Vana Aim Deux cœurs fracassés pour Noël J-19 avant Noël

J-19 avant Noël

J-19…


Hugo


Il est deux heures et demie du matin quand je quitte enfin le hangar, après sept longues heures passées à finaliser le village de Noël, les yeux et le cœur en lambeaux.


J’ai dû installer les dernières guirlandes reçues, monter les nouvelles décorations géantes, puis les placer et les brancher. Comme si l’équipe de la journée n’était pas capable de s’occuper de tout ça, histoire que je ne fasse que les réparations la nuit…


D’après les derniers ragots qui circulent, ils se sont tous mis en tête de soigner le mal par le mal.


Apparemment, me mettre la tronche dans les guirlandes me permettrait de mieux accepter la mort de ma femme. Soigner le mal par le mal… Je devrais peut-être me jeter d’une falaise ? Ils sont vraiment très cons, les pauvres ! Peut-être pensent-ils que je pourrais redevenir l’homme que j’étais avant ? Mais ça ne marche pas comme ça !


Comment expliquer aux gens ce qui se passe dans mon cœur et dans ma tête ? Comment leur dire qu’à la place de mes entrailles, il y a un trou béant ? Pour moi, tout ça est très clair, mais ils ne savent pas à quel point cette souffrance est ravageuse !


Après une lutte acharnée contre moi-même, j’ai fini les tâches qui m’incombaient. Ils ne pourront pas dire que je ne fais pas mon travail. Tout est prêt pour ce soir !


C’est le jour J ! Il va y avoir une grande parade et l’illumination du sapin. Le vin chaud va couler à flot, et toute cette place va être en effervescence. Et dire que je bosse ce soir et que je vais devoir subir ça !


Pitié !


Alors que je remonte mon chemin, quelques flocons commencent à voleter dans le ciel. Mais le froid n’est pas assez intense pour qu’ils puissent tenir pour le moment.


Je passe devant le chalet de la touriste, plongé dans le noir à cette heure tardive, et instinctivement, mes yeux dérivent sur le jardin où je l’ai vue tournoyer il y a quelques jours. J’avoue que son rire avait un peu réchauffé mon cœur, même si je ne l’avouerai jamais à voix haute ! Pourtant, il s’est faufilé dans ce vieux machin que je croyais mort depuis bientôt un an. Ce qui prouve que je suis encore un peu humain…


J’ai vu que mon pote était intervenu sur sa toiture, et je dois dire qu’après quelques heures, elle a meilleure allure. Quelques tuiles changées et un petit coup de nettoyage, ça fait son petit effet. Elle le méritait bien, cette vieille baraque.


Mais, puisqu’elle fait des travaux, je pense qu’elle a oublié l’option de partir d’ici… Dommage. J’ai probablement perdu ma dernière petite parcelle de tranquillité avec elle qui est désormais juste à côté.


Je grogne intérieurement à cette pensée en déverrouillant ma porte.


Mon estomac se rappelle à moi depuis un moment maintenant, alors dès que j’entre, je file vers la cuisine, mets un plat au micro-ondes, puis fonce sous la douche pour me réchauffer et évacuer tout le stress de cette journée.


Chose assez improbable, je me surprends à repenser à la touriste, à me demander ce qu’elle fait de sa vie. Et ça, alors que je suis en train de me savonner ! Je secoue la tête pour arrêter de penser à elle, mais ça ne marche pas… Elle s’infiltre dans ma tête, avec son regard de "tueuse" et sa langue bien pendue ! Je me demande comment Olivier fait pour la supporter toute la journée quand il bosse pour elle.


Depuis qu’elle est arrivée, je n’ai vu sa voiture partir qu’une seule fois, ce qui veut sûrement dire qu’elle ne bosse pas… Je la verrais bien esthéticienne, coiffeuse, ou quelque chose du genre. Elle est toujours impeccable, bien habillée, bien coiffée… Je suppose qu’elle doit faire un boulot typiquement féminin.

Je me passe un jet d’eau froide sur le visage, espérant effacer l’image de la touriste qui m’agace, puis décide d’aller manger un morceau pour changer d’idée.


