Fyctia
8.2 - Eliora
Je me prépare pour me rendre au théâtre, la tête enfarinée. Je m’habille toujours sobrement, de toute façon, d’ici une heure, les vêtements de danse seront de rigueur donc pas besoin de faire de chichi. La chose qui me perturbe pour le moment, c’est ce que je vais faire vis-à-vis de Lay. Et si pour une fois, je le surprenais. J’aime beaucoup cette idée. Et avec cette pensée à l’esprit, je pars au travail, plus guillerette qu’à l’accoutumée.
En arrivant, Al est dehors, il me voit arriver alors qu’il discute avec un homme de dos qui porte une casquette sur la tête. Je reconnais immédiatement, Lay, et mon cœur s’emballe. Al me fait signe tandis que je m’approche d’eux. Il me claque une bise pour me dire bonjour et lorsque je me tourne vers Lay pour le saluer à son tour, je remarque l’expression pleine de désir dans ses yeux. Je lui rends son regard et l’embrasse furtivement sur les lèvres. Son attitude change, et une moue satisfaite se dessine sur son magnifique visage. Il a compris que je l’accepte, et qu’une nouvelle histoire va pouvoir s’écrire pour nous deux.
Je dois avoir les joues en feu car, lorsque je pénètre dans les vestiaires pour me changer, Gaëlle me demande si j’ai couru tellement mes pommettes sont rouges.
— Ne t’inquiète pas pour ça, lui répondis-je. C’est plutôt la chaleur.
Je n’ajoute rien de plus et sors pour rejoindre ma salle. Et quelle ne fut pas ma surprise, que de tomber nez à nez avec Lay, adossé au mur devant le vestiaire.
— Gaëlle ne va pas tarder, lui lancé-je pour le taquiner avant de prendre la direction de ma pièce d’entraînement.
— Ne pars pas si vite, ce n’est pas elle qui m’intéresse là, tout de suite ! m’informe-t-il.
— Ah non ? minaudé-je.
— Non, plutôt la jeune femme qui m’embrasse avant de fuir. Je n’ai pas eu le temps de l’accueillir comme il se doit. J’étais trop étonné de son geste pour réagir sur l’instant, mais je compte bien me rattraper.
Et sur ces belles paroles, il saisit ma nuque et me donne un long baiser dans lequel je me perds. Jusqu’à ce que des murmures derrière nous nous fassent redescendre sur terre et reprendre conscience de l’endroit où nous nous trouvons. Je m’éloigne à regret et lui lance un :
— À plus.
Plein de sous-entendus.
J’avoue être sur une autre planète toute la matinée. Et cela se ressent dans ma façon de danser. Mes gestes sont plus subtils, plus gracieux et mon âme communie parfaitement avec la musique sur laquelle nous travaillons. Il s’agit en plus d’un moment fort de la pièce, où les deux protagonistes se déclarent leur passion avant le dénouement final. C’est presque trop représentatif de ma situation actuelle pour que le choix de la scène soit fait au hasard. Mon état d’esprit est clairement romantique. Je comprends qu’Al en ait tiré parti et ça marche. Le résultat le satisfait au vu du sourire qui barre son visage.
— Waouh, me complimente John. Quand je te vois danser comme ça, je suis vraiment sur le cul. Tout ce qui transparaît dans chacun de tes mouvements est d’une telle intensité que je ne sais pas si j’arriverai à être à la hauteur.
— Mais non t’inquiètes, le rassuré-je. Il suffit que l’inspiration soit la bonne et tout est naturel.
— J’aimerais bien. Avoir un feeling comme le tien. Un talent pareil, tu pourrais en faire n’importe quoi.
— Arrête voir ! s’interpose Al. Elle va avoir les chevilles qui enflent avec tous ces compliments.
— Tu ne trouves pas qu’elle était sublime ? s’indigne John.
— Bien sûr, c’était tellement parfait que je me demande si le Jour J, vous réussirez à me refaire la même.
— T’inquiète pas, on est des pros, le rassure John en me serrant contre lui d’un geste fraternel.
— Bon je ne sais pas vous, mais moi je meure de faim, les coupé-je, mon estomac étant l’un des plus importants organes de mon corps et celui que j’écoute le plus.
Nous prenons la direction du restaurant italien dans une rue non loin du théâtre. Al pianote sur son téléphone tout le long alors que John et moi parlons de notre chorégraphie.
— J’ai invité quelqu’un à se joindre à nous, ça ne vous dérange pas j’espère ? nous demande Al.
— Aucun problème. C’est toi le boss ! lance John.
Je me contente d’un signe d’acquiescer. Je n’ai pas le moindre doute sur l’identité de son ami. Je me sens à la fois excitée de le voir et stressée de ne pas me comporter comme il le faudrait.
Nous entrons dans l’établissement, Al passe en premier et nous tiens la porte. Des effluves de pizzas en train de cuire affluent dans mes narines et mon estomac se manifeste bruyamment. Al et John rient de moi.
— Tu es incorrigible, se moque John.
— Je n’y peux rien si j’ai faim, rétorqué-je.
— On le sait. C’est à se demander s’il t’arrive d’être rassasiée, ricane Al.
Je les bourre d’un coup d’épaule, et suis le serveur qui nous guide à notre table. Il nous donne les cartes, annonce le plat du jour et nous laisse le temps de réfléchir en s’éloignant vers un couple assis un peu plus loin.
Je suis en train de scruter le menu. J’hésite entre les lasagnes maison et la pizza à la viande hachée. Je suis tellement concentrée que je n’ai pas vu notre invité approcher.
— Salut la compagnie, lance une voix très familière.
Mon cœur fait aussitôt un bon et je relève la tête rapidement pour voir celui qui s’installe à mes côtés.
Il se tourne vers moi, le sourire aux lèvres, et se penche vers moi pour me poser un délicat baiser sur les lèvres. Je frissonne de plaisir face à cette démonstration de tendresse.
John a des yeux ronds comme des soucoupes.
— Voilà donc la raison de la bonne humeur de ma partenaire depuis ce matin, lance ce dernier.
— Ah bon ? Tu es de bonne humeur ? me demande Lazlo d’un air espiègle.
— Faut croire, minaudé-je en frôlant mon bras de ses doigts.
Ce simple contact le fait frissonner.
Le serveur choisi ce moment pour venir prendre les commandes. En attendant nos plats, John et Al nous bombardent de questions. Surtout John, car Al lui connait le précédent de notre histoire.
Je ne sais pas si on est de nouveau en couple, je n’ai pas envie de précipiter les choses et de les catégoriser.
Le repas se passe dans une ambiance détendue une fois l’interrogatoire terminé. C’est délicieux, mais je sens que je vais regretter l’énorme portion de lasagnes que je viens de manger lorsque nous allons nous remettre au travail.
— C’est quoi ce sourire niais ? demande Al à Lay.
— Je me disais qu’une sieste bien accompagnée serait la bienvenue après avoir englouti ma pizza que de retourner danser, avoue-t-il en toute franchise.
Tiens, on a eu la même idée. Je me laisserais bien tenter.
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