Fyctia

Que sait-elle des vampires ? Non, dans un premier temps, lesquels voudrait-il qu'elle devienne ? Il y a les Lilithsiens qui ont peu de pouvoirs des Dieux, seulement des capacités psychiques comme lire dans les pensées. Arh, une horreur ! Ça déplairait également à son père. Puis, cette espèce a la réputation de devenir fou.

Le mieux pour elle comme pour son père est d'être une Draculienne. Elle en croise souvent dans les couloirs, bien qu'ils soient très peu à avoir maîtrisé la téléportation. Si elle y parvient aussi, elle aura plus de facilité à revenir vers son père ? Puis, le corps reste encore... potable. Son visage ne deviendra pas celui d'un mort. Quant à son besoin nutritionnel... Du sang ? Ce n'est pas grand-chose. Ça la restreint plus dans son choix de nourriture. Il y a même des rumeurs comme quoi des vampires préservant leurs papilles. Ça serait parfait !

Tuer des humains pour sa survie est tout à fait similaire aux abattoirs pour animaux. Ce point-là ne choque en aucun cas Alice, qui trouve ça d’ailleurs plutôt arrangeant d’avoir comme source de nutrition une espèce qui soit en surpopulation. Au fond, ne serait-elle pas une bienfaitrice pour la planète ?

Alors comme ça... Si elle accepte ce marché, elle deviendra forte, rapide et surtout... libre. Cette idée lui plaît, lui faisait naître un petit sourire en coin de lèvre.

- C'est d'accord ! déclare-t-elle, le cœur gonflé d'espoir. Je veux bien être transformée en vampire. En revanche... Je n'attendrais pas cinq ans ! Je veux maintenant !

- Non. Trente ans.

- Vingt-cinq !

- Trente.

- VINGT-CINQ !

- Vingt-neuf ans et demi.

- Tsss. Vingt-six et trois quarts.

- Trente.

- Heeinnn ? Bon, coupons la poire en deux.... Vingt-sept et demi.

- Hm. Soit. Vingt-huit ans.

- Mais !

- C’est ça ou trente.

- Raaah. Marché conclu ! bougonne-t-elle, les bras croisés. Vingt-huit ans et vampire.

Bien que sceptique au sujet de l’âge, Damon est heureux de savoir qu’il n’aura plus peur du temps. Il était tout de même à deux doigts de convoquer Koha pour… Pour pas grand-chose à part s’agacer contre lui. Même étant la personnification du temps, il ne pourrait pas jouer avec. Que se passe-t-il si le vieillissement d’Alice s'était arrêté alors que le reste de l’Univers aurait continué leur vie ? La réponse serait la même qu’à ces questions : que se passe-t-il quand le cœur cesse de battre ? Quand le cerveau cesse de fonctionner ? Quand le sang cesse de couler ? La mort. Il aurait peut-être pu ralentir le temps, voir l’interrompre dans l’univers entier… Mais encore une fois, que serait-il passé dans les zones antimatières ? Alors que Koha est un enfant de Posy, la Matière ?

Beaucoup de questions au sujet de l’univers pourraient être soulevées. Seuls les Êtres Supérieurs pourraient avoir une réponse… Mais seulement après en avoir fait l’expérience.

Il y en a un, parmi les Êtres de l’Ombre, qui voue presque tout son temps à la découverte de théorie pour voyager dans le temps. Auguste Mašinu, le huitième. C’est un être rigide, calculateur, prenant toujours la solution la plus logique, même si cela pourrait en pâtir sur les autres. En plus de toutes ses petites expériences, il apporte son aide à Rău pour la création de portails interdimentionnels, et donc d’ouvrir les portes à un multivers. Ce projet est encore une simple théorie.

Il est, sans aucun doute, un grand mathématicien. Convaincu que ses calculs, aidés de sa logique et son génie, pourront aboutir à une théorie applicable. Il suit de près les recherches des divers mondes dont la science est avancée. Heureusement, son ami Francis Skeeping – septième, le plus créatif – l’aide à bouger et à sortir son nez de son tableau de craie, bien qu’il parle très peu étant sociophobe. Il se montre sous les traits d’un homme Allemand, grand et fin, des cheveux blonds et courts. Et sous ses lunettes noires inutiles, ses yeux sont d’un vert péridot.

*

Nous sommes le samedi 16 juin 1934, date terrestre. Une brunette sautille partout après son pauvre père. L’une est joyeuse, l’autre cherche à se résoudre. Même après la finalisation des termes du marché, Alice n’a pas eu de cesse de supplier son père de la faire transformer sans tarder. À chacun de ses anniversaires, elle en faisait tout un cinéma. Damon a même fini par la fuir dès que le jour-J arrivait. Cette fois-ci est la bonne ! Son vingt-huitième anniversaire est arrivé, elle n’en démordra pas.

Pendant ces trois ans passés, Alice a donné de son mieux dans ses lectures. Elle voulait faire de son mieux, apprendre et comprendre jusqu’à ce que son crâne surchauffe. C’est principalement la géographie qui la captive. Il y a tant de pays sur Terre où elle rêve d’y mettre le pied. En premier temps : Denver en Amérique. Puis elle courra dans les pays d’Asie pour rencontrer un beau Coréen, ou un Japonais… voir un Thaïlandais ! Son cœur fond quand elle voit leur bouille efféminée dans les magazines. Mais en réalité, Alice n’a aucune idée de ce qu’est l’attraction sexuelle, ni même ce qu’est l’amour. Elle ne se soucie pas de ces choses-là, favorisant simplement la satisfaction de les observer.

Pour l’heure, Alice désire plus que tout sentir le soleil réchauffer sa peau pratiquement dépourvue de vitamine D. Ainsi que découvrir toutes ces petites choses que la terre apporte.

En ce 16 juin, nous retrouvons Damon et Alice dans le bureau. La jeune femme pétille d’impatience, peinant à rester bien assise sur sa chaise. Son père est appuyé contre son bureau, face à elle, ses bras croisés sur la poitrine. Il patiente. Le vampire ne va. pas tarder, il en a été convenu. Il est sûrement nerveux. L’idée de condamner sa fille à une vie éternelle le réjoui comme le perturbe. Il aurait préféré trouver une autre solution, mais il n’y en a pas d’autre.

La transformation est simple. Alice doit frôler la mort en la vidant d’une grande quantité de sang, puis il lui sera ingéré le sang du vampire, en l’occurrence Vlad Țepeș. Le sang infecté de ce dernier prendra un certain temps pour circuler dans son corps. Après quelques jours de repos, Alice se réveillera en tant que nouveau-née et devra apprendre à vivre tel quel.

Tout ceci, Alice l’ignore. Son père n’a pas pris le temps de lui en faire part. Par négligence ? ou par appréhension ?

- Bon ! souffle Alice en s’enfonçant dans sa chaise, bras croisés, faisant la lippe. Il arrive quand l’autre qui doit me transformer ?

- Veuillez m’excuser.

La voix de Vlad perce le silence. Il est si discret qu’Alice sursaute, avant de la faire jalouser d’une telle capacité. Le vampire est dans son dos, elle arrive à percevoir cette infime présence. Au moment où elle décide de tourner sa tête, dans l’optique de l’apercevoir, Vlad saisi avec violence sa chevelure ondulé pour lui tordre la tête sur le côté. Sans crier garde, il enfonce ses crocs dans la jugulaire. Sa victime, prise de court, lâche un cri de surprise aigu, puis un deuxième un peu plus grave, réagissant à la douleur de la morsure.