eau glacée entra en contact avec ma peau. Au bout de quelques secondes, je m’y habituai et me mis à rire aux éclats. Mes pieds se baignaient dans la mer ! Ou dans un océan. À moitié aveuglée par les rayons du soleil qui se reflétaient sur la surface, je plissai les yeux pour essayer de voir au loin. Cette magnifique surface cristalline s’étendait à perte de vue. Je me laissai gagner par la légèreté du moment. Les bras tendus, la tête en arrière, je tournai sur soi-même.


— Pourquoi rit-elle comme une idiote ? s’enquit William auprès de son collègue.


Je ne lui prêtai pas attention et sortis mon téléphone pour prendre des photos et des vidéos. Je voyais mes pieds à travers l’eau translucide et le roulis des vagues me berçait. Je restai là jusqu’à ce qu’Anthony vienne me chercher.


— Tu ne serais pas hydromancienne, par hasard ? me demanda-t-il lorsque je l’eus rejoint sur le sable.


Mon cœur rata quelques battements.


— Je ne crois pas, éludai-je. Pourquoi cette question ?

— En grande quantité, l’eau d’Elarys a tendance à nous rendre euphoriques. C’est un excellent indicateur.


Mes lèvres se tordirent face à ce constat.


— Mes parents m’ont toujours dit que je n’avais qu’une seule spécialité majeure.


Je haussai les épaules avant de préciser :


— C’est juste qu’il n’y a que des lacs entourés de montagnes chez moi. Je n’ai jamais vu de mer ni d’océan.


Moins de spécialités tu as, plus tu passes inaperçue, m’avait recommandé mon père à la fin d’un entraînement.


Je comptais bien suivre ses instructions à la lettre.


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6 commentaires

Lexa Reverse

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Il y a 3 ans

petit coup de pouce, Axel.

Geane Casey

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Il y a 3 ans

Elle contrôle les 4 éléments /0\ , c'est sûr. ^^

Darcash

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Il y a 3 ans

Coup de pouce! N'hésite pas à passer sur mon histoire!

Amphitrite

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Il y a 3 ans

Petit coup de pouce.Je reviens te lire en détail car ton histoire m’intrigue.

Elobiblio

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Il y a 3 ans

coup de pouce :p
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