Charlie L Donne moi des ailes ! 7.1 - Lazlo

7.1 - Lazlo


Plus qu’une demi-heure avant qu’elle n’arrive. Mais pourquoi lui ai-je donné rendez-vous chez moi, je suis vraiment maso on dirait ? Al vient de me prévenir qu’il allait boire un coup avec John et ne rentrerait pas tout de suite. Je n’arrive pas à savoir si je suis content ou pas. Je sais que cette soirée marque un véritable tournant dans ma relation avec Lia, même si je peine à comprendre les raisons d’un revirement si soudain dans son attitude. Soit elle est prête à me donner une nouvelle chance, soit elle me sort définitivement de sa vie. Si c’était le cas, pourquoi voudrait-elle qu’on dîne ensemble ? Non il faut que j’arrête de cogiter.


De mon côté, j’ai sorti le grand jeu. Je lui ai préparé son plat préféré, des spaghettis bolognaises, acheté des pivoines, ses fleurs favorites et le plus important, j’ai mis une des chemisettes qu’elle m’avait achetées et dans laquelle je rentre encore. Si mes efforts ne payent pas, de ce côté-là, je ne pourrai rien faire de plus.

Je passe rapidement l’aspirateur, et je vérifie que tout est bon : aucune chaussure au milieu du passage, pas de fringue qui traîne sur le canapé, le feu sous la sauce est coupé, les glaçons sont prêts… Je jette un dernier regard dans le miroir et passe une main dans mes cheveux. C’est ce moment précis qu’elle choisit pour se manifester. La sonnette fait bondir mon cœur. J’ai l’impression d’avoir de nouveau quinze ans alors que je voulais que ma meilleure amie devienne aussi la femme de ma vie.


Après avoir ouvert la porte, je la regarde et la détaille de la tête aux pieds. Elle porte une chemise bleu pétrole ouverte aux trois quarts, révélant un top blanc qui met parfaitement sa poitrine en valeur. Un jeans délavé et une paire de talons compensés viennent parfaire son look à la fois féminin et décontracté.

Je dois faire une tête de dessin animé, celle où le menton touche le sol et que les yeux sortent des orbites.

— Euh… salut, commence-t-elle. Tu ne me laisses pas entrer ?

Quel goujat ! Je suis tellement subjugué par son aura que j’en oublie les bonnes manières. La voir là, devant moi, est juste surréaliste.

Je m’écarte de l’embrasure de la porte et l’invite dans mon humble demeure d’un geste théâtrale.

— Je t’en prie. Je te débarrasse de tes affaires ? m’enquis-je, histoire de me donner une contenance.

Ma question est idiote, on est en plein été, elle n’a pas de veste, je pourrais la débarrasser de quoi ? De tous ses vêtements ? Non, mais sérieusement, il faut que je me ressaisisse. J’ai l’impression d’être un véritable adolescent boutonneux.

— Viens t’asseoir, je peux te proposer quelque chose à boire ? J’ai de quoi faire des mojitos, sinon apéritifs plus traditionnels comme du Martini ou un verre de vin blanc.

— Un mojito, ce serait parfait.

Je la connais par cœur. J’aimerais déjà commencer à marquer des points. Mais je sens bien que l’atmosphère de la pièce est des plus tendues. J’espère que cela va s’estomper rapidement.

— C’est parti pour deux mojitos alors, déclaré-je en m’éloignant en direction de la cuisine.

Je la vois sourire de toutes ses dents quand je reviens avec nos cocktails.

— Et voilà, dis-je en lui tendant son verre.

Elle boit une gorgée puis sourit.

— Toujours aussi bon, me complimente-t-elle.

Je suis heureux qu’elle s’en souvienne. Notre boisson préférée, que l’on dégustait toute l’année. C’était devenu ma marque de fabrique auprès de nos amis. Enfin, c’était surtout le bon vieux temps.

— Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis à mon sujet ? demandé-je, mettant les deux pieds dans le plat d’entrée de jeu.

Elle me regarde du coin des yeux, surprise par ma question, peut-être un peu trop direct.

— Euh, d’accord, si tu veux commencer par ça, allons-y avec les vérités, répond-elle, presque exaspérée.

