Fyctia
Fin chapitre 5
Il rigole en jetant un œil autour de lui, observant la maison désormais presque impeccable. Et je sais ce qu’il pense, que je suis une psychorigide du ménage. Il a bien raison, mais c’est moi, tout simplement. Et c’est encore pire depuis leur décès… Avant, je faisais le ménage pour me sentir bien, parce que j’aimais ma maison en ordre, mais depuis qu’ils sont partis, j’ai redoublé d’effort. Cela apaise aussi mon pauvre cerveau. Penser à mes tâches ménagères m’aide à moins penser à leur absence. Mon quotidien est désormais rythmé par ces tâches répétitives, souvent inutiles… Et s’il connaissait ma devise… il me prendrait sûrement pour une folle !
L’avoir à ma table est agréable. Cet homme d’une quarantaine d’années est jovial. Il parle de tout et de rien, fait de l’humour, rigole, et j’essaie de suivre, tant bien que mal. Et ça me change un peu les idées, je dois l’avouer.
— J’ai cru comprendre que votre première rencontre avec mon ami Hugo ne s’est pas très bien passée. Je me trompe ?
— Hum, oui, j’ai eu le malheur de réveiller le Grinch à mon arrivée ici !
— Comment vous l’avez surnommé ? dit-il en rigolant.
— Le Grinch, réponds-je, sérieuse.
— Pourquoi donc ? Il faut absolument que vous me racontiez ce qu’il vous a fait. Je suis vraiment curieux !
Je me lance alors dans le récit de mon premier jour ici, en commençant par ma nuit dans la voiture et mon portail bloqué. Je lui explique ensuite comment Hugo a débarqué ici en pleine crise de colère, avant de me faire une démonstration de sa force titanesque. Et pour finir, je lui parle de la politesse de son cher ami, qui est parti comme un malotru, sans la moindre excuse.
Son ami éclate de rire, et ça a le don d’être contagieux. Je me dis que si ce dernier ne semble pas du tout choqué, c’est que ça doit être habituel.
— Vous savez, il n’a pas toujours été comme ça ! me dit-il, reprenant son sérieux.
— Vous m’en direz tant !
— Non, je suis sérieux ! Vous l’auriez rencontré il y a un peu plus d’un an, vous n’auriez pas connu le même homme.
— Pourquoi donc a-t-il changé ? Si ce n’est pas indiscret…
— C’est à lui qu’il faudra le demander ! S’il savait que je parle de lui et de sa vie, il risquerait de m’arracher la langue ! me répond-il en rigolant.
— Charmant ! Ça donne vraiment envie de le connaître davantage ! dis-je avec ironie.
— C’est un gars bien, je vous l’assure ! C’est un ami dévoué, sur qui on peut vraiment compter ! Un gars bosseur et sérieux ! C’est juste…
Il laisse sa phrase mourir dans un soupir, et je n’insiste pas.
— Merci pour le repas, mais je dois m’y remettre.
— Allez-y.
— Puis-je remettre mes chaussures ? me dit-il en lançant un clin d’œil.
— Oui, soufflé-je en souriant.
Je vais devoir prendre sur moi pendant quelques jours… Mais par pitié, faites qu’il ne me salisse pas tout avec ses allers-retours incessants entre l’extérieur et l’intérieur !
Je m’attaque à débarrasser la table, puis je passe un coup de chiffon sur le plan de travail avant de me lancer dans la vaisselle. Côté pratique, je songe à faire installer un lave-vaisselle à l’emplacement vide près de l’évier. Je n’ai pas souvenir que mon grand-père en ait eu un, mais cet emplacement est parfait pour en intégrer un.
Je n’hésite pas à demander conseil à l’entrepreneur, et après qu’il m’ait dit que les raccordements pouvaient se faire facilement, je m’installe sur le canapé, pendant qu’il commence ses travaux dans la pièce d’à côté. Armée de mon téléphone, je me mets à chercher mon bonheur.
