Vana Aim Deux cœurs fracassés pour Noël J-16 avant Noël

J-16 avant Noël

J-16…


Alizée


Après une nuit aussi agitée que les précédentes, je me lève pour raviver la cheminée, désormais complètement éteinte. Je déteste ce froid glacial et envisage sérieusement d’installer un autre système de chauffage pour maintenir une température plus stable. Se réveiller avec seulement quinze degrés chez soi, c’est une torture, et sortir de la couette dans ces conditions relève du supplice.


Une fois les flammes enfin ravivées, je file me préparer un café, attendant que les pièces gagnent quelques degrés avant de prendre une douche. Pas question de me laver dans ce froid glacial, je me transformerais en glaçon, c’est sûr et certain. Mais alors que j’attrape ma tasse, j’aperçois le camion de l’entrepreneur se garer devant la maison.


Je n’ai pas besoin d’un miroir pour deviner que je ne ressemble à rien. J’attrape un élastique autour de mon poignet, remonte mes cheveux en un chignon désordonné, me passe un peu d’eau froide sur le visage à l’évier de la cuisine, et m’essuie rapidement avec un torchon. Une toilette complète devra attendre…


Enroulée dans mon gros plaid, j’ouvre la porte avec un sourire gêné. Je me sens tellement honteuse de l’accueillir dans cet état, car ce n’est pas dans mes habitudes.


― Bonjour, entrez.

― Je vous réveille ?

― Non, j’étais levée. Je ne vous attendais juste pas si tôt.

― Désolé, j’aurais dû prévenir. Mais on annonce de grosses chutes de neige pour la fin de la semaine, alors j’essaie de prendre de l’avance pour satisfaire tout le monde.

― Je comprends, pas de souci. Je vous laisse travailler, je vais me préparer !


Je rajoute une bûche dans la cheminée pour accélérer la montée en température, attrape mes affaires et file dans la salle de bain, où je m’enferme. L’idée d’abandonner le plaid qui me réchauffe les épaules me désole et me déshabiller dans cette fraîcheur me donne immédiatement la chair de poule.


Quand l’eau atteint enfin la bonne température, je me précipite sous le jet bienfaisant, savourant chaque goutte qui réchauffe ma peau glacée. À ce moment précis, je me dis que je ne pourrais jamais quitter cette douche. La pneumonie me guette, j’en suis persuadée. Will aurait tant ri en me voyant dans cet état…


Un sourire étire doucement mes lèvres à cette pensée. Comme j’aimerais les serrer dans mes bras, sentir l’odeur de mon bébé envahir mes sens… Ils me manquent tellement.


Je ne peux m’empêcher de penser à eux, mais bien que la douleur reste vive, je commence doucement à percevoir cette absence avec un peu plus de douceur.


Alors qu’ils envahissent mes pensées, j’attrape une serviette pour me sécher et m’enroule dedans en quittant la douche.


Il me faut plusieurs minutes pour me décider à retirer ce cocon humide et m’habiller, alors que chaque geste me demande une énorme force mentale.


Hier, j’ai installé toutes les illuminations sur le toit grâce à l’échelle escamotable que j’ai achetée. J’ai aussi débroussaillé l’herbe morte pour lisser le terrain et pouvoir poser aujourd’hui les dernières guirlandes. J’espère que cela leur plaira de là-haut, qu’ils seront fiers de moi, qu’ils seront heureux que je perpétue notre tradition, et j’ai hâte de voir le résultat final.


Après avoir brossé mes cheveux et ajouté une touche de maquillage, j’enfile un body pour garder mon dos et mon ventre bien au chaud, un gros pull de Noël, et un jean slim, puis je complète ma tenue avec des chaussettes en laine assorties à mon pull.


Les pulls de Noël faisaient partie de nos traditions. Lors de notre dernier Noël ensemble, nous avions acheté des modèles assortis pour ressembler à ces familles parfaites qu’on voit dans les téléfilms. C’était ridicule, mais c’était nous. Tous les moments heureux sont précieux, car on ne sait jamais quand ils prendront fin…


Une fois prête, je quitte la salle de bain et entame ma journée. J’aère rapidement ma chambre, fais mon lit, puis referme la fenêtre avant que le froid ne s’y installe. Chacun de mes gestes est précis et méthodique, alors que je range quelques affaires, laissant volontairement les portes ouvertes pour permettre à mon robot aspirateur de nettoyer chaque recoin de la maison.


J’enfile ma grosse doudoune, un bonnet bien chaud et mes gants avant de me diriger vers le garage. Là-bas, je prépare tout le nécessaire pour transformer l’extérieur en un spectacle féerique.


Je déverrouille le portail, savourant le grincement familier qui ouvre le passage vers l’extérieur. La fraîcheur mordante me transperce, mais mon excitation prend le dessus.


Je commence par la façade sud, installant les guirlandes lumineuses, les nœuds rouges éclatants et les boules de Noël assorties. Les rares rayons du soleil jouent avec les reflets scintillants des décorations, les rendant spectaculaires, alors que chaque souffle de ma respiration se transforme en volutes de vapeur qui s’élèvent dans l’air glacial.


En décorant les fenêtres avec soin, je me surprends à sourire en me rappelant les Noëls d’autrefois. Will aimait tant encadrer les fenêtres de lumières, et j’imite ses gestes presque instinctivement. Des couronnes somptueuses ornent maintenant chaque ouverture, donnant à mon chalet une allure chaleureuse et accueillante. Les couleurs vives vertes, rouges et blanches habillent la maison, capturant l’esprit des fêtes.


Je place un projecteur au centre du jardin, le dirigeant avec précision pour qu’il inonde la façade de petits flocons. Stella adorait ces flocons. Je me rappelle encore ses rires cristallins et l’émerveillement dans ses grands yeux quand le spectacle prenait vie au crépuscule.


La nostalgie m’envahit, mais je m’accroche à ma tâche, déterminée à honorer ces souvenirs.


Le jardin devient à son tour un tableau enchanteur. Un majestueux renne de Noël trône au centre, encadré par deux immenses bonshommes de neige près du portail. Des cadeaux lumineux décorent harmonieusement l’espace, tandis que des guirlandes bordent la clôture. Chaque détail avait été pensé par mon mari pour envelopper notre foyer d’une magie inoubliable.


L’entrée de la maison constitue la dernière étape de mes préparatifs. Je décore les vieux fauteuils en bois avec de douces peaux synthétiques et de larges nœuds rouges, transformant la terrasse en un havre enchanteur.


Le temps file sans que je m’en rende compte, et chaque geste que j’effectue est chargé d’amour pour les êtres chers que j’ai perdus. À chaque décoration, mes pensées s’envolent vers eux, comme si leur présence me guidait. Je souris parfois, comme si je partageais ces instants avec Will et Stella. Une douce folie, peut-être, mais elle m’apaise.

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5 commentaires

Assmag

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Il y a 11 jours

❤️

Pellecuer

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Il y a 11 jours

Tous les détails précis que donne l'autrice nous plongent encore plus profondément dans l'histoire. Vite vite la suite

franedu30

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Il y a 11 jours

J'attends avec impatiente la réaction d'Hugo

Vana Aim

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Il y a 11 jours

🤗

NICOLAS

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Il y a 11 jours

Oh là là j'imagine déjà la tête d'Hugo quand il va voir la maison d'Alizée. Il va être dans un rage folle. N'est-ce pas à ce moment-là qu'il va mettre les pieds dans le plat en parlant de son mari et son enfant... 😍🫶💕
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