Charlie L Donne moi des ailes ! 5.2 - Lazlo

5.2 - Lazlo

Une heure plus tard, je suis transpirant et je retourne vers notre table, histoire de me désaltérer. Elle n’est plus là, et John non plus. Je sais que je n’en ai pas le droit, mais je bouillonne. Comment peut-elle flirter avec un mec sous mon nez ? J’inspire profondément pour me calmer, et je souffle au moment où Lia passe dans mon champ de vision, dansant collée-serrée avec John. Ni une ni deux, sans y réfléchir, je retourne danser et enserre Gaëlle par la taille. La musique se prête à une bachata (1) sensuelle que je prends un malin plaisir à exécuter lorsque mes yeux accrochent ceux de la femme qui hante mes pensées. Elle se détourne vivement, finit le morceau dans les bras de son cavalier en l’entraînant dans une sorte de battle pour m’affronter. Plusieurs autres membres du groupe remarquent notre petit jeu et nous rejoignent. Cependant, même si les chorégraphies attirent les regards des clients du bar qui nous cèdent la piste, je ne vois qu’elle.

La chanson se termine, et elle lâche son partenaire pour prendre la direction des toilettes. C’est ma chance ou jamais. Je remercie Gaëlle d’un baiser sur la joue et pars à la suite de Lia.

Je cours presque et j’arrive au moment où elle passe la porte. Je ne fais pas attention et y entre à mon tour. Trois paires d’yeux me dévisagent sans que je comprenne pourquoi.

— Je pensais que le sigle sur la porte était universel, me gronde-t-elle. Tu ne sais plus lire ? Ici, ce sont les toilettes pour dames ! Pour toi, c’est à côté. Alors, dégage !

Sans un mot, je rebrousse chemin, presque choqué par la virulence du ton qu’elle vient d’employer avec moi, mais au moins, elle m’a adressé la parole.

Au bout de dix bonnes minutes - je n’ai jamais compris pourquoi les nanas y passaient autant de temps - elle ressort enfin sans un regard pour moi. J’attrape son poignet au vol et l’attire pour l’entraîner vers la sortie de secours la plus proche.


— Tu te prends pour qui, crie-t-elle, essayant de dégager son bras de mon emprise.

— Viens avec moi, il faut qu’on parle, lui ordonné-je.

— Je n’ai rien à te dire ! Lâche-moi !


J’ai plus de force qu’elle et j’ai conscience de me comporter comme un homme des cavernes. Je ne veux pas la laisser s’échapper maintenant, alors qu’une opportunité s’offre à moi pour la première fois depuis nos retrouvailles.

Elle continue de protester et ne me rend pas la tâche aisée alors que je l’entraîne vers l’extérieur tant bien que mal. Nous arrivons dans des escaliers de secours. La porte se referme sur nous et claque.

— Bravo, bien joué, me rabroue-t-elle en applaudissant. En plus de ne pas trouver où faire tes besoins, tu m’obliges à te suivre, tu nous coinces dehors au lieu de retourner dans le bar. Merci beaucoup. Je ne pensais pas que tu avais acquis un tel comportement vis à vis des femmes.

— Arrête de faire ta midinette. On va descendre et on repassera par l’entrée en bas, expliqué-je, fier de mon idée, éludant tout le reste surtout sa remarque sur mon attitude dont je suis peu fier.

— Si tu le prends comme ça, j’y vais de ce pas.

Elle descend l’escalier, ce qui peut s’avérer périlleux avec des talons de dix centimètres comme ceux qu’elle porte ce soir.

— Attends ! la retins-je. Je voudrais te parler avant.

— Me parler ? rit-elle mauvaise. Tu aurais pu me parler il y a cinq ans, mais au lieu de ça, tu m’as jetée comme une vieille chaussette.

— Ce n’est pas ce que tu crois  !

— Ah non ? Et qu’est-ce que c’est, alors ? Tu as fui, tu m’as mise à l’écart et tu as disparu à l’autre bout du pays en ne donnant finalement plus aucune nouvelle et ne laissant aucun moyen de te joindre. Comment veux-tu que je réagisse face à une telle lâcheté ?

— Je ne t’ai pas larguée. Nous nous sommes séparés d’un commun accord.

— Pense ce qu'il te plaît. Toi et moi, on n’a plus rien à se dire. Alors, lâche-moi ! Je vais retrouver les autres.

Je ne m’étais pas rendu compte que je tenais toujours son bras. Je le lâche à contrecœur en la suppliant d’un ton pathétique.

— Accorde-moi cinq minutes, et ensuite je te laisserai tranquille.

Elle me toise de haut en bas, et m’adresse un regard qui en dit long.

— Cinq minutes, pas une de plus ! concède-t-elle.

