Fyctia
Chapitre 16 - Faye
Je suis devant cette énorme villa blanche, l’allée est parsemée de fleurs bien entretenues, le gazon est vert et frais, le soleil éclaire cette demeure qui parait chaleureuse malgré son aspect très moderne. Je déteste cet endroit. J’inspire et souffle un bon coup pour me donner assez de courage. Je ne sais pas si je dois frapper ou entrer, après tout je n’y suis venue que très peu de fois depuis leur emménagement et ça a largement été suffisant pour ne plus vouloir y revenir. Je ne me sens pas à ma place et je suis déjà mal alaise rien qu’à l’idée de devoir y rester plusieurs heures. Alors je fais la chose qui me parait la plus évidente. Je toque à la porte pour signaler ma présence. À peine deux minutes plus tard, la porte s'ouvre sur une femme élancée perchée sur des hauts talons une silhouette aussi mince que celle des mannequins. Des yeux bleus me scrutent méticuleusement, et je me force à ne pas sourire quand je vois ce visage figé grimacé en observant mon jean large, mes baskets et mon pull en laine qui glisse légèrement sur mon épaule.
— Tu es en retard. Me dit la femme en face de moi en passant légèrement une main sur ses cheveux blonds lâcher.
— Bonjour, Willow. Répondis-je simplement sans relevé ce qu’elle vient de dire.
— Ne m’appelle pas ainsi Faye !
— C’est pourtant ton prénom, il me semble ?
Je crois qu’elle essaye de froncer les sourcils, mais son visage ne bouge presque pas tant, il est tiré. Son chirurgien y est sûrement pour quelque chose.
— Je suis ta mère pas ta copine ou une inconnue ! Claque t’elle durement.
Ah vraiment ? Et depuis, quand ? Ai-je envie de répondre amèrement, mais je me retiens comme toujours.
— Bonjour, mère. Dis-je simplement.
Son visage se desserre quelque peu, et elle se pousse légèrement pour me laisser enfin entrer. Pas de bises, pas de câlins. Nope rien de tout ça ! Cassy Clifford déteste tout geste un peu trop affectueux, encore plus si c’est avec moi. Fut, un temps où le rejet de ma mère me peinait énormément, la petite fille ainsi que l’adolescente ne comprenait pas pourquoi sa mère ne la prenait jamais dans ses bras ou ne lui disait jamais de mots gentils. Puis la jeune femme a compris que la maternité n’était finalement pas faite pour tout le monde. Peu importe combien j’aurais voulu que les choses se passent autrement, le passé ne pourrait être défait et l’avenir ne serait sûrement pas différent. Alors autant l’accepter.
— Papa n’est pas là ?
Ma mère me toise du regard avant de me dépasser en faisant claquer ses talons sur le carrelage brillant.
— Il est avec ta sœur, ils ne vont pas tarder.
Je ferme les yeux en comprenant que je suis seule avec elle ce qui ne m’enchante guère, même si Madi et moi, nous nous tolérons tout juste je préfère encore quand elle et mon père sont présents.
— Tu aurais pu faire un effort sur ta tenue ! Sa voix est teintée de reproches non dissimulés.
Je baisse les yeux sur cette dernière et feins l’innocence quand je demande:
— Qu’est-ce qui ne va pas avec elle ?
Je vois son regard coléreux se poser sûr moi.
— Cesse donc de jouer les idiotes ! Je sais parfaitement pourquoi tu as mis cette immonde tenue ! Tu pensais que j’avais invité mes amis et tu voulais me faire honte en débarquant ainsi ! Je te fais tout le temps honte maman… En jeans ou tiré à quatre épingles, je ne suis jamais assez bien pour toi…
— Non. Je suis juste alaise comme ça. Et il n’y a rien d’honteux à porter un jean. Annonçais-je simplement en haussant les épaules.
Son air outré me ferait presque rire si je ne trouvais pas ces réflexions ridicules.
— Une femme se doit…
— Oui, oui, une femme se doit d’être toujours présentable ! La coupais-je d’un ton las, mais je ne suis pas venu en culotte non plus.
Son visage se ferme elle est en colère et sur le point de répliquer, quand la porte s’ouvre et que des bruits retentissent derrière nous. J’en profite pour m’écarter d’elle et me diriger vers ce salon très luxueux, mais qui manque cruellement d’âme.
— Regardez qui est là ! Viens donc embrasser ton vieux père ! Dit cette voix grave qui est la seule chose qui est un bon souvenir dans cette famille.
— Bonjour, Papa. Je l’étreins rapidement, lui ne refuse pas mon étreinte, mais je n’ose pas le tenir trop longtemps par crainte qu’il me repousse si je dure un peu trop.
Mon père est le seul avec qui je m’entends plutôt bien, nous ne sommes pas énormément proches, mais c’est le seul qui ne m’a jamais rabaissé, insulter ou ignorer. Étant avocat, il passe la majeure partie de son temps au travail, ce qui a fait de lui un parent plutôt absent. Et quand il est là, il ne s’oppose jamais à ma mère, c’est elle qui décide de tout. La seule fois où il l’a fait, c’est quand je l’ai supplier de me laisser partir étudier plutôt que de mettre à exécution le plan de sa femme. Malgré le comportement plus que laxiste de mon père il y a bien une chose qu’il prend très au sérieux et c’est le travail ! Et heureusement pour moi, les études sont en lien direct avec ça. Bien sûr ma mère à tout de suite essayer de lui mettre la pression et de m’empêcher de poursuivre mes études, elle avait des plans pour moi et il était hors de question qu’ils tombent à l’eau ! Mais quand il lui a affirmé que cette décision ne lui appartenait pas et que de toute façon, c’était lui qui financerait mes études, qu’elle n’avait donc pas son mot à dire puisqu’il était celui qui ramenait l’argent. Ça était la première fois où j’ai été vraiment heureuse que le statut de ma mère se retourne enfin contre elle !
— Quand es-tu arrivé ? Me demande alors cet homme qui avoisine sûrement les uns mètres quatre-vingt-cinq, encore bien taillé et conservé pour son âge. Bien sûr toujours dans un costume coûteux.
— Il y a peine quelques minutes.
Il m’offre un sourire chaleureux et me demande de lui raconter ma nouvelle vie à New-York. Je me demande encore comment ma mère et lui peuvent être ensemble, ils sont tellement différents que j’ai souvent eu du mal à comprendre pourquoi mon père avait choisi une femme comme elle. Là où il est discret, simple et plutôt avenant ma mère est extravagante, difficile et aussi froide qu’une porte de prison !
Des bruits de talons résonnent, et une seconde tête blonde apparaît dans le salon.
— Oh, tu es là toi. Dit ma sœur de sa voix cristalline, j’avais oublié que tu venais.
Son faux sourire me fait comprendre que malgré les mois qui se sont écoulés sans se voir, ma présence ne lui a pas manqué plus que ça.
J’ai subitement envie de crier qu’elles aussi ne m’ont pas manquer ! Que d’être ici est une véritable torture que je suis obligé de subir. Et que leurs mépris à mon égard ne me touche plus ! Mais c’est faux… J’ai dit que j’avais appris à accepter la situation. Mais je n’ai jamais dit que ça ne faisait pas encore mal pour autant.
J’ai simplement étouffé ma peine, et maquiller mes cris de désespoir. Mais dans chacun de mes sourires résident les méandres de tous les moments où mon cœur s’est fracturé un peu plus chaque jour...
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isabellemartinez
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Il y a 2 ans
Judith | Équipe Fyctia
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Il y a 2 ans
Nanouad
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User257490
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Océane03
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Nanouad
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Il y a 2 ans