Fyctia
Chapitre 5
Alexander
Dimanche 08 mai 2022
Miami, Etats-Unis
Ivy est là, je l’ai aperçu en arrivant au garage. Je ne pensais pas la voir sur le circuit aujourd’hui. Elle refuse totalement de me parler. Si l’on ne se fréquente plus c’est totalement de ma faute. Je reconnais avoir été un petit con avec elle. Pour ma défense j’étais jeune bien que cela n’excuse pas tout. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et j’aimerais être là pour elle, l’aider après ce qu’elle a vécu. J’ai réussi à mettre Ella de mon côté lorsque l’on a parlé à Imola. Mais Ivy elle… Elle est têtue ! Alors est-ce que je vais devoir faire le type lourd et insistant pour qu’elle finisse par me reparler ? Je pense qu’il ne me reste que ça comme solution.
— Tout va bien ?
Aaron, me sort de mes pensées. Je lui souris.
— Evidemment ! C’est jour de course !
Le circuit de Miami est inauguré cette année. On l’a testé sur simulateur, pendant les essais et qualifications mais rien ne vaut la course en elle-même. Il est l’heure de rentrer dans ma bulle. Casque sur les oreilles, je lance la playlist « chansons française » que m’avait créé Ivy. C’est mon rituel les dimanches de course. Certains pilotes ont des sous-vêtements porte bonheur, moi tout ce qu’il me faut c’est la playlist dépressive d’une ado de seize ans à fond dans les oreilles. Malgré toutes ces années d’écoute mon niveau en français est toujours proche de zéro. Après l’hymne national, il est temps de s’installer dans la voiture. C’est toujours une préparation, je remonte ma combinaison, enfile ma cagoule, mon casque avec le HANS* et mes gants avant de rentrer dans la voiture. L’adrénaline commence à monter. Souvent les gens me demandent si je n’ai pas peur, si je pense aux conséquences d’un grave accident. Je réponds toujours que le jour où la peur prendra le dessus sur l’adrénaline j’arrêterais, on ne peut consciemment pas conduire à 300km/h et avoir peur de mourir à chaque virage. Il faut être à cent pour cent dans sa conduite. Aujourd’hui je pars en pole position et je compte bien ramener la victoire à mon équipe. Après le tour de préparation tout le monde se place sur sa ligne. A mes côtés en première ligne se trouve Thomas, un pilote français dans la course pour la première place en ce début de championnat. Tous les points comptent les quatre premiers du classement sont proches, j’adore ça, ça me pousse à me dépasser et la compétition me plait. Les yeux rivés sur les lumières, je me prépare. J’accélère lorsque les lumières s’éteignent. Mon départ n’est pas aussi bon que je l’espérait, au premier virage Thomas me dépasse et prend de la vitesse. Je ne peux pas encore activer mon DRS* alors j’accélère et fais tout pour rester à moins d’une seconde de lui. Au bout du vingtième tour, je n’ai toujours pas dépassé Thomas, il se tient à deux secondes devant moi, Marco est juste derrière, mon ingénieur m’informe que mes pneus commencent à rendre l’âme.
— Box, box.
Il me rappelle au stand, je n’ai plus de temps à perdre. Thomas ne s’est pas encore arrêté c’est le moment de tout donner. Mon équipe bat des records pour changer les pneus, et je repars aussitôt. Le reste de la course est rude, je donne tout ce que j’ai pour prendre la première place. C’est le dernier tour, tout va se jouer maintenant ! A l’approche du dernier virage, je tente de doubler par l’intérieur, c’est risqué car je pourrais tout perdre, mais dans la vie il faut oser et ça paie !! Dernière ligne droite côte à côte avec Thomas. Je franchis la ligne d’arrivée un millième de seconde avant lui. Marco est troisième, vingt-cinq points en plus pour moi et quarante pour l’équipe avec ce podium de mon coéquipier. J’arrête ma voiture devant le panneau de la première place et en descends, je félicité Thomas et Marco avant de me rendre aux interviews.
Le « God save the Queen » résonne sur le podium. La foule s’est avancée, je cherche Ivy du regard, mais ne la voit pas, avec le monde qu’il y a, je serais même étonné de l’apercevoir. Je profite à fond de ce moment, même si ce n’est pas mon premier podium, à chaque fois que j’y monte c’est tout comme, et quel kiffe !
Deux heures plus tard me voilà enfin propre, sentir le champagne séché n’est pas mon odeur préférée. Je sors du motorhome et découvre Ivy en train de parler avec Blake. Elle est restée finalement. Je m’approche et dès qu’elle m’aperçoit elle se raidit.
— Hey ça vous dirait d’aller manger un bout ? je tente en arrivant à leur hauteur.
— Non merci, je rentre.
— Oh Ivy ne fait pas ta mamie ! Viens manger avec nous, enchérit Blake.
— C’est gentil mais non, à demain !
Et la voilà déjà partie.
— T’inquiète elle finira par te pardonner le fait que tu sois un con ! rit mon ami.
— Après tout ce temps ? je demande perplexe.
— Le mystère des femmes mon pote ! répond-il en me donnant une claque dans le dos.
Manger fait un bien fou, j’avais vraiment la dalle. Nous avons retrouvé Aaron, dans un steak house de la ville. Nous avons refait ma course, enfin surtout eux, et le planning pour la semaine. Il n’y a pas de course la semaine prochaine mais ça ne veut pas dire que je ne dois pas m’entrainer. Au contraire.
— Parlons d’autre chose ! On va se détendre un peu ! Aaron, nous avons besoin d’aide pour qu’Ivy reparle à Alex !
— Appelles Dean, c’est lui qui la connait le mieux !
— Bien joué Sherlock ! Je n’y avais pas pensé !
Je reste silencieux pendant que Blake fait un facetime avec Dean. Aaron a raison il est surement celui qui la connait le mieux sur ces dernières années. Je lui ai déjà posé des questions sur elle, mais il n’a jamais voulu me répondre, alors j’ai fini par lâcher l’affaire. J’écoute Blake lui expliquer le problème.
— D’après toi pourquoi elle ne veut toujours pas lui parler ?
— Parce que c’est un con ! répond mon ami.
— C’est exactement ce que je lui ai dit !
J’approche mon majeur de l’écran pour qu’il puisse bien en profiter.
— Alex, laisse lui juste du temps ok ? me dit la voix de mon ami sortant du téléphone. Elle sort d’une année compliquée et te revoir après tout ce temps n’a pas dû être simple avec toutes les merdes qu’elle a traversées.
— Je veux juste…
— Je sais, me coupe-t-il. Mais elle est encore fragile alors vas-y doucement, à son rythme. Et sois gentil avec elle sinon je vais être dans l’obligation de venir te casser la gueule même si tu es mon ami !
Je souris à cette réflexion, je n’en doute pas une seconde. Ivy Dixon est peut-être têtue mais je le suis encore plus ! Alors je compte bien la faire céder pour qu’on redevienne amis !
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* HANS : Head And Neck Support sert à maintenir la tête au niveau des épaules lors d'un choc frontal. Grâce à ce dispositif, la tête du pilote et son tronc restent solidaires lors de l'accident.
* DRS : Le DRS est activé lorsque la voiture est à moins d'une seconde de la voiture qui la précède dans une zone prédéterminée sur la piste. Lorsque le pilote active le DRS, un volet sur l'aileron arrière s'ouvre et permet à la voiture d'aller plus rapidement.
12 commentaires
Gabrielle H. Davis
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Il y a 10 mois
GaelleChap
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Il y a 10 mois
M.G. Margerie
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Il y a un an
NC_Azalea
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Il y a un an
Miladie Delvreau
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Marina.auteure
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chiara.frmt
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Carl K. Lawson
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clara_belle
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Il y a un an