— Ne m’interromps pas, s’il te plaît. J'ai besoin de m’excuser pour ces dernières années. Je comprends que tu m’en veuilles d’avoir disparu, mais te laisser ici m’a déchiré le cœur et je ne supportais pas l’idée que tu refasses ta vie. J’ai commencé à angoisser à chaque message que je recevais de toi. Nous étions les meilleurs amis du monde et je sais que tu m'en aurais parlé si un nouvel homme faisait partie de ta vie. Alors, avant que cette chose n’arrive, j’ai fui. J’ai fermé mes comptes sur les réseaux sociaux, changé de téléphone, d’adresse email et même d’appartement. Seule ma famille était au courant de mes nouvelles coordonnées, et je les ai suppliés de ne pas t’en faire part. Depuis mon retour ici, je m’aperçois que c’était la plus grosse connerie de ma vie. Ton indifférence est bien pire que ce que j’arrive à supporter. Je donnerais n’importe quoi pour remonter le temps et ne pas refaire cette erreur. J’attendrai autant qu’il faut pour que tu me pardonnes.

— La bonne blague, ricane-t-elle. Toi, tu as eu peur ? Quand je t'ai proposé qu’on se sépare, j'imaginais que tu refuserais. Nous aurions réussi dans une relation à distance, mais tu y as vu, je cite, « une opportunité de vivre ta vie pleinement ». Alors je t’ai laissé partir. Avec le secret espoir que tu me reviendrais tôt ou tard. Des expériences, oui j’en ai eues, jamais rien de comparable avec toi. Je n’ai aimé aucun homme depuis toi, j’ai même commencé à les détester, à repousser tous ceux qui osaient m’approcher. Ils n’étaient pas toi. Mais ton silence m’a donné le coup de grâce. Alors je me suis mise à les utiliser pour te gommer de ma mémoire, pour t’oublier, coûte que coûte. Donc si tu penses réapparaître la bouche en cœur et crois que je vais te pardonner, tu te fourres le doigt dans l’œil. Si tu veux pouvoir remonter un peu dans mon estime, lâche-moi la grappe, laisse-moi respirer et ne t’approche plus de moi.

L’entendre me dire ces mots me serre la poitrine. Je la saisis à nouveau par le bras sans lui laisser le temps de réagir et l’attire contre moi dans un baiser passionné. Elle reste statique puis se détend à mon contact. Ma langue part à la recherche de la sienne, malheureusement pour moi, elle riposte et me la mord avant de me gifler. Surpris, je la repousse pour porter ma main à ma joue.

— Tu devrais t’estimer chanceux, lance-t-elle en reprenant sa descente. J’aurais pu frapper plus bas.

Sur ses dernières paroles, elle disparaît, me laissant seul, tel un con.


(1) Danse sur une musique où les paroles sont romantiques, sensuelles et parfois érotiques. Les vers sont poétiquement élaborés, avec des images littéraires raffinées. Les textes sont souvent liés au thème de l'amour (passion, infidélité, tristesse, séparation...)


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41

41 commentaires

Roselyne Simone Paquier

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Il y a 3 ans

bien

Rose Lb

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Il y a 5 ans

LA voilà l'explosion !!! Je la trouve dure quand même, car mordre la langue plus une baffe... Il fait parti des gentils garçons, fais attention quand même ma fille, si tu l'aimes, ne vas pas trops loin non plus...

Charlie L

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Il y a 5 ans

On ne contraint pas. Mais jusqu'ou sont ils capables d'aller ?

Isabelle zaza

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Il y a 5 ans

Ça va pas être aussi facile mon coco Non mais oh !! 😅😅😅

Charlie L

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Il y a 5 ans

il faut lui en faire baver.

Aby Mery

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Il y a 5 ans

Voilà je suis à jour 🤗🤗🤗. Lia a bien raison de ne pas se laisser faire, même si je pense qu'on est loin de tout savoir sur les raisons qui ont poussés Lazlo à agir de la sorte

Charlie L

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Il y a 5 ans

Les réponses se trouvent dans le Chapitre 1. Mais oui, j'expliquerai plus en details plus tard 😉😉😉

Serena Salvatore

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Il y a 5 ans

Génial ! J’adore le duel entre les deux, bien que je trouve Lazlo un peu trop insistant, heureusement que ton héroïne n’est pas du genre à se laisser faire, elle l’a bien remis à sa place ! J’aime ce debut d’explication qui pourra peut être amorcer une réconciliation future :) en tous cas je trouve ça légèrement culotté qu’il soit jaloux de John quand lui dansait de façon endiablé avec Gaëlle ! Je dévore ton histoire ^^

Charlie L

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Il y a 5 ans

Hé oui. faut bien leur donné matière à ce detester.

Charlie L

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Il y a 5 ans

Merci pour ton commentaire qui me daut choud au coeur
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