Fyctia
Chapitre 5.1
De retour au studio, après avoir défait nos bagages, Meg se précipite dans le dressing fraichement rangé pour en ressortir vêtue d’une petite robe noire au décolleté absolument scandaleux qu’elle assortit à des collants résille.
J’opte pour une tenue plus simple, mais efficace : un jean clair, une tunique grise avec un imprimé à carreaux et des escarpins noirs. Une fois coiffée, j’effectue une retouche de mascara et m’admire dans la glace.
— Pas maaaal ! crie Meg après avoir enfilé de longues bottes à lacets. Mais il te manque un petit quelque chose. Attends, ne bouge pas !
Elle extirpe de sa trousse un eyeliner noir. Après s’être amusée sur moi, elle me montre fièrement le résultat.
— Tu vois ! Ça fait ressortir tes yeux !
En me regardant dans le miroir, je dois avouer que le résultat est assez bluffant. D’habitude, je n’en mets pas, mais ce petit trait fin ajoute quelque chose à mon allure.
— Allez, top départ ! C’est l’heure de s’amuser !
Impatiente, elle file ouvrir la porte d’entrée et me fait signe de la suivre.
La soirée des confréries a lieu dans le pavillon Pauley. D’habitude, cet endroit est le lieu de rencontre du club de basket ou encore de l’équipe féminine de volleyball, mais les gradins ont été repliés pour l’occasion et un groupe joue activement sur scène. Je reconnais quelques reprises populaires, mais le reste du répertoire m’est totalement inconnu.
Les confréries ont installé leurs stands sur le terrain. D’un côté de la salle se trouvent les fraternités tandis que les sororités sont à l’opposé. Cette année, près d’une trentaine de confréries sont actives sur le campus, sans compter les dizaines d’associations dont on a pu avoir un aperçu au cours de l’après-midi. En d’autres termes, comme la semaine du rush vient de débuter, Meg et moi risquons d’être confrontées à l’hypocrisie habituelle des maisons aux symboles grecs, bien décidées à attirer de nouvelles recrues parmi les étudiants fraichement arrivés sur le campus.
Même si je ne suis pas particulièrement adepte des grands rassemblements ni des clubs en tout genre, je ne peux honnêtement pas dire que toute cette effervescence n’attise pas ma curiosité. Avec la richesse et la diversité qu’offre le campus, un étudiant qui ose prétendre s’ennuyer au cours de ses années d’études ne peut être qu’un menteur. Le florilège d’activités présentes est le reflet de la qualité et de la réputation de UCLA. Du reste, Meg est fascinée de constater que même le club des sourds-muets a activement recruté pas moins de trois nouveaux membres au cours de l’après-midi.
Au centre de la salle est dressé un gigantesque buffet sur lequel des tonnes de nourriture et de boissons diverses sont disposées. Plusieurs jeunes se contentent uniquement d’une bière ou d’un alcool étrange dont la couleur rose me fait penser à la robe de la blondinette qui s’amuse à former une pyramide de gobelets au centre de l’une des tables.
Meg fonce se servir une bière et avaler quelques chips.
— La musique est vachement bonne, hein ?
Je sursaute. Ethan se tient à côté de moi et me tend un cocktail. Rien qu’à la couleur blanchâtre et à l’odeur exotique, je crois identifier l’un de mes cocktails préférés.
— Piña Colada ?
— Touché. À vrai dire, je l’avais prise pour Meg, mais elle a déjà disparu, donc… Je me suis dit que tu apprécierais.
C’est drôle, j’adore ce cocktail. Je le remercie et commence à siroter ce nectar en me remémorant avec nostalgie le nombre de fois où ma mère en avait préparé à la maison. À chaque fois, elle ne jurait que par la qualité de l’ananas utilisé pour en tirer le meilleur jus. Derrière l’épaule d’Ethan, un inconnu s’amuse en me regardant essuyer sur mes lèvres la goutte qui vient de s’échapper de ma paille.
— Au fait, je te présente Connor.
L’inconnu me tend la main. Je suis impressionnée par sa taille. Ethan semble tout à coup très petit à ses côtés.
— Connor Wright, enchanté. Abbigail, je suppose ?
— Abby…
— Abby, répète-t-il en esquissant un sourire.
— Si je comprends bien, tu as déjà entendu parler de moi, dis-je en mordillant ma paille.
— Un peu, par Ethan. Je sais que ta colocataire lui fait déjà tourner la tête et que tu veux t’inscrire au club de lecture, dit-il en continuant de me sourire.
Je manque de m’étouffer en avalant une gorgée. Pour toute réponse, je lui souris en retour. Les petites ridules qui se dessinent au coin de ses yeux et le léger mouvement de ses lèvres rondes expriment tout l’amusement qu’il a à me regarder.
— Et alors, tu t’intéresses un peu à la littérature ? dis-je embarrassée.
— Ça m’arrive. J’aime lire, donc le club de lecture m’a paru un hobby convenable.
Mes yeux s’écarquillent en le regardant. À en croire sa stature imposante, je l’aurais plus imaginé sportif que littéraire. Il se met à rire, dévoilant une magnifique rangée de dents étincelantes.
— Ok, J’avoue. J’en fais partie depuis un bail déjà. Je te présenterai aux autres à la première réunion. Enfin, si tu veux. Ça te permettra de ne pas te sentir seule au monde, propose-t-il alors que je le remercie d’un timide hochement de tête.
— Et tu connais Ethan depuis longtemps ?
— Depuis trois ans déjà. C’était mon pote de colloc’, jusqu’à ce que j’entre chez les Omega Theta. J’ai emménagé chez eux cette année, ajoute-t-il en réajustant son pull sur ses épaules.
— Ok, dis-je d’un air intéressé. Donc toutes les confréries possèdent leur propre villa sur le campus ?
— En fait, non. Seulement certaines d’entre elles ont cette chance. Les plus anciennes en général. Les maisons des fraternités sont placées à l’ouest du campus, la plupart sur Galey Avenue, et celles des sororités sont à l’est du campus, sur Hilgard Avenue. Les autres confréries ont droit à une adresse postale, mais elles se rencontrent dans un lieu public ou dans un local loué.
Connor me regarde d’un air taquin en souriant.
— Pourquoi, tu aimerais voir ma chambre ?
— Heu, non. Je demandais ça comme ça, dis-je en baissant instinctivement le regard.
Je peux sentir mes joues rougir à vue d’œil. Il redresse mon menton du bout des doigts, me forçant à le regarder dans les yeux. Un frisson me parcourt l’échine au contact de la douceur de ses doigts. Il esquisse à nouveau un petit sourire.
— Et sinon, tu sais quoi ? Tu es adorable quand tu rougis.
Je plonge mon regard dans le sien. Connor semble tout avoir de l’étudiant parfait, avec ses magnifiques cheveux châtains ramenés en arrière. Je suis forcée de reconnaître qu’en plus d’être aimable, c’est quelqu’un de très séduisant.
2 commentaires
eleni
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Il y a 2 ans
Sophie F. Morvant
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Il y a 2 ans