Fyctia

Lorsque l’entrepreneur me salue avant de partir, la maison retrouve son calme. Il ne reste plus qu’à attendre la tombée de la nuit pour allumer ce spectacle. J’installe un petit haut-parleur extérieur et le synchronise avec mon téléphone, prêt à accompagner les lumières de mélodies festives. Tout doit être parfait, à leur image, comme ils l’auraient voulu.

Heureusement, j’avais toujours été attentive aux moindres explications de mon mari. Il y mettait tant de passion que ses paroles semblaient m’imprégner, gravées dans ma mémoire comme une leçon sacrée. Grâce à lui, je peux continuer à faire vivre cette tradition et leur rendre un hommage digne de ce nom.

Le crépuscule approche… Je profite de ces derniers instants pour prendre une douche chaude. L’eau efface un peu ma fatigue, et après m’être séchée, j’enfile un pyjama épais avant de me préparer à sortir à nouveau. Je renfile mes bottes et mon manteau, bien décidée à affronter l’air glacé.

Le cœur battant, je sors de la maison pour rejoindre le bord du chemin, là où la vue est parfaite pour admirer tout le jardin. Lorsque mon téléphone indique dix-huit heures pile, j’inspire profondément et appuie sur le programmateur. Une seconde de silence… Puis, tout s’illumine.

Des lumières jaillissent, s’entrelacent, habillant chaque branche, chaque recoin du jardin. Je laisse échapper un long souffle, comme si mes poumons avaient retenu tout l’air contenu depuis des heures. Mes yeux s’embuent, et mon cœur déborde d’émotions, alors qu’autour de moi, les flocons tournoient dans une danse lente. Je lève les yeux vers le ciel et, dans un murmure, je leur envoie un message, un vœu.

J’espère qu’ils savent à quel point je pense à eux, et combien ils me manquent. Les lumières scintillent tout autour de moi, et au milieu de cette magie, je trouve une part de paix. Juste assez pour continuer à les honorer, encore et encore.

Alors que je m’apprête à rentrer, une porte claque brusquement. Mon estomac se noue. Je me retourne et le vois débouler, rugissant de colère, les guirlandes illuminées donnant presque à son visage des airs démoniaques.

― Vous prenez plaisir à faire du mal aux gens ? hurle-t-il.

― Mais…

― Mais quoi ? Vous ne vous êtes jamais dit que tout ça pouvait faire souffrir les autres ? De quel droit vous permettez-vous de me faire subir ça ? Vous êtes la femme de Satan en personne ou quoi ?

― Hugo…

― Je ne veux rien savoir, bordel ! Foutez-moi tout ça en l’air ou je m’en charge !

Il s’approche de moi, et je sens sa rage, presque palpable, m’envahir. Ses mots me frappent, violents, brisant l’instant précieux que je voulais consacrer à mes souvenirs.

― Vous n’êtes qu’un égoïste ! Un sale nombriliste qui ne pense qu’à lui ! Vous n’aimez pas Noël ? C’est votre problème ! Mais vous n’avez pas le droit de tout gâcher pour les autres ! Vous ne savez rien de ce que tout cela représente pour moi !

― Vous ne savez rien non plus ! Rien du tout ! Crie-t-il.

Nous nous faisons face, si proches que je peux sentir son souffle, chaud et chargé de fureur, sur ma peau glacée. Mes larmes montent, brûlantes, mais je refuse de céder.

― Vous allez… tout enlever. Rapidement. Compris ? me menace-t-il.

― Non ! Tout ça restera ici, à moins que vous ayez une excellente raison de m’obliger à les enlever.

― Ça ne vous regarde pas !

― Alors, allez vous faire voir, Hugo !

Il grogne, ses mâchoires se crispent. Pendant un instant, il semble sur le point de répliquer, mais il recule finalement, me lançant un dernier regard noir avant de disparaître dans la nuit.

La neige continue de tomber, recouvrant doucement ses pas, et malgré la colère qui m’habite, je reste là, immobile, le souffle court, déterminée à ne pas laisser cette confrontation ternir ce moment.