Elle reprend une gorgée de sa boisson et mange un petit morceau de chou-fleur trempé dans la sauce au yaourt qu’elle tient dans sa main.

— J’ai été un peu dure avec toi, je voulais qu’on essaye d’avoir une relation plus saine. Ne te méprends pas, continue-t-elle, le problème vient de moi, mais j’ai envie d’arranger les choses.

— Tu m’en vois le premier ravi.

— Je ne dis pas que nous serons amis comme avant, juste que pour mon bien-être personnel, j’ai besoin de te pardonner pour avancer.

OK, là je n’ai pas tout suivi.

— Si je comprends bien, tu n’attends rien de moi ?

— Pas exactement, j’ai besoin de pouvoir te faire face comme n’importe quelle autre personne. Et non pas de te fuir. Voilà, c’est exactement ça, je ne veux plus te fuir.

— Tu voudrais de nouveau de moi dans ta vie ?

Je sais que ma question est très intrusive, mais, là, tout de suite, j’ai besoin de savoir.

— Non.

Et le verdict est sans appel. J’ai l’impression que le ciel vient de me tomber sur la tête.

— Tu vas forcément être présent dans les prochains mois, avec le spectacle et tout le temps où on est amené à se côtoyer, en revanche je refuse de souffrir une nouvelle fois quand tu seras parti.

Sa logique n’est pas fausse, après ce que je lui ai fait vivre, par contre je ne compte pas la laisser sur le bord de la route. Elle m’a trop manqué.

— Bon, parlons d’autre chose maintenant que nous avons ôté cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Qu’est-ce que tu as fait ces dernières années ?

Elle paraît surprise par mon changement brutal de sujet. j’observe un coin de ses lèvres se soulever et elle m’explique :

— J’ai réussi à décrocher des petits rôles dans des ballets, tu sais que ce n’est pas ce que je préfère. J’ai donné aussi quelques cours particuliers à des fillettes désireuses de devenir danseuses, mais dont les parents n’avaient pas forcément les moyens pour leur payer l’école de danse. Et puis des petits boulots, il faut bien régler les factures à la fin du mois.

— Je ne savais pas.

— Comment tu aurais pu ?

— J’avais quelques nouvelles par mes parents, tu sais. Et ils m’en donnaient systématiquement de ta famille.

— Oui, la seule différence c’est que je suis indépendante aujourd’hui et mes parents ne sont pas au courant de tout, Dieu merci.

— Intéressant, dis-moi.

Gurgle

— Il y en a un qui a faim, souris-je en entendant son ventre gargouiller.

Sans attendre sa réponse, je me lève et me dirige vers la cuisine pour mettre à réchauffer le plat.

— Je te propose que l’on passe à table, l’invité-je à venir.

— Avec plaisir, qu’est-ce que tu as fait de bon ?

— Surprise.

— Je peux lancer les paris ?


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32 commentaires

Roselyne Simone Paquier

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Il y a 3 ans

oh mon dieu mais en plus il cuisine pour toi si t'en veux pas je le veux bien hihi je déconne

Serena Salvatore

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Il y a 5 ans

Toujours aussi embarquée dans leur histoire. On va devoir attendre un peu pour voir une évolution, ils ont déjà pas mal avancer depuis les premières fois. Ils sont trop mignons ahah.

Charlie L

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Il y a 5 ans

Attends de voir la suite. 😈

Laure Ardric

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Il y a 5 ans

Impatient comme un ado le Lazlo!😊

Charlie L

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Il y a 5 ans

Oh oui. Et c'est pas fini

Sand Canavaggia

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Il y a 5 ans

Elle et chou leur relation, j'aime bien ce côté direct, ça évite de s'éterniser sur des mots et maux qui finalement ne sont pas au centre de ton histoire tout en ayant quelques ramifications importantes dans leurs comportements, ceux d'avant et j'imagine dans l'après...

Charlie L

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Il y a 5 ans

ce que j'aime tes commentaires. j'ai l'impression que tu lis mon esprit.

Sam Laurent

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Il y a 5 ans

Moi aussi ce sont les spaghettis bolognaise 😉

Charlie L

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Il y a 5 ans

moi ce sont les pâtes en générales ;)

Sam Laurent

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Il y a 5 ans

Super ce début de repas !
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