J’enfile mon bas de jogging, m’installe sur le canapé avec mon assiette et allume la télé.


Il ne me reste plus qu’un plateau à finir avant de tout déposer à la poste demain matin. Ce soir, je peux me permettre un peu de répit. Si je commence à bosser vers onze heures, tout sera terminé avant que je parte travailler, et la commande sera sèche pour demain matin.


Il doit être environ quatre heures quand la fatigue commence à me rattraper, alors j’éteins tout et file me coucher.


Quand j’émerge, trempé de sueur, mon cauchemar me colle encore à la peau, toujours aussi intense et insupportable. Je me lève, asphyxié par la chaleur de ma chambre, et décide de sortir me rafraîchir.


Le froid me mord la peau quand je franchis le seuil de la porte, simplement vêtu de mon bas de jogging. Ma porte donne directement sur la maison voisine, où la touriste s’acharne sur une vieille tondeuse. Je me surprends à sourire, et les minutes qui ont précédé ce spectacle se dissipent lentement dans mon esprit.


Je la regarde tirer sur la corde, espérant un démarrage miraculeux, mais après toutes ces années sans service, ça ne sert à rien. La machine doit être sacrément encrassée, et avec ces herbes mortes qui jonchent le jardin, elle ne va rien couper du tout… Où est son mec ? Elle doit bien avoir quelqu’un dans sa vie, non ? À son âge… Et venir vivre seule ici, en tant que femme… c’est un peu de la folie, non ?


Pris d’une soudaine pitié pour cette pauvre fille, je file m’habiller d’un t-shirt et de mes boots, puis je descends le chemin qui mène jusqu’à chez elle.



— Besoin d’un coup de main ? je l’interpelle.

— Bonjour ! me répond-elle, surprise.

— Vous avez mis de l’essence ?

— Bien sûr ! J’ai dû oublier d’être bête. Et puis, vous n’avez jamais froid à vous trimbaler comme ça ?

— OK, je vois. Vous vous êtes levée du pied gauche, on dirait ! je lui lance avec un sourire en coin.

— Non, pardon ! Je… je suis désolée ! Cette satanée machine m’énerve. Vous n’y êtes pour rien ! Et je crois qu’on a démarré sur de mauvaises bases, vous et moi…

— Vous n’avez pas tort.

— Mais vous ne vous excusez pas ?

— M’excuser de quoi ?

— De m’avoir hurlé dessus le premier jour de mon arrivée, par exemple !

— Techniquement, c’était le deuxième jour… Et si, je suis désolé. Je n’aurais pas dû.

— Bonjour, je suis Alizée ! me dit-elle en me tendant sa petite main.

— Enchanté, moi c’est Hugo, votre voisin ! dis-je en rigolant. Que vous arrive-t-il avec cette tondeuse ?

— Elle ne marche pas. J’ai mis de l’essence, mais je n’arrive pas à la démarrer. D’après mes recherches, ça doit venir du carburateur.

— Effectivement, il doit être bien encrassé. Vous avez des outils ?

— Pas grand-chose, juste ce qu’il reste de mon grand-père.

— Je peux jeter un œil ?


Je me dirige vers le garage ouvert et fouille un peu le petit établi. Après quelques instants, je trouve quelques tournevis qui, je l’espère, feront l’affaire. Je m’assois et commence à démonter la pièce.


— Je reviens dans cinq minutes ! je lui dis.

— Merci pour votre aide.


Tu as aimé ce chapitre ?

5

5 commentaires

Marion Mannoni

-

Il y a 15 jours

allez, je suis revenue pour te soutenir !!!!! bon concours !!!

Vana Aim

-

Il y a 15 jours

Merci beaucoup ❤️❤️❤️

Astrid.D

-

Il y a 15 jours

À jour ☺️

Pellecuer

-

Il y a 15 jours

L'autrice fait bien ressentir ausdi la douleur et la souffrance que peut ressentir un homme.

alexx23

-

Il y a 15 jours

Oh le grinch s’est un peu adouci 😄
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.