Par chance, je trouve rapidement le lave-vaisselle qu’il me faut. Et au fil de mes recherches, je finis par ajouter à mon panier un aspirateur laveur, dont je rêve depuis bien longtemps. Oui, je l’avoue, posséder de bons outils pour nettoyer ma maison me rend euphorique. Peut-être que je compense… Je n’en sais rien… et je ne veux pas y réfléchir maintenant. Je veux juste profiter de l’euphorie du moment ! Un point c’est tout !
Je valide mon panier, toute contente de moi, tout en essayant de ne pas prêter attention aux allers-retours incessants dans mon dos.
En pensant rangement, une idée me frappe soudainement… Mon grand-père avait une remorque. N’ayant pas eu l’occasion de me rendre du côté nord de la maison depuis mon arrivée, je m’y précipite, espérant qu’elle soit toujours là. Et par chance, je la trouve exactement à l’endroit où je l’espérais. Je la tire de toutes mes forces jusqu’à l’avant de la maison et, une fois arrivée à destination, je bloque les roues en posant un caillou devant chacune d’elles.
J’ouvre ensuite le garage et commence à trier les cartons vides, ainsi que ceux qui ne me servent plus, afin de les entreposer dans la remorque en attendant un futur trajet vers la déchetterie.
Il me faut plus de trois heures pour débarrasser le garage de ces vieux objets sans valeur sentimentale. Je veux conserver uniquement ce qui me tient vraiment à cœur, alors je classe le reste dans des cartons à mettre de côté, en attendant de les ranger ailleurs. La remorque est à moitié pleine, ce qui me permettra d’y ajouter les cartons de mes nouveaux achats dès leur arrivée. Sans oublier les pots de peinture et autres objets obsolètes à la fin de la rénovation, qu’il faudra aussi évacuer. Mais au moins, je sais comment m’en débarrasser pour faire place nette et transformer l’espace en atelier.
Tout cela m’a épuisée, et je n’ai qu’une hâte, prendre une douche ! Mais la maison est encore occupée, alors je profite de ce moment pour voir si la vieille tondeuse autotractée de mon grand-père fonctionne toujours. Je tente de la démarrer, mais rien ne se passe. J’ajoute un peu d’essence grâce au bidon qu’il stockait dans son garage, mais toujours rien. Je tire sur la ficelle de toutes mes forces à plusieurs reprises, mais l’échec est encore au rendez-vous.
Je prends mon téléphone et commence à regarder des tutos, des vidéos… Je tente deux ou trois astuces, mais rien n’y fait. Je m’assois, dos contre le mur, alors que le soleil commence à disparaître derrière la maison, et je me plonge dans des forums, cherchant des explications sur des pannes similaires.
Alors que je suis concentrée sur une vidéo expliquant comment démonter le carburateur, l’entrepreneur sort de la maison, me faisant sursauter !
— Un problème ? me demande-t-il.
— Rien de grave, je finirai bien par trouver… enfin, j’espère…
— Si vous voulez, je jetterai un coup d’œil lorsque je reviendrai !
— Oui, pourquoi pas ! C’est gentil !
— On se voit lundi ?
— Ça marche.
— Ne touchez à rien en attendant, les enduits ont besoin de sécher.
— D’accord. Merci.
— Bonne soirée.
— Bonne soirée à vous aussi.
Je ferme le garage pour clôturer ainsi ma journée.
Je jette un dernier regard à l’objet satanique qui refuse de démarrer, me promettant de mener une guerre acharnée contre lui dès demain. Peu importe le temps que ça me prendra, je réussirai à la faire fonctionner, même si pour cela je dois passer toute la nuit à lire des forums ou à visionner des vidéos.
5 commentaires
Sarael
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Il y a 10 jours
Pellecuer
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Il y a 15 jours
SEV13210
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Il y a 16 jours
Vana Aim
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Il y a 16 jours
NICOLAS
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Il y a 16 jours