Fyctia
9.2 - Lazlo
Je serais un menteur si j’osais dire que je ne l’ai pas fait exprès. Enfin seul, je n’en peux plus, je fonds sur elle et la couvre de baisers. Le contact de nos deux corps m’électrise et fait rapidement monter la température. Je la descends du tabouret et la porte pour l’amener jusque dans ma chambre. Je le dépose précautionneusement sur mon lit, vide mes poches sur ma table de nuit, avant de me repositionner au-dessus d’elle. J’en profite pour humer son odeur qui m’a tant manquée. Elle n’a pas changé de parfum depuis tout ce temps.
— Lazlo, doucement, m’intime ma partenaire en stoppant mon visage dans ses assauts de baisers
Je relève la tête et la regarde, haletant et excité.
— Nous avons convenu d’y aller tranquillement hier, me remémore-t-elle. Se sauter dessus le deuxième soir, ce n’est pas ce que j’appelle aller doucement
Je me redresse et la fixe droit dans les yeux.
— Tu m’as tellement manqué, lui confié-je
— Toi aussi, mais ce n’est pas la meilleure solution pour se retrouver. Laisse-nous du temps s’il te plaît
Je m’écarte d’elle. Mon entrejambe est comprimé dans mon pantalon.
— Je reviens, lui indiqué-je, prenant la direction de ma salle de bain
J’ouvre l’eau, la règle sur un jet froid, et me déshabille avant de me glisser dessous. La pression est telle dans mon membre que la douche glacée ne suffit pas à la faire redescendre. Je dois malheureusement me servir de ma main, comme un collégien prépubère. Je déteste ça. Je grogne quand vient enfin la délivrance, mais celle-ci est mêlée de frustration.
Ce corps que je connais parfaitement, inaccessible et pourtant si près, ça me rend fou.
Je me sèche et retourne dans ma chambre vêtu uniquement de ma serviette autour des hanches.
Lia a un air renfrogné. Mais ça ne l’empêche pas d’écarquiller les yeux quand elle me voit revenir.
— Attention, tu as de la bave qui coule au coin de la bouche, la taquiné-je
Elle secoue la tête, et affiche de nouveau son air sérieux
— Tu as reçu un texto pendant que tu étais sous la douche, me lance-t-elle
C’est ça qui la perturbe ? Je prends mon téléphone et lis le fameux SMS.
— Je lui ai dit non ! Je ne vois pas le problème Lia, m’exaspéré-je
J’ai repoussé à chaque fois les avances de Gaëlle, elle n’arrivera jamais à la cheville de Lia. Il va falloir qu’elle se le rentre dans le crâne.
— Ma douce, l’interpellé-je, en m’asseyant à ses côtés sur le lit. J’ai refusé de prendre un verre avec elle ce soir, et il en sera de même pour tous les autres soirs. Il n’y en a qu’une seule qui compte à mes yeux. Et c’est toi ! Il n’y aura jamais que toi !
— Tu ne sais pas ce qu’elle raconte à votre sujet dans les vestiaires, me confie-t-elle. Elle insinue constamment qu’elle est de plus en plus près de te mettre dans son lit.
— Elle prend ses rêves pour des réalités. Oui, elle est jolie, mais la seule pour qui mon cœur palpite, c’est toi, Lia. Ne tiens pas compte d’un banal texto. Ce serait plus simple si on s’affichait ensemble, au moins elle saurait que je ne suis plus sur le marché
J’espère qu’elle approuvera. J’ai terriblement envie que le monde entier sache que j’ai retrouvé ma moitié.
Je m’allonge sur le matelas et l’attire contre moi, posant sa tête sur mon torse nu. Je l’étreins fort, comme si elle allait disparaître et la rassure en lui chuchotant des mots doux, comme avant.
Je n’ai jamais cessé d’aimer cette femme. Celle que je voulais faire mienne, ce fameux jour où tout a basculé. J’étais prêt à faire ma demande, mais le sort en a décidé autrement. Je me perds dans ce souvenir :
***
Six ans plus tôt
Elle m’a donné rendez-vous dans le square où nous adorons passer du temps tous les deux. Je m’assois sur notre banc en triturant la boîte cachée dans ma poche. Est-ce le bon moment ? Ou pas ?
