Fyctia
6.2 - Eliora
Son éclat de rire me met mal à l’aise.
— Je cherche à établir le contact depuis des semaines alors que tu m’évites. Que me valent tout à coup cet honneur et cet intérêt, Princesse ?
Ouh là… Princesse, c’est le petit surnom qu’il me donnait avant, mais ici, l’emploi est plutôt péjoratif.
— Rien, je me dis qu’on se croise tous les jours, je devrais réussir à être plus adulte vis-à-vis de toi, pour que ce soit plus détendu.
— Ce n’est pas ce que ton comportement laisse à penser. Tu me fuis comme la peste, sans parler de la scène que tu m’as faite au bar l’autre soir…
— Avoue que tu l’as bien cherché quand même.
— C’était il y a cinq ans Lia ! Il y a prescription, non ?
Elle est bien bonne celle-là. En fait, en face de moi, ce n’est plus l’homme que j’ai aimé. Celui-là me prend de haut, comme si tout lui était dû. Mieux vaut arrêter le massacre tout de suite.
— Laisse tomber. Venir te trouver était une très mauvaise idée.
Et sur ces paroles, je tourne les talons et m’en vais.
— Attends, me rappelle Lay alors que je m’apprête à m’engager dans le couloir.
Il me rattrape et me plaque contre le mur.
— Je veux bien qu’on discute, mais te savoir si proche me rend dingue.
Moi aussi, à ce moment précis, je découvre combien il me fait encore de l’effet. J’ai tout à coup une bouffée de chaleur et sa proximité devient étouffante tant j’aurais envie de l’embrasser. Mais je me retiens, je le repousse gentiment et lui propose.
— On se retrouve au café d’à côté, demain soir ?
— Non, chez moi.
Sa remarque m’étonne. Je ne pense pas qu’en étant seule avec lui dans une pièce, j’aurai autant de self-control que dans une salle bondée.
— Al sera là si ça peut te rassurer. Et je ne compte pas te sauter dessus, je sais que tu n’en as pas envie, mais il est vrai que nos échanges me manquent. C’est à cause de moi, mais ça ne m’empêche pas d’éprouver des regrets.
Lui, des regrets ? Et ben si je m’attendais à ça.
— Ça marche, laisse-moi ton adresse, lui indiqué-je en lui tendant mon téléphone.
Il me la note et je remarque le rictus qui apparaît sur son visage.
En reprenant mon appareil, je m’aperçois de ma bourde : j’ai affiché son contact où figure encore son ancien numéro. Il doit imaginer que je n’ai jamais tourné la page. Bravo Lia, tu viens de t’enfoncer un peu plus !
Je le remercie, lui souhaite une bonne fin de journée et rentre chez moi. Je passe toute la soirée à cogiter sur notre rendez-vous du lendemain. Même le sommeil, qui tarde à venir, est lui aussi envahi par Lay.
En me levant, ma tête fait vraiment peur à voir. Je ne peux malheureusement user d’aucun artifice, car les entraînements nous font tellement transpirer que nous serions rapidement poisseuses et cernées comme des pandas. Mais le paraître est l’une des dernières choses qui m’importe dans mon travail.
De mon côté, je n’en ai jamais beaucoup utilisé. Un peu d’eye-liner, de mascara et une touche de rouge sur les lèvres, c’est le maximum que je donne pour les grandes occasions. Tous les autres produits genre fond de teint, blush, ou encore poudre qui vous rendent superficielle et orange — Mon dieu, ce que c’est moche sur certaines —, très peu pour moi. J’aurais l’impression de ressembler à une poupée Barbie.
Au moins, mon job m’évite de me poser trop de questions de ce côté-là.
La journée passe à la vitesse d’un escargot. Je sais que quand on attend impatiemment quelque chose, le temps prend un malin plaisir à s’étirer pour nous rendre chèvre, mais il y a quand même des limites, non ?
J’ai l’impression d’être une ado qui a son premier rencart. Je débloque complètement. Concernant ma concentration du jour, elle est plutôt bonne compte tenu de mon état de nervosité. Il n’y a pas de loupé et mes deux compères, Al et John, sont aussi heureux que moi de boucler une nouvelle chorégraphie.
— On sort fêter ça, Eliora, ça te dit ? me propose John.
— Désolée, j’ai déjà quelque chose de prévu ce soir, demain si tu veux, m’excusé-je.
— Bof, c’est maintenant que j’ai envie de boire un verre.
— Ne tire pas cette tête, se moque Al. Moi je t’accompagne.
Et je le vois m’adresser un clin d’œil. Merde, cela signifie que je serai seule avec Lay. Et je ne peux décemment pas annuler au dernier moment.
J’inspire profondément pour calmer la vague de panique qui m’envahit. Tout va bien se passer.
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Roselyne Simone Paquier
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