Vana Aim Deux cœurs fracassés pour Noël Suite chapitre 8

Suite chapitre 8

Comme un imbécile, je l’ai laissée souffrir, et elle est morte à cause de moi. Il m’a fallu bien trop de temps pour comprendre, pour ouvrir les yeux. Comment pourrais-je me pardonner toutes ces erreurs ? C’est impossible.


La colère monte en moi alors que je ressasse tout ça, alors que nous avions encore tant de choses à vivre… Je pars sous la douche, espérant apaiser cette tension qui m’envahit. L’eau chaude ruisselle sur ma peau tandis que je m’appuie contre le carrelage froid. Mes mains glissent sur les murs, mes yeux se ferment. Je tente de me recentrer, d’échapper à mes pensées sombres, mais à peine ma nostalgie commence-t-elle à s’estomper que l’image de ma voisine infernale s’impose dans mon esprit. Enfin, pas elle directement, mais son téléphone.


Cette scène est gravée sur ma rétine… quand elle a planté son écran devant mon visage, j’ai aperçu une photo. Elle, un homme, et un bébé. Je comprends que mes premières impressions étaient justes. Elle a une famille, et ils vont probablement la rejoindre bientôt.


Cela signifie que ma solitude est définitivement terminée. Elle n’était qu’une éclaireuse, venue préparer les travaux et aménager avant l’arrivée de toute sa petite troupe. Ils débarqueront sûrement pour passer les fêtes sous la neige, remplis d’enthousiasme. Et je vais devoir supporter cette vie de famille parfaite qui ne fera que me rappeler ce que j’ai perdu, ce que je n’aurai jamais, le bonheur.


Il y a quelques jours, je pensais que ma colère s’apaisait, mais non, pas du tout, au contraire, elle grandit ! Une rage sourde monte en moi, un grondement qui semble venir du fond de mon âme.


Je sors de la douche, plus tendu encore qu’avant. Je m’habille rapidement, avale mon repas à toute vitesse, puis je sors dans le froid. J’attrape ma hache, place une bûche et frappe, encore et encore.


Il est plus de trois heures du matin. Mes muscles brûlent, mais je continue. La douleur physique est mon seul exutoire. En simple t-shirt sous une température glaciale, je transpire à grosses gouttes, alors que les morceaux de bois volent en éclats à mes pieds.


Je retiens mes larmes, les enfermant dans un coin de mon âme, là où elles déchirent mes entrailles. Et alors que mes cris de rage éclatent dans la nuit, je continue de frapper, jusqu’à ce que mes bras ne puissent plus se lever.


Finalement, je lâche ma hache et m’effondre au sol. Les flocons virevoltent autour de moi, se posent sur ma peau brûlante, ignorant mon chaos intérieur. Et peu à peu, je retrouve un semblant de calme. Je me relève, retourne à l’intérieur, reprends une douche rapide, et m’effondre sur mon lit.


À sept heures et demie, le réveil sonne. J’ai trente minutes pour être prêt à partir avec Olivier sur son chantier, à une quarantaine de minutes de route. Je me lève, me fais couler un double expresso et me passe de l’eau sur le visage avant de m’habiller.


Assis sur mon canapé, je savoure ce court répit, pourtant, même là, mes pensées me hantent.

Est-ce que cette douleur s’apaisera un jour ? Pourrai-je me souvenir seulement du meilleur et enfin avancer ?


Je n’en sais rien.


Comment font les autres ? J’ai conscience que je ne suis pas seul à avoir vécu un tel drame. Mais comment surmontent-ils leur douleur ?


En entendant le camion arriver, je pose ma tasse dans l’évier, enfile ma veste et mes boots, puis referme la porte derrière moi.


— Salut, mon pote ! T’as une sale tronche ! Me balance-t-il en guise de bonjour.

— Je ne suis plus très sûr de vouloir t’aider, abruti !

— Arrête de râler, tu vas te filer des rides !

— T’es sûr de vouloir aller sur ce terrain ?

— Allez, monte, on est déjà en retard !


Je m’installe à côté de lui, les lèvres serrées pour ne pas l’étriper sur place. Il connaît mon histoire, et il sait pourquoi je suis comme ça. Pourtant, il insiste, comme s’il ne comprenait pas.


— Raconte.

— Raconter quoi ?

— Pourquoi t’as une tête pareille ?

— Parce que j’ai mal dormi, parce que je repense à l’accident, et parce que je fais encore les mêmes cauchemars…

— Il va falloir que tu l’acceptes un jour ou l’autre. Tu n’y es pour rien.

— C’est pas comme ça que je le vois, et tu le sais très bien. Et puis, je suis sur les nerfs pour plein de raisons…

— Comme quoi ? Un problème avec tes commandes ?

— Non, j’ai expédié les figurines, tout est nickel de ce côté-là.

— Alors le boulot pour la mairie ?

— Un peu, ouais. C’est compliqué à cette période. Et puis…

— Et puis ?

— Je me suis pris la tête avec ma voisine. Elle me gonfle ! Je n’avais pas envie que quelqu’un vienne habiter dans ma rue, voilà tout !

— Sérieusement ? Tu sais que la rue ne t’appartient pas ? Si c’était si important, t’avais qu’à l’acheter.

— T’es con ou quoi ? J’ai pas les moyens !

— Alors voilà. T’as une voisine, elle n’y peut rien à ce qui t’est arrivé. Et franchement, elle a l’air sympa et elle est sacrément canon.

— Oh, c’est vrai, tu es son nouvel ami maintenant ?

— Tu racontes n’importe quoi. Je bosse pour elle, c’est tout. Mais c’est loin d’être un monstre. Je parie même que vous pourriez bien vous entendre.

— Impossible. Et ce sera encore pire quand son mec et son gosse débarqueront.

— Ah, je vois que tu t’es bien renseigné.


Je lui raconte brièvement notre accrochage de la veille et lui décris la photo aperçue sur son téléphone, tout en me mordant la langue pour ne pas exploser. Pendant ce temps, nous continuons notre trajet vers le chantier.


Quand nous arrivons enfin, je ressens un immense soulagement à l’idée de passer à autre chose. La journée s’annonce chargée, et c’est parfait. Mon cerveau n’aura pas le temps de tourner en boucle.


Je me mets à suivre les directives d’Olivier pour lui faciliter le travail. En seulement sept heures, nous refaisons tout le système de plomberie du cellier de son client, démontons un vieux chauffe-eau rongé par la rouille et installons un modèle thermodynamique flambant neuf.


Alors qu’Olivier s’affaire à paramétrer le matériel, je charge les vieilles ferrailles dans le camion avec l’aide du propriétaire, puis m’assois un moment en l’attendant.


Il est seize heures quand nous reprenons la route. J’ai encore une longue soirée devant moi, mais l’idée d’être en repos demain, me fait tenir. Un peu de solitude me fera le plus grand bien.

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4 commentaires

Pellecuer

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Il y a 13 jours

L'autrice décrit bien a quelle point certains drames peuvent totalement détruire des vies.

NICOLAS

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Il y a 13 jours

Vivement la suite 😍🫶💕

SEV13210

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Il y a 13 jours

Oui, on veut connaître la suite 😁😅🥰

Beryl L

-

Il y a 13 jours

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