Fyctia
Chapitre 18.2
Ma mère finit par nous rejoindre. Une heure plus tard, nous nous installons dans un restaurant en bord de mer, sur le port de Sanary-sur-Mer, ce n’est qu’à quarante minutes du circuit alors nous allons profiter du soleil pour manger en terrasse.
— Comment s’est passée ta matinée ? commence ma mère en regardant la carte.
— Je dois bien t’avouer que je suis admirative de ta patience pour apprendre une langue étrangère aux autres. Je suis pratiquement sûre qu’Alex a fait exprès de mal prononcer tout ce que j’essayais de lui apprendre. Un vrai bonheur.
— Puis-je vous proposer quelque chose à boire ? nous interrompt le serveur.
Après manger, nous profitons de la terrasse. C’est très français de rester en terrasse à refaire le monde après avoir terminé son repas. Nous rions aux dernières frasques d’Ella.
— Ivy je t’ai trouvé très proche d’Alex tout à l’heure quand je suis arrivée. Des choses à confesser ? attaque Ella.
— Ah ! Merci je pensais être la seule à l’avoir remarqué, rajoute Victoria.
— J’ai loupé quelque chose ? intervient ma mère.
Je bois une gorgée de mon café en fermant les yeux pour en savourer l’arôme mais aussi gagner un peu de temps. Peine perdue devant leurs regards insistants lorsque mes yeux se rouvrent.
— Rien qui ne vous regarde, je tente.
— Oh tu ne me la feras pas à moi ! s’indigne Ella devant mon refus de parler.
— Il se passe quoi entre Alex et toi ? surenchérit Victoria.
— Absolument rien ! Nous sommes juste amis.
J’implore ma mère en silence avec mon regard de chien battu, mais elle me sourit, se délectant de la scène et je comprends que je vais devoir me débrouiller toute seule. Comment est-ce que je peux leur expliquer quelque chose que je ne comprends pas moi-même ? J’ai juste baissé ma garde pour reprendre une vie normale.
— Vous avez l’air proche, insiste Victoria.
— Oui car nous sommes AMIS !
— Et s’il voulait plus ? reprend Ella.
— Ne sois pas ridicule, tu sais très bien qu’il ne veut rien de plus.
— A l’époque, il était jeune, le défend-elle. Aujourd’hui les choses ont changé.
— Stop ! déclare ma mère. Je suis perdue là. Tu as déclaré ta flamme à Alexander il y a six ans ?
— Déclarer sa flamme ne se dit plus depuis le début des années 90 maman, fais un effort tu n’es pas si vieille pourtant !
— Et toi tu n’as pas répondu à ma question !
— Ivy et Alex ont eu une brève aventure, il y a six ans, balance Victoria.
— Victoria ! je m’insurge.
— C’est bon c’est ta mère ! Je suis déjà étonnée qu’elle ne sache rien !
— Bref, il ne se passe rien, j’ajoute une nouvelle fois.
— Très bien, abdique Ella.
— Parfait ! je rajoute.
— Mais j’ai entendu dire que tu l’avais présenté aux trois mousquetaires.
Avoir pensé qu’Ella Cooper abdiquerait… Ce que je peux être naïve parfois.
— Margaret t’a téléphoné ?
— Non Harriet et elle approuve ce choix.
Evidemment Harriet…
— Harriet n’a pas changé, rit ma mère.
— Ce n’est pas à son âge que nous allons la changer, je remarque.
— Alexander en beau-fils serait un bon choix, s’exclame innocemment ma mère en buvant son café.
Je ne réponds pas à cette tentative d’extorsion de confession. Le reste de la journée se passe bien, nous nous promenons dans la ville. Ma mère m’informe que nous dinons avec mon père et Bianca le soir même. Je suis ravie. J’espère juste que la soirée se passera mieux que la dernière fois.
*****
C’est en trainant des pieds que j’arrive au restaurant à l’heure prévue. Pour tout dire, je suis même la première et je poireaute devant. J’ai quitté Alex, Ella et Victoria dans la chambre, ils devaient diner avec Blake et Aaron. Beaucoup plus amusant. Depuis le Canada je me suis beaucoup rapproché de ces derniers, surtout de Blake, il n’est jamais vraiment sérieux et il m’amuse beaucoup. Toujours à faire le pitre avec son appareil photo à la main.
— En avance deux fois dans la même journée, ils ont annoncé la neige en plein mois de juillet ?
Je sursaute en entendant la voix de mon père, j’étais tellement dans mes pensées que je ne les ai pas vu arriver. Je vois Bianca lui taper sur l’épaule suite à sa remarque. Ma mère est avec eux.
— Richard, s’il te plait, elle est là, alors remballe tes remarques, la réprimande ma mère.
— Je la taquine voilà tout.
Si seulement il connaissait ce mot là… Peu importe ce que je fais il aura toujours quelque chose à dire. Je suis en retard ce n’est pas bien, je suis en avance ce n’est pas bien non plus. J’entre dans le restaurant sans décrocher un mot. Il voulait que je sois là ? Me voici. Ma mère comblera la conversation.
Après le repas, je ne suis toujours pas plus loquace. Comme prévu ils ont fait la conversation tous les trois. Je reçois un texto d’Ella avec une photo d’elle, Victoria et les garçons, il est clair que l’ambiance n’est pas la même.
— Ivy ton téléphone !
Je n’ai pas le temps de répondre à Ella que ma mère me rappelle à l’ordre. Chez les Dixon il est interdit d’utiliser son téléphone pendant le repas. Sauf pour le patriarche évidemment. Il faut apparemment être chef d’entreprise pour avoir tous les droits.
— Mais je m’ennuie comme jamais ! je cite en français.
— Ne fais pas l’enfant s’il te plait et tiens-toi bien !
Je me redresse sur ma chaise. Lorsque Louise Dubois demande, on s’exécute. Cette soirée interminable touche enfin à sa fin. Je n’ai qu’une hâte me mettre en pyjama et m’enfoncer dans le lit en écoutant mes amies me débriefer leur soirée. Je serre fort ma mère dans mes bras pour lui souhaiter une bonne nuit, je ne la revois que dimanche. Lorsque je débarque dans la chambre, je trouve Alex assis sur le canapé à pianoter sur son téléphone. Je m’installe à côté de lui et penche la tête en arrière.
— Dure soirée ?
— Interminable, j’espère que la vôtre a été meilleure. Où sont-elles ?
— Dans la chambre, elles t’attendent. Ils ont monté un lit d’appoint.
Je me lève et me dirige vers la chambre, avant de me retourner.
— Merci de t’être occupé d’elles ce soir !
— Ce ne sont pas des enfants Ivy, sourit-il.
— Parfois je me le demande, je souris en retour.
Lorsque je pénètre dans la chambre Ella et Victoria sont déjà sous la couette, des tablettes de chocolats étalées dessus. C’est vraiment les meilleures. Une fois en pyjama, je me glisse à côté d’elles et pose ma tête sur l’épaule d’Ella. Puis Miss pipelette se met à me raconter leur soirée.
— Blake et Aaron sont vraiment trop cools ! J'avais oublié à quel point Blake était mignon !
Je souris.
— Tu devrais coucher avec lui, suggère Victoria.
— Ne dis pas n’importe quoi Vic. Je n’y toucherais pas.
— On en reparlera, sourit-elle.
— Racontez-moi tout en détails, je veux tout savoir n’oubliez rien !
Et voilà, quand elles commencent on ne les arrête plus. Elles me racontent tout de A à Z et moi je souris simplement. Heureuse qu’elles se soient amusées.
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