Je la vois s’approcher, avec la grâce de la danseuse qu’elle est. Elle m’émerveille à chaque fois que je l’aperçois et bon dieu, j’ai tellement hâte de lui poser LA question. Elle prend place à mes côtés, visiblement nerveuse. Elle ne me donne qu’un tout petit baiser en guise de bonjour.
— Écoute, j’ai réfléchi, commence-t-elle
Je n’aime pas ça, mais alors pas du tout.
— J’ai peur de te laisser t’en aller si loin de moi. Tu comprends, on se connait depuis toujours…
Des larmes coulent le long de ses joues et s’entendent dans sa voix.
— Tu vas partir loin de moi, tu auras toutes ses belles femmes qui vont forcément se pavaner à tes pieds… Snif, continue-t-elle avant de renifler bruyamment.
— Il n’y a que toi qui m’intéresses Lia, la rassuré-je en la prenant dans mes bras ça a toujours été toi, et ça le sera toujours
Elle détourne la tête, pour me cacher son expression. Je lui saisis le menton et le fais pivoter pour avoir de nouveau son visage en face.
— De quoi as-tu peur exactement?
— J’ai peur que tu m’en veuilles, avoue-t-elle
— T’en vouloir pour quoi ? Dis-moi?
— Que notre relation te bride, que tu ne vives pas pleinement ton expérience là-bas et que tu reportes la faute sur moi. On est ensemble depuis toujours Lay. Si ton départ te donne l’occasion de tester de nouvelle chose, que la distance diminue tes sentiments et que tu trouves quelqu’un d’autre… Snif…
Elle renifle à nouveau, la voir dans cet état me prend aux tripes. Je sens les larmes poindre au coin de mes yeux.
— Que suggères-tu, pour nous épargner ? lui demandé-je, la boule au ventre
— Une pause ? balance-t-elle du bout des lèvres
— Sérieusement Lia ? Une putain de pause ? m’emporté-je. Tu imagines que sachant que tu es ici, je vais aller sauter toutes les pétasses qui se trouveront sur ma route ? Je pensais que tu avais plus de respect pour nous!
— Justement, saute-les toutes, ces pétasses comme tu dis, et quand tu me reviendras, tu seras sûr de ne pas passer à côté de ta vie
Je la regarde, ahuri. La bouche m’en tombe.
— Et tu ne m’en voudras pas de t’avoir empêché de vivre la tienne, murmure-t-elle si doucement que je l’entends à peine
— D’accord, accepté-je
Elle relève d’un seul coup la tête et je vois les sillons humides sur ses joues se remplir de nouveau.
— On fait une pause, complété-je. De deux ans. Mais lorsque je reviendrai rendre visite à mes parents ici, je veux pouvoir profiter de toi
Elle acquiesce silencieusement et n’ajoute rien de plus.
Je suis venu dans l’optique de la demander en mariage, et je repars en étant célibataire. Karma de merde.
***
— À quoi tu penses ? me tire Lia de mon souvenir
— Je me remémorais cette fameuse après-midi au square, lorsque tu m’as demandé pour faire une pause
— Ah…
Elle se tait et je devine que les larmes ont fait leur apparition car je les sens couler sur ma poitrine où sa tête est toujours posée
— Une belle connerie, hein ? finit-elle par dire
— Non, tu as eu la meilleure idée pour nous, la rassuré-je, convaincu aujourd’hui qu’elle a su prendre la plus difficile des décisions pour notre bien-être à tous les deux. Car maintenant je sais que je ne veux que toi
20 commentaires
Roselyne Simone Paquier
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Il y a 3 ans
Eva_dk
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Il y a 5 ans
Charlie L
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Il y a 5 ans
Laure Ardric
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Sand Canavaggia
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Charlie L
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Il y a 5 ans
Elo François
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Charlie L
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Il y a